CMY-III_2.4 Espace du récit
2. Questions d'espace
À l’époque dont nous parlons, il régnait dans les villes une puanteur à peine imaginable pour les modernes que nous sommes. Les rues puaient le fumier, les arrière-cours puaient l’urine, les cages d’escalier puaient le bois moisi et la crotte de rat, les cuisines le chou pourri et la graisse de mouton; les pièces d’habitation mal aérées puaient la poussière renfermée, les chambres à coucher puaient les draps graisseux, les courte-pointes moites et le remugle âcre des pots de chambre. [...] Les gens puaient la sueur et les vêtements non lavés; leurs bouches puaient les dents gâtées, leurs estomacs puaient le jus d’oignons, et leurs corps, dès qu’ils n’étaient plus tout jeunes, puaient le vieux fromage et le lait aigre et les tumeurs éruptives.
Patrick Süskind
Le Parfum - Histoire d'un meurtrier (1985, p. 5)
espace du récit
But : Intégrer des éléments liés à l’espace au récit en construction en ayant recours à différents procédés
Durée estimée : 60 min
Modalités : Activité individuelle
Échéancier : Voir le calendrier
Rétroaction : Automatisée et par la personne responsable du cours
Évaluation : Écrire des textes variés (élément 5)
TÂCHES
- Lire un extrait de roman faisant appel à la sensation olfactive du lectorat
- Estimer l’apport de l’hyperbole et de l’euphémisme à la force d’un récit pour maintenir le suspense et faire appel aux sens du lectorat
- Ajouter des précisions liées à l’espace (symbole ou déclencheur) dans la rédaction
- Intégrer un champ lexical pertinent et des figures de style appropriées pour camper l’environnement spatial dans le récit en cours de création
RESSOURCES
- Section « Champs lexicaux » du dictionnaire sémantique Rimes solides
- Récit policier ou à suspense en cours de création
- Grille de rétroaction sur le récit policier ou à suspense
Une activité originale du
, sous licence
CC BY-NC (voir les autres crédits)
As-tu lu la citation en haut de la page? Connaissais-tu ce roman? Dès sa parution, en 1985, Le Parfum a connu un tel succès qu’il a été traduit en 48 langues et s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires! Pourtant, il a fallu attendre jusqu’en 2006 pour qu’un réalisateur ose en faire une adaptation au cinéma. En effet, faire imaginer des odeurs au public grâce aux sons et aux images d’un film constitue tout un défi. Patrick Süskind y arrive pourtant parfaitement avec les mots… mais comment?
Au-delà des mots...
Dans la citation tirée du roman Le Parfum, tu constates que le champ lexical des odeurs désagréables est assez étoffé. Par ailleurs, l’association de ces mots ou la combinaison de phrases pour en faire des figures de style permet, elle aussi, de créer des images.
Saurais-tu identifier une figure de style qui se démarque dans la citation en haut de page?
Réalité amplifiée
En plus de la figure de style employée par Süskind, une autre figure de style est particulièrement intéressante pour décrire les situations mystérieuses, inquiétantes ou horrifiantes qui parsèment les romans policiers ou à suspense : l’hyperbole.
Dans l’extrait que tu as lu et écouté à l’activité CMY-III_2.1b Entours du personnage, Proust a recours à cette figure de style à plusieurs reprises : les hyperboles contribuent à amplifier sa fascination pour le souvenir provoqué par la madeleine.
Saurais-tu identifier les hyperboles parmi les autres figures de style que tu connais déjà comme la comparaison, la métaphore, la répétition ou l’allitération? Mets tes connaissances à l’épreuve et collecte quelques exemples d’hyperboles en cliquant sur le bouton « Annoter l’extrait ».
Camille te conseille...
Pour me rappeler ce que c’est, une hyperbole, je me fie à la construction du mot : ça commence par « hyper » comme
- être hyperactif ou hyperactive;
- souffrir d’hypertension, d’hyperacidité;
- être hypersensible;
- ...
Devines-tu le sens du préfixe hyper–? Eh oui, c’est un indice d’intensité, d’excès, d’ampleur exagérée par rapport à la normale. C’est un peu trop! L’hyperbole est donc une figure d’amplification, une sorte d’exagération de la réalité.
Le préfixe hyper- vient du mot grec uper, qui signifiait « sur ». Il peut donc exprimer, dans d’autres cas, la supériorité ou la position élevée. Par exemple, quand on ajoute un hyperlien sur un mot ou une image, ça signifie qu’on place un lien sur ce mot ou cette image.
Savais-tu que...
Une figure de style existe spécifiquement pour faire appel aux différents sens. En effet, la synesthésie permet de combiner des mots propres à des sens différents. L’effet attire l’œil du lectorat puisque celui-ci est confronté à des mots qui ne sont généralement pas associés.
Par exemple, dans le roman policier La ligne brisée, l’autrice Katherena Vermette crée une synesthésie en mariant le nom « gris », une couleur (sens de la vue), et l’adjectif « glacial » (sens du toucher) : « elle se glisse entre les draps, le gris glacial annonçant l’aube émerge » (n.p.).
Pour lire d’autres exemples et en savoir plus sur la synesthésie, consulte ce blogue.
Quelques ajouts au décor
Accorde-toi un temps de rédaction pour avancer ton récit policier ou à suspense. Concentre tes efforts sur le rapport entre l’un des personnages et son espace environnant (lieu, élément de décor, ambiance, luminosité, etc.).
Intègre une séquence narrative ou une séquence descriptive où tu réinvestiras ce que tu viens d’apprendre sur la place à donner aux lieux, aux objets, aux éléments de décor, bref, à l’environnement spatial dans lequel tes personnages évoluent. Mobilise les mots d’au moins un champ lexical et intègre minimalement deux figures de style différentes.
Psitt! N’oublie pas d’intégrer à ton texte quelques mots du champ lexical que tu viens de créer et d’aller piger dans le glossaire collectif au besoin!