La Révolution tranquille et l’émergence de l’État-providence
2. L’État québécois et le domaine social
2.1. Le déclin de la pratique religieuse et la laïcisation de l’État québécois
Détermine le changement dans la place de l’Église dans la société québécoise selon l’auteur du document 1.
Extrait d’un texte par Monseigneur Jean-Marie Fortier, évêque de Sherbrooke, publié en 1974
« Pour les hommes et les femmes de ma génération l’Église du Québec n'est plus ce qu’elle a été. [...] Être catholique et catholique pratiquant en 1920 ou en 1930 allait de soi. [...] Au pays du Québec beaucoup de choses ont changé. [...] Il n’est qu'à réfléchir sur ce qui était hier et sur ce que l'expérience quotidienne nous révèle aujourd’hui : baisse de la pratique religieuse, diminution des vocations sacerdotales et religieuses, accroissement du nombre des divorces, leadership de l’État en maints domaines, etc. »
Source : Jean-Marie Fortier, « Mgr Jean-Marie Fortier nous ouvre son cœur », La Tribune, 28 décembre 1974, p. 3 (cahier spécial), en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0004875943.
Qu’est-ce qui distingue les documents 2 et 3 des documents 4 et 5? Dégage une différence entre les deux paires de documents. Puis, dégage une similitude entre les deux paires.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’influence morale et culturelle de l’Église catholique décline au sein de plusieurs pays occidentaux, un phénomène qui touche aussi la société québécoise. L’essor de la société de consommation et le changement dans les mentalités diminuent la portée des croyances et des valeurs religieuses ainsi que des rites qui permettent de les inculquer.
Au cours des années 1970, le déclin de l’influence du catholicisme prend de l’ampleur avec la chute rapide de la pratique religieuse, ce qui se traduit par une diminution de moitié de la fréquentation de la messe chez les catholiques. En plus de priver l’Église catholique de fidèles, la diminution de la pratique religieuse réduit la disponibilité des ressources financières nécessaires au fonctionnement des établissements confessionnels et à l’entretien des lieux de culte.
Les Ursulines avant 1968
Ce retrait du clergé et des communautés religieuses de la vie sociale s’inscrit dans une plus vaste réforme de l’Église catholique lancée par le concile de Vatican II durant les années 1960. Cette réforme propose des changements majeurs dans le déroulement des pratiques religieuses et elle encourage l’Église catholique à s’adapter à la modernisation des sociétés occidentales. Pour ce faire, la réforme reconnait notamment la liberté de religion des non-catholiques, elle abolit l’usage du latin pour la messe et elle autorise le port de tenue civile par les religieux et les religieuses.
La diminution de la pratique religieuse au Québec s’accompagne d’une baisse substantielle des vocations religieuses au sein de l’Église catholique. En effet, l’Église catholique peine à recruter des effectifs pour former son clergé et les communautés religieuses assistent au départ volontaire de leurs membres. Entre 1960 et 1980, le nombre de prêtres baisse de moitié alors que les communautés religieuses perdent le tiers de leurs membres. Pour s’ajuster à la réduction de ses effectifs, l’Église catholique vend ses hôpitaux au gouvernement du Québec et elle ferme plusieurs établissements confessionnels comme les orphelinats et les hospices pour personnes âgées.
Les Ursulines après 1968
Au moment où l’Église catholique voit ses effectifs diminuer, les fonctionnaires des ministères et les employés de l’État québécois remplacent progressivement les religieux dans les écoles et les hôpitaux. Alors que le bébé-boum accélère la croissance de la population québécoise, les besoins de celle-ci s’accentuent dans les domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux. Pour répondre à ces besoins, les politiciens misent sur l’État-providence, ce qui leur permet de rompre avec le cléricalisme de la période duplessiste. L’émergence de l’État-providence renforce donc le processus de laïcisation de l’État québécois, qui devient de plus en plus autonome face à l’Église catholique.