1. La deuxième phase d’industrialisation

1.1. Les changements économiques de la deuxième phase d’industrialisation

Déterminer les changements économiques qui surviennent lors de la deuxième phase d’industrialisation.
De nouveaux secteurs de production et une nouvelle source d’énergie

Au tournant du 20e siècle, l’économie québécoise continue de fonder une partie de sa prospérité sur la production d’aliments et de boissons, de textiles et de vêtements ainsi que de produits du fer et de l’acier. À ce moment, la deuxième phase d’industrialisation suscite aussi l’essor des industries papetière et minière, des secteurs de production qui s’appuient sur l’exploitation des ressources naturelles du Québec. En effet, les forêts québécoises regorgent d’arbres prisés pour la production de pâtes et papiers alors que les sols de la province renferment différents minerais comme l’or, le fer, l’amiante, le cuivre et le zinc.

Description
Source : Ministère de la main-d'oeuvre et de l'immigration, Un jeune homme qui travaille dans une aluminerie (entre 1930 et 1960), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4369867. Licence : domaine public.

Les nouveaux secteurs de production comptent également sur les ressources hydrauliques du Québec. Ces ressources d’eau alimentent les usines et les équipements industriels avec une nouvelle source d’énergie : l’hydroélectricité. Puisque le territoire québécois abonde en rivières et en lacs, l’hydroélectricité peut alimenter à faible cout des entreprises dans les centres urbains ou dans les régions éloignées. Dans le secteur minier, l’hydroélectricité permet l'utilisation de nouvelles techniques nécessaires à la production de l’aluminium comme l’électrochimie et l’électrométallurgie.

De nouveaux capitaux et de nouvelles régions industrielles

Dans les premières décennies du 20e siècle, de nombreuses entreprises s’implantent donc au Québec en quête de ressources naturelles abondantes et d’une source d’énergie peu couteuse. Cela dit, l’extraction et la transformation des matières premières nécessitent d’importants capitaux pour financer la construction des bâtiments et l’achat d’équipements qu’exigent les activités économiques.

Alors que la majorité des investissements étrangers proviennent du Royaume-Uni au 19e siècle, la part des capitaux en provenance des États-Unis augmente rapidement au début du 20e siècle. À partir des années 1920, les capitaux américains représentent la majeure partie des capitaux étrangers, ce qui se traduit par l’installation de grandes entreprises américaines au Québec. Jusqu’à la crise économique des années 1930, ces compagnies stimulent la croissance économique de la province, créent de nombreux emplois et entrent en compétition avec les entreprises canadiennes-françaises de plus petite taille.

Description
Source des données : John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Septentrion, Sillery, 2003, p. 241.
Description
Source : Auteur inconnu, Shawinigan Falls, QC (vers 1930), Musée McCord, MP-0000.25.596. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Pour exploiter les ressources naturelles, les entreprises étrangères déploient leurs infrastructures dans des régions peu peuplées comme l'Abitibi, la Mauricie et le Saguenay. En quelques décennies, les populations de ces régions éloignées augmentent rapidