ZONE X

L'énergie nucléaire 

L'énergie nucléaire a d'abord été vue comme une façon sûre et extraordinaire de produire une énergie propre, nous permettant de produire plus de courant sans pour autant produire la pollution chimique liée à la combustions des combustibles fossiles comme le charbon ou le gaz naturel. En effet, elle a produit à elle seule plus de 2,5 millions de GWh dans le monde en 2018 selon l'Agence internationale de l'énergie. En 2017, l'énergie nucléaire représentait 58% de la production d'énergie en Ontario. Si nos voisins canadiens ont fait ce choix, c'est entre autres pour compenser l'utilisation du charbon qu'ils ont abandonnée dès 2014 et qui représentait 19% de leur production d'énergie en 2005. 39% de l'énergie du Nouveau-Brunswick provient de l'énergie nucléaire. Pourtant, certains voient en cette source d'énergie une source de contamination liée aux déchets radioactifs, mais aussi une source de danger pour la population. 

Pourquoi voit-on les centrales comme étant un danger ? Possiblement à cause de deux catastrophes qui ont marqué l'imaginaire et fait trembler le monde. 


TCHERNOBYL, Ukraine - 1986

Le premier a eu lieu dans la centrale de Tchernobyl en Ukraine, le 26 avril 1986. Lors d'un test sur le réacteur numéro 4, celui-ci explose exposant son cœur et dégageant des poussières radioactives sur une partie de l'Europe d'environ 400 fois plus élévées que celles libérées par la bombe nucléaire larguées sur Hiroshima en 1945. Après l'explosion du réacteur, ce sont d'abord les pompiers qui se sont présentés sur les lieux pour éteindre l'incendie. Ceux-ci ont été durement touchés par l'ennemi invisible puisqu'ils se sont retrouvés parmi les débris radiactifs du réacteur. Face au drame, une première dans l'histoire de l'humanité, les autorités ont tenté d'étouffer le réacteur en larguant par hélicoptère des milliers de tonnes de sable, d'argile, de plomb, de bore, de borax, de dolomite, exposant à leur tour les courageux pilotes à d'importantes doses de radiation. 

Vint ensuite le grand nettoyage ayant pour but de regrouper les débris radiactifs en un endroit confiné afin de réduire les radiations. Ce nettoyage a d'abord été confié à des robots. Malheureusement, ces derniers sont rapidement tombés en panne à cause des radiations. On a donc du faire appel à des ouvriers qu'on appellera liquidateurs afin de nettoyer les débris restants. Les liquidateurs devaient travailler dans les zones hautement radioactives pendant une période totale de 90 secondes seulement. La plupart des liquidateurs mourront dans les années suivantes de maladies causées par leur exposition à ces radiations. 

Ce ne sont pourtant pas les plus grands héros de cette catastrophe. Pour éviter que la dalle sous la centrale ne fonde sous la chaleur de l'incendie, on envoie des mineurs creuser sous le réacteur pour y installer un système de refroidissement. C'est dans des températures inhumaines et sans ventilateurs, pour éviter de soulever des poussières radioactives, que ces hommes creusent sous la dalle du réacteur. Le système ne sera jamais installé. 

Pour éviter une explosion encore plus importante, il faut fermer manuellement des soupapes dans des couloirs inondés sous la centrale. Trois hommes, Alexei Ananenko, Valeri Bezpalov et Boris Baranov, plongent dans les eaux fortement radioactives, dans le noir, pour ouvrir les vannes d'évacuation. Tous ces gens ont fait preuve d'un héroïsme incroyable pour mettre un terme à une catastrophe qui aurait  pu avoir des répercussions bien pires encore.
Aujourd'hui, la zone d'exclusion qui a été établie autour de la centrale de Tchernobyl est encore interdite aux humains, mais la vie commence à reprendre le dessus. Des ours, des bisons, des cigognes, des aigles ont été aperçus dans la zone d'exclusion.  S'il faut retenir un peu de positif de cette grande catastrophe, c'est certainement lié à la mise en place de mesures de sécurité supplémentaires. Les experts à travers le monde ont tirés des leçons de cet événement qui a permis de mieux comprendre la technologie entourant l'énergie nucléaire. 


FUKUSHIMA, Japon - 2011

Le 11 mars 2011, il a fallu non pas un, mais bien deux catastrophes pour entrainer la fusion des réacteurs numéros 1, 2 et 3 de la centrale du Fukushima au Japon. En effet, si la centrale avait bien réagit au séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter en activant une centrale thermique afin de maintenir en fonction le système de refroidissement du complexe, le tsunami qui a suivi et sa vague estimée à 30 mètres par endroits a toutefois mené à la panne de ce même système de refroidissement. 
Comme ce fut le cas en Ukraine, ce sont des pompiers et des ouvriers qui, au péril de leur santé, ont mis en œuvre un plan destiné à éviter d'aggraver la catastrophe. La situation de Fukushima est particulière à cause de la destruction ou de l'encombrement des installations suite au Tsunami. En effet, si on avait pu rétablir plus tôt le courant dans les installations, on aurait sans doute pu repartir le système de refroidissement et reprendre le contrôle du réacteur.  Les autorités sur place ont toutefois dû travailler sans électricité pendant les premières heures du drame afin de tenter de nettoyer la zone qui était couverte de débris de toutes sortes.  
Évidement, les contextes des tragédies de Tchernobyl et Fukushima sont complètement différents puisque les technologies de communication et les connaissances sur l'énergie nucléaire ne sont pas comparables entre les deux époques. 

