3. Les relations fédérales-provinciales

3.2. La question des écoles du Manitoba

 Expliquer les raisons du conflit à propos des écoles du Manitoba et la manière dont il est résolu par le compromis Laurier-Greenway.

En 1870, la Loi sur le Manitoba reconnait le caractère bilingue de la nouvelle province. Elle garantit le droit des franco-catholiques de recevoir une éducation dans leur langue et leur religion, par la création de deux systèmes scolaires séparés. À la fin du 19e siècle, les francophones deviennent minoritaires au Manitoba, ce qui permet aux anglo-protestants de dominer la vie politique et de réclamer l’abolition du système scolaire confessionnel.

Pour les anglo-protestants, l’école devrait contribuer à l’assimilation des francophones de la province plutôt que d’assurer la survie d’une langue qui n’a pas sa place à l’extérieur du Québec. Ces positions se heurtent à celles des catholiques, pour qui langue et religion vont de pair, et qui tiennent au maintien d’un système scolaire francophone et confessionnel

Description
Source : Auteur inconnu, Le premier couvent et école de Saint-Léon (1897), Société historique de Saint-Boniface, SHSB 63219. Licence : image utilisée avec la permission de la SHSB, tous droits réservés.

Dans les années 1890, le gouvernement manitobain abolit le financement des écoles catholiques et francophones et il proclame l’anglais seule langue officielle de la province. Les francophones du Manitoba s’engagent dès lors dans une longue lutte politique et judiciaire pour la sauvegarde de leurs droits. Ils font notamment appel au gouvernement fédéral qui, bien que le champ de compétence de l’éducation relève du provincial, a la responsabilité de protéger le droit des minorités culturelles à travers le pays.

En 1896, le premier ministre du Canada, Wilfrid Laurier, arrive à une entente avec le premier ministre du Manitoba, Thomas Greenway. Le « compromis Laurier-Greenway » accorde une demi-heure par jour à l'enseignement de la religion catholique après les heures de classe. L’utilisation du français comme langue d’enseignement est aussi permise dans les écoles urbaines et rurales comptant un nombre suffisant d'élèves francophones. Ceci dit, ces mesures sont minimales et ne satisfont pas les revendications des franco-catholiques du Manitoba.

Question 16 - Établir des faits

Quelle est la réaction du Québec à l’abolition des écoles francophones au Manitoba?

Les documents

Extrait d’un article de journal québécois publié en 1890

« Or il est clair comme le jour que la récente loi provinciale [manitobaine] lèse profondément les droits de la minorité catholique du Manitoba qui avait obtenu, lors de l’entrée de cette province dans la Confédération, la garantie solennelle que ses écoles seraient toujours respectées. [...] Nous souhaitons ardemment, sans l’espérer beaucoup, que la requête de nos coreligionnaires du Manitoba produise son effet. Ils sont les victimes d’une injustice criante, et personne ne s’en émeut guère. »

Source : Auteur inconnu, « Les écoles à Manitoba », La Vérité, 20 septembre 1890, p. 68, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082819.

Lors de l’élection fédérale de 1896, les électeurs québécois contribuent à l’élection des libéraux, ce qui met fin au long règne des conservateurs qui étaient au pouvoir depuis 1878. Les électeurs espèrent ainsi que Wilfrid Laurier pourra résoudre la question des écoles du Manitoba.

Extrait d’un article de journal québécois publié en 1896

« M. Laurier sort des élections générales avec une majorité suffisamment  forte pour lui permettre de faire ce qu’il voudra sans le secours des factions [...]. La province de Québec surtout s’est prononcée d’une manière non équivoque et s’est rangée presque toute entière sous la bannière du chef du parti libéral, montrant par là qu’elle a plus confiance en lui pour le règlement équitable de la question des écoles qu’en sir Charles Tupper [chef du Parti conservateur]. M. Laurier devra prouver sa reconnaissance à sa province qui l’a si noblement soutenu en rendant, sous le plus court délai, aux catholiques de Manitoba, leurs écoles. »

Source : Auteur inconnu, « Le Résultat », Le Progrès de l’Est, 25 juin 1896, p. 2, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000053364.

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Cahier de traces

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