3. L'eutrophisation des lacs (STE)

3.1 Un lac en santé

Un lac en santé est un lac qui possède un équilibre entre les différents éléments nutritifs qui sont nécessaires au développement de la flore (nitrates, nitrites, phosphates...) et les écosystèmes qui y vivent. Pour bien comprendre de quoi il en retourne il serait pertinent de se remémorer les cycles de l'azote et du phosphore que nous avons vus au cours du module précédent. Ainsi, les plantes aquatiques qui vivent dans le lac et qui constituent la base de la chaîne alimentaire ont besoin de phosphate, de nitrite et de nitrate pour pouvoir grandir et se régénérer. Ceux-ci proviennent de la décomposition de matière organique (organismes morts, urine et excréments, feuilles mortes) de la forêt environnante et des organismes vivant dans le lac. Un équilibre se forme alors entre l'apport d'élément nutritif et la vie qui prolifère dans le lac. 

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3.2 L'attrait de la nature

Un beau lac en santé attire les gens et ceux-ci, recherchant le confort, coupent les arbres et construisent des chalets. Loin de la ville, ils n'ont pas accès au réseau d'égout sanitaire pour traiter leurs eaux usées. Ils utilisent donc une fosse septique. Lorsque celle-ci est bien entretenue, elle ne devrait pas causer une hausse de phosphate, de nitrite et de nitrate trop accentuée. Par contre, lorsque les propriétaires de chalets sèment du gazon et qu'ils utilisent des engrais, des détergents contenant des phosphates et qu'ils coupent les arbres en bordure du lac, les éléments nutritifs des engrais hydrosolubles (qui sont dissous dans l'eau), la baisse de consommation de ces mêmes éléments nutritifs par la forêt environnante et la chaleur engendrée par la perte de l'ombre des arbres en eaux peu profondes aident à la prolifération des plantes aquatiques.

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3.3 On ne voit plus le fond

 Les poissons ne peuvent se multiplier assez rapidement pour consommer toutes ces algues et tout ce phytoplancton. L'eau gagne en turbidité (laisse moins passer la lumière). L'eau prend tranquillement une teinte plus verdâtre. Comme les plantes au fond de l'eau n'ont plus accès à la lumière du Soleil, elles peinent à produire assez d'oxygène pour faire vivre toute la vie qui compose maintenant le lac. En mourant, les organismes commencent tranquillement à former un fond plus vaseux. Il y a de plus en plus de cyanobactéries. 


Au bord du lac, les propriétaires qui utilisent l'eau du lac éprouvent de plus en plus de problèmes. L'eau sent parfois  les œufs pourris. Le puit artésien nécessite plus d'entretien et l'équilibre de l'eau qui y est puisée est plus difficile à atteindre. L'eau est moins attrayante pour la baignade et les fonds vaseux sont moins intéressants. La municipalité émet des avis d'interdiction de baignade à certains moments dans l'année. 

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3.4 Qu'est-ce qui se passe dans ce lac ?

Privés d'oxygène, les organismes du lac meurent et forment une vase de plus en plus épaisse. En se décomposant, ils consomment de l'oxygène et entraînent la mort d'autres organismes. Le lac est de moins en moins profond. La vie change progressivement. Les cyanobactéries maintenant présentes en grandes quantités. 

La municipalité émet des avis d'interdiction de baignade, mais ceux-ci sont de moins en moins utiles. En effet, personne ne veut se baigner maintenant. L'eau puisée n'est plus potable et elle sent définitivement les œufs pourries. L'odeur est caractéristique des gaz sulfureux émis par les bactéries vivants dans des milieux anoxiques (sans oxygène). 

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3.5 La mort du lac

L'accumulation de vase a eu raison de l'eau qui, de moins en moins profonde, ne cesse de se réchauffer et de s'effacer. Il ressemble maintenant plus à un marais ou une tourbière qu'à un lac. La végétation dépasse maintenant la surface de l'eau. 

Ceux qui n'ont pas vendu leur chalet tentent de le faire. Il y a de plus en plus d'insectes et certains animaux qu'on ne voyait pas avant font leur apparition. 

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La contamination des lacs et des rivières au Québec est une situation réelle. 

La rivière Yamaska est l'une des rivières les plus polluées au Québec, notamment à cause de sa proximité avec de nombreuses terres agricoles. 


Le rejet des eaux usées et le manque d'entretien des différents systèmes de traitement des eaux peuvent être une source importante de contamination. 

Le lac Abitibi qui enjambe le Québec et l'Ontario montre lui aussi des signes d'eutrophisation élevé. 


La petite rivière Yamachiche est l'une des rivières les plus polluées au Québec. Sa couleur en dit long sur sa composition.

La rivière Beauharnois montre définitivement des signes d'eutrophisation. 


Le lac Roxton en Estrie est l'un des lacs dans un stade avancé d'eutrophisation. 

3.6 Que pouvait-on faire d'autre ?

Les facteurs pouvant causer l'eutrophisation des lacs sont nombreux, mais ils sont généralement liés à la présence d'azote et de phosphore. Voici comment on peut aider à la pérennité de la qualité de l'eau du lac à proximité. Sachez d'ailleurs qu'il n'est pas nécessaire d'habiter un chalet pour adopter de saines habitudes en matière de contamination de l'eau. En effet, plusieurs rivières coulant dans des milieux urbains subissent le même type de contamination. Ainsi, les rivières St-François, Richelieu ou Yamaska, pour ne nommer que celles-ci, sont contaminées pas l'activité agricole et par l'utilisation d'engrais, mais aussi par le déboisement lié à l'urbanisation qui se fait dans l'ensemble de leur bassin versant. 

  1. Réduire l'usage d'engrais et choisir ceux qu'on utilise
    L'agriculture est sans doute la principale cause de l'eutrophisation des lacs, notamment à cause de l'utilisation d'engrais, et plus précisément, d'engrais chimiques. Ceux-ci sont lessivés par l'eau de pluie et drainés directement dans les cours d'eau. L'usage de compost ou de fumier peut aider à nourrir les plantes de votre potager tout en nuisant moins à la qualité des cours d'eau. En effet, comme ceux-ci doivent se décomposer pour fournir aux plantes les nutriments, ils occasionnent moins de pertes en lessivage. Pour ce qui est des chalets, le fait de laisser les arbres autant que possible et de ne pas semer de belles pelouses réduit l'utilisation d'engrais et, ainsi, l'apport en nitrite, en nitrate et en phosphate. 

  2. Entretenir les fosses septiques
    Depuis qu'on connait mieux le phénomène d'eutrophisation, des règlements de plus en plus rigoureux sont mis en place pour assurer une qualité du traitement des eaux usées par les centres de traitement des eaux et par les fosses septiques. Certaines municipalités offrent même certains services liés à l'entretien des fosses septiques. 

  3. Laisser la nature être la nature
    Le déboisement engendre le réchauffement du sol et des eaux peu profondes du lac. La chaleur ainsi emmagasinée accélère la décomposition de la matière organique et accélère l'apport en nutriments des milieux aquatiques. De plus, les arbres contribuent à absorber ces mêmes nutriments et à assurer une stabilité du sol en utilisant l'eau de pluie avant qu'elle n'atteigne les lacs et les rivières. 

  4. Choisir ses détergents
    Plusieurs détergents contiennent du phosphate. Leur rejet dans la nature via les eaux usées est donc une façon de contribuer à l'eutrophisation des lacs. 

On peut aussi noter que le rejet d'eau chaude des industries et des centrales thermiques peut aussi contribuer à l'eutrophisation des lacs. Comme on l'a vu, l'apport en chaleur accélère la décomposition de la matière organique,  la libération de nutriments et donc,  la prolifération du plancton et des algues en milieu lacustre. Il en est de même pour le remblayage de sable pour faire des plages artificielles. L'eau étant moins profonde et les plages étant généralement dépourvues de végétation, l'eau y est plus chaude. 

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