L'arme atomique

Il a déjà été question de la bombe atomique dans le cadre du cours. C'est fort malheureusement une autre utilisation non négligeable de l'énergie atomique. Elle a été utilisée deux fois dans le cadre d'une guerre, et ce, à 3 jours d'intervalle. En 1945, les États-Unis ont largué deux bombes sur les ville d'Hiroshima et de Nagasaki au Japon. Malheureusement, la recherche militaire ne s'en est pas contenté, poussant encore plus loin l'usage de l'énergie nucléaire et la puissance des bombes qui en découle. Si le Japon avait capitulé, c'était maintenant l'URSS qui occupait toute l'attention des États-Unis. C'est donc dans une course à la puissance que les Américains ont développé un tout nouveau type d'arme, la bombe H, utilisant la fusion nucléaire pour produire sa puissance, alors que la bombe A se contentait de la fission nucléaire pour libérer son énergie. Ainsi, Ivy Mike a été la première bombe H à exploser en 1952 au-dessus du Pacifique. Elle était près de 750 fois plus puissante que Little Boy et Fat Man, les bombes A ayant explosées sur les villes d'Hiroshima et Nagasaki à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Par ailleurs, le nom de l'atoll du Pacifique où a eu lieu ces tests est resté célèbre. En effet, en 1946, un designer français crée un maillot de bain très choquant pour l'époque, une bombe anatomique comme il l'appelle, et lui donne le nom de l'archipel où avaient eu lieu plusieurs essais nucléaires de la bombe H. Ainsi apparurent les bikinis !

Aux États-Unis, pendant la guerre froide avec l'URSS, un documentaire de 1952 informe la population (les enfants en particulier) que le plan d'action de cette grande puissance mondiale autant militaire que scientifique en cas d'attaque nucléaire se résume en «Couche-toi et couvre-toi». «Duck and cover.» Maintes fois parodié, ce court-métrage peut facilement être retrouvé sur le net. Attention ! La chanson est un vers d'oreille !

Information 

Si le «Duck and cover» américain peut nous paraître un peu dérisoire aujourd'hui, il faut comprendre qu'en cas d'attaque nucléaire, il fallait absolument éviter une panique de la population. Les consignes de sécurité face à un drame étaient malheureusement plus difficiles à transmettre à l'époque.

En France, par exemple, à la suite de l'incident de Tchernobyl, il est dit dans les médias de l'époque que la population est protégée des poussières de Tchernobyl grâce à un anticyclone (vents) qui permettrait au nuage radioactif de respecter les frontières françaises.  Dans un reportage, Pierre Pellerin, alors directeur du service central de protection contre les rayonnements ionisants, mentionne que «la situation ne menace personne, actuellement, sauf, peut-être, dans le voisinage immédiat de l'usine, et encore, c'est surtout dans l'usine que je pense que les Russes ont admis qu'il y avait des personnes lésées.» Il faut dire qu'en France comme ailleurs, l'information sur la tragédie a voyagé lentement et qu'on étudiait alors un phénomène dont on ne comprenait ni l'étendue, ni les conséquences réelles. Aussi dramatiques soient-ils, ces catastrophes ont permis à des milliers de scientifiques d'étudier non seulement ce qui s'est passé, mais aussi les façon d'éviter que cela ne se reproduise. 

Si le monde a tremblé en mars 2011 lors de l'incident de Fukushima, c'est que l'existence d'Internet a permis à l'information d'être transmise rapidement à travers le monde. Lors de drames semblables, les expertises des différents pays peuvent être mises à contribution et cette collaboration internationale est sans doute possible grâce à ces mêmes moyens de communication. Aujourd'hui, les technologies nous permettent d'avoir accès à une tonne d'information en quelques clics. C'est un luxe que le monde n'avait ni en 1952, ni en 1986. Il faut bien comprendre que l'accessibilité à l'information peut sans doute être un facteur de protection de la population. On peut même utiliser les appareils mobiles pour communiquer de façon directe et efficace un message à l'ensemble de la population. 

Et pourtant, même aujourd'hui, la vitesse de propagation de l'information n'a pas que du bon. En effet, celle-ci voyage parfois un brin trop vite via les réseaux sociaux, et ce, qu'elle soit vraie ou fausse, et cet embourbement peut parfois nous faire croire en une désinformation. Il faut se méfier, vérifier nos sources et surtout, rester informé. Si tu doutais de l'importance et de la pertinence des cours de sciences, j'espère que ce n'est plus le cas ! 

Quant à savoir si tu devrais être pour ou contre l'usage du nucléaire dans la production d'énergie, il faut comprendre que cette question comporte des sous-questions et qu'elle est plus complexe qu'il n'y parait. Tu devras donc te faire tes propres opinions en pesant bien les deux côtés de la médaille. 
Last modified: Tuesday, 23 August 2022, 9:48 AM