La Politique nationale et les tensions au sein de la fédération canadienne
1. La Politique nationale
Comprendre le contexte économique canadien des premières années de la création de la fédération qui mène à la mise en œuvre de la Politique nationale.
La crise économique de 1873
En mai 1873, l’effondrement des bourses et les faillites de banques en Europe et aux États-Unis donnent lieu à la première crise économique d’envergure mondiale. Ce ralentissement économique touche le Québec dès 1874 sous la forme de baisses de prix importantes, ce qui a pour effet d’entrainer une diminution de la production, une augmentation du chômage et de nombreuses faillites.
Même dans les cas où les industries arrivent à poursuivre leur production, leur capacité à vendre leurs produits aux consommateurs est limitée. En effet, depuis la fin du traité de réciprocité avec les États-Unis en 1866, les manufacturiers canadiens ont davantage de difficulté à vendre leurs produits sur le marché américain et la crise de 1873 ne fait qu’accentuer ce problème. Certains producteurs ont même du mal à vendre leur marchandise dans les autres provinces du Canada puisque le développement des infrastructures de transport est alors insuffisant.
L’industrie canadienne fait également face à la concurrence de l'industrie américaine, qui vend un grand nombre de produits à faible coût sur le marché canadien. Les produits canadiens sont souvent plus chers que ceux fabriqués aux États-Unis, et donc moins prisés par les consommateurs.
Les conservateurs de John A. Macdonald et la Politique nationale
En parallèle à la crise économique de 1873, les libéraux gagnent les élections fédérales et forment le gouvernement canadien. Partisans du libre-échange, les libéraux font peu pour enrayer les effets de la crise et ils pratiquent une politique de laisser-faire économique qui n’améliore pas la situation. L’inaction des libéraux leur fait perdre l’appui des électeurs et le soutien du secteur manufacturier de Montréal et Toronto.
L’élection fédérale de 1878 se joue donc sur les enjeux économiques. John A. Macdonald, chef des conservateurs, choisit de se tourner vers le protectionnisme sous l’influence d’importants industriels montréalais. Les conservateurs font campagne en prônant une Politique nationale et remportent haut la main les élections canadiennes.
À l’aide du document 1, détermine l’objectif de la Politique nationale.
Extrait d’un discours prononcé en 1878 par John A. Macdonald, chef de l’opposition à la Chambre des communes du Canada
« [L]a majorité du Canada requiert l’adoption d’une politique nationale qui […] favorisera et encouragera les intérêts agricoles, miniers, manufacturiers et autres du Canada; rendra la prospérité à nos industries qui luttent et souffrent si péniblement, empêchera le Canada d’être un marché à sacrifice, encouragera, développera et activera notre commerce interprovincial […] »
Source : John A. Macdonald, « Budget », 7 mars 1878, cité dans T.J. Richardson et G.B. Bradley (eds.), Débats de la Chambre des communes, vol. IV, Ottawa, Maclean Roger & Co., 1878, p. 854, en ligne sur canadiana.ca. Traduction libre du Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Cahier de traces
Associe les documents 2, 3 et 4 au bon énoncé.
- Le gouvernement prend des mesures pour stimuler l’immigration sur les terres de l’Ouest (Manitoba, Nord-Ouest et Colombie-Britannique).
- Le gouvernement canadien finance la construction d’un chemin de fer transcontinental.
- Le gouvernement impose des droits de douane pour accroitre les revenus de l’État et pour aider au développement des industries.
Extrait d’une allocution de John Campbell, gouverneur général du Canada, s’adressant aux membres du Parlement canadien en 1879
« Le réajustement du tarif [douanier à la hausse] que vous avez fait pendant cette session aura j'en ai la confiance, pour effet d'augmenter le revenu [de l’État] et de rétablir l'équilibre entre les recettes et les dépenses, en même temps qu’il aidera au développement de nos diverses industries et tendra à faire cesser la longue dépression financière et commerciale qui a si grandement retardé les progrès du Canada. »
Source : Auteur inconnu, « Prorogation du parlement fédéral », Le Nord, 21 mai 1879, p. 1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082822.
Extrait d’un article de journal publié en 1890
« Le ministre de l'agriculture [...] a décidé d'accorder un bonus aux immigrants qui viendront s'établir sur les terres du Manitoba, du Nord-Ouest et de la Colombie-Britannique, dans le but de stimuler l'immigration dans ces provinces. Ce bonus est payable aussitôt que le colon étranger sera fixé sur la terre qu'il aura choisie. Chaque adulte de la famille recevra une somme de 15 dollars; les enfants de 12 ans et plus auront 7,50 dollars, [...]. »
Source : Auteur inconnu, « Sans titre », Le Courrier du Canada, 13 novembre 1890, p. 1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082593.
Extrait d’un article de journal publié en 1882
« [Le ministre des Chemins de fer et canaux] Sir Charles Tupper a cité force chiffres et démontré tout le progrès opéré depuis un an dans la construction de notre grande voie transcontinentale. Jusqu’à présent le gouvernement a payé à la compagnie du Pacifique $1 610 000 en argent et lui a donné des terres valant un montant égal à cette somme. »
Source : Auteur inconnu, « Lettre de la capitale », La Feuille d’érable, 22 avril 1882, p. 1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000052911.