La Grande dépression et la Seconde Guerre mondiale
2. La Grande dépression des années 1930
2.2. Une remise en question du capitalisme
Décrire les idéologies sociopolitiques et les théories économiques qui émergent au Canada dans la foulée de la Grande dépression et relever des acteurs qui les ont développées ou défendues.
Dans la société du début du 20e siècle influencée par le libéralisme, l’individu est seul responsable de lui-même. S’il n’est plus capable de subvenir à ses propres besoins, il devient alors la responsabilité de sa famille. Toutefois, les problèmes sociaux majeurs créés par la Grande dépression révèlent les limites de cette idéologie. Les cycles économiques qui caractérisent le capitalisme sont de moins en moins perçus comme naturels ou inévitables. Face à ces constats, certaines idéologies et théories économiques alternatives gagnent en popularité partout dans le monde occidental.
Les idéologies sociopolitiques
Le communisme
Pour les communistes, la solution à la Grande dépression et à l’ensemble des inégalités socioéconomiques passe par l’abolition du capitalisme et du libéralisme. Ils souhaitent remplacer ce système par une société sans classe sociale dans laquelle l’économie est gérée par l’État et orientée vers les besoins de la collectivité.
Cette idéologie demeure très marginale au Canada, puisqu’elle est considérée illégale pendant la majorité des années 1930. Au Québec, le communisme trouve peu d’écho chez les Canadiens français puisque l’Église catholique s’oppose avec ferveur à cette idéologie qui fait notamment la promotion de l’athéisme.
Le clérico-nationalisme
Au Québec, la Grande dépression provoque plutôt un renouveau du clérico-nationalisme.
En 1933, des penseurs religieux et laïques regroupés au sein de l’École sociale populaire publient le Programme de restauration sociale où ils proposent un système économique qui n’est ni capitaliste ni communiste.
Ce programme prône la mise en place d’une société dans laquelle les classes sociales coopèrent les unes avec les autres au sein d’organisations désignées en tant que « corporations ». Il propose également une plus grande intervention de l’État dans l’économie afin d’assurer une juste redistribution des richesses. Le système de corporations ne sera jamais implanté au Québec, mais certains politiciens s'inspireront des propositions du Programme de restauration sociale, comme Adélard Godbout avec la nationalisation de l’électricité en 1944.
Le fascisme
Les difficultés économiques causées par la Grande dépression sont un terrain propice à l’émergence d’idéologies extrémistes comme le fascisme, qui est défendu au Québec par le journaliste Adrien Arcand. Il fonde le Parti national social chrétien au niveau provincial en 1934 ainsi que le Parti de l'unité nationale au niveau fédéral en 1935, le tout en s’inspirant de la pensée d’Adolf Hitler.
L’action politique d’Adrien Arcand demeure toutefois très marginale et attire bien peu de sympathisants. Ses idées ne se concrétiseront jamais puisque son mouvement est déclaré illégal en 1940, soit peu de temps après le début de la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle le Canada combat les régimes fascistes en Europe.
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Une nouvelle théorie économique
Le keynésianisme
L’économiste britannique John Maynard Keynes perçoit lui aussi les failles du capitalisme, mais il ne le remet pas entièrement en question. Il suggère plutôt qu’il est nécessaire que l’État intervienne afin de garantir la relance de l’économie plutôt que de subir les crises qui caractérisent le capitalisme en espérant qu’elles se résoudront par elles-mêmes. À partir des années 1930, cette théorie économique influence les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux. Dans les années 1940, le gouvernement canadien multiplie les politiques visant à assurer la stabilité de l’économie ainsi que l’accès à des programmes de sécurité sociale.
Explique en quoi la mesure mise en place par le gouvernement canadien présentée dans le document 5 est inspirée du keynésianisme?
Extrait d’un article de journal sur une mesure économique et sociale mise en place par le gouvernement canadien
« Le Parlement a pris une mesure importante, au mois d'août dernier, en adoptant la Loi sur l’assurance-chômage [...]. Le plan d’assurance-chômage protégera plus de deux millions d’ouvriers, soit quatre-vingts pourcent de toutes les personnes qui travaillent pour gagner leur vie au Canada. [...] Pendant une période de dépression, quand les ouvriers sont sans travail par centaines de mille, l'assurance-chômage est un facteur important dans le maintien du pouvoir d'achat du consommateur, et de cette manière elle stabilise les affaires dans toute l’étendue du pays. [...] »
Source : Auteur inconnu, « Assurance-chômage », Le Clairon, 18 juillet 1941, p. 1 et 2, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000165382.