4. Duplessis, un conservateur

4.1. Le conservatisme social et le cléricalisme

Comprendre ce que sont le conservatisme social et le cléricalisme du gouvernement de Duplessis et identifier les valeurs qui leur sont liées.

Le conservatisme qui imprègne la société québécoise durant la période duplessiste prend forme à travers la défense des valeurs traditionnelles et le maintien de l’ordre établi au plan politique, économique et social.

Description
Source : Auteur inconnu, L’Honorable Maurice Duplessis prononçant un discours durant une campagne électorale (1952), en ligne sur Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3215193. Licence : domaine public.

D’une part, les autorités politiques et le clergé valorisent la religion, la famille patriarcale et le mode de vie rural, des valeurs qu’ils jugent indispensables au fonctionnement de la société. La défense de ces valeurs passe notamment par la critique du mode de vie urbain et de ses divertissements, ce qui mène entre autres à la censure de milliers de films qui vont à l’encontre de la morale religieuse.

Duplessis et le conservatisme

Source : Maurice Duplessis, 16 juillet 1952, Société Radio-Canada, 04:51-05:38. Licence : enregistrement utilisé avec la permission de la Société Radio-Canada, tous droits réservés.

D'autre part, le gouvernement de Duplessis entretient l’ordre établi en s’opposant aux groupes qui revendiquent des changements politiques, économiques et sociaux. Dans le domaine du travail, le gouvernement de Duplessis freine ainsi l’expansion du syndicalisme et la montée du communisme en s’appuyant sur la « loi du cadenas ». Ces politiques conservatrices favorisent le patronat dans les conflits de travail de et elles assurent la mainmise des entreprises privées sur l’économie québécoise.

Le conservatisme teinte aussi les domaines de la santé et de l’éducation puisque le gouvernement de Duplessis s’appuie sur l'Église catholique pour l’aider dans la gestion de ces domaines. Pour ce faire, Maurice Duplessis adhère au cléricalisme, c’est-à-dire qu’il privilégie le maintien des institutions confessionnelles privées du clergé catholique plutôt que la création d’établissements publics laïques. Les religieux conservent ainsi leur liberté d’action au sein des hôpitaux et leur emprise sur les écoles, qui continuent de promouvoir les idées du catholicisme.

Description
Source : Jacques Desjardins, Inauguration de l’École centrale d'arts et métiers [On y voit notamment Maurice Duplessis ainsi que Mgr Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal] (1947), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6,S7,SS1,D42142-42149. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Description
Source : Conrad Poirier, L'institutrice Mademoiselle Bennett enseigne l'anglais à ses élèves à l'école Boys' Farm and Training School à Shawbridge (1947), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P48,S1,P15227. Licence : domaine public.

Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance démographique multiplie toutefois les besoins de la population québécoise en matière d’éducation, de santé et de services sociaux. Dans les années 1950, les religieux qui œuvrent au sein des écoles, des hôpitaux et des organismes charitables ont ainsi plus de difficulté à combler ces besoins grandissants. Puisque l’Église catholique peine à recruter suffisamment de personnel pour assumer l’ensemble de ses responsabilités sociales, certains évêques sollicitent la contribution du gouvernement provincial.

Par conséquent, l’État québécois fournit davantage d’effectifs laïques pour remplir les fonctions que les religieux ne peuvent plus assumer au sein des institutions catholiques. Jusqu’à la fin de son dernier mandat, Maurice Duplessis souhaite entretenir le cléricalisme, mais l’attribution de fonctionnaires et de fonds publics aux institutions catholiques ouvre graduellement la voie à leur prise en charge par l’État québécois.

Description
Source des données : Fernand Harvey, « Le gouvernement Duplessis, l’éducation et la culture, 1944-1959 », Les Cahiers des dix, no. 68, 2014, p. 176.
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Question 11 - Mettre en relation des faits

Les documents 21 à 23 font référence au conservatisme social. Indique les numéros des documents qui illustrent la défense d’une valeur traditionnelle et le numéro du document qui illustre une opposition au changement. Explique la valeur défendue ou le changement refusé.

Les documents

Extrait du premier rapport de la Commission des droits civils de la Femme publié en 1930

« [Certaines femmes ont] tenté de [...] convaincre [les autres femmes] qu’elles sont malheureuses, à cause de la loi qui les régit; on n'a pas réussi. [...]

En quittant sa famille pour en créer une nouvelle, la femme qui se marie prend le nom de son mari; sa personnalité, sans disparaître, s’identifie avec celle du père de ses enfants; conformes en cela à l’inéluctable nature et à nos moeurs chrétiennes [...] “le mari doit protection à sa femme; la femme obéissance à son mari” ».

Source : Commission des droits civils de la Femme, Premier rapport des commissaires, Québec, 1930, p. 8-11, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005279199.

Montage d’extraits d’un discours du premier ministre du Québec Maurice Duplessis au congrès de l'Union catholique des cultivateurs en 1951

« Les peuples qui ont vécu, les peuples qui ont prospéré, sont ceux qui ont su donner à l’agriculture la place qui lui appartient, la première place dans l’économie de la province. Il y a malheureusement une tendance, aujourd’hui, à laisser la terre dans certains milieux. L’attrait des villes, l’attrait fallacieux [trompeur] des villes, porte plusieurs à laisser la vie rurale pour aller chercher, dans les villes, un bonheur qui n’existe pas. Il faut de toute nécessité que l’Union catholique des cultivateurs et que les cultivateurs réalisent plus que jamais l’indispensabilité de leurs activités. [...] N’oublions jamais que les cultivateurs possèdent le trésor terrestre le plus précieux et le plus solide : la terre québécoise. »

Source : Le Réveil rural, 18 octobre 1951, Société Radio-Canada, 01:31-03:04. Licence : enregistrement utilisé avec la permission de la Société Radio-Canada, tous droits réservés.

Extrait d’un article de 1946 tiré du journal officiel de la Ligue ouvrière catholique et de la Jeunesse ouvrière catholique

« Chez nous, dans le Québec, il n’y aura jamais de place ni pour le communisme, ni pour le bolchévisme. Le respect des lois est nécessaire non seulement au point de vue du maintien de l’ordre, mais dans l’intérêt des ouvriers et des patrons ».

Source : Auteur inconnu, « Coopération chrétienne et fraternelle », Le front ouvrier, 24 août 1946, p. 2.

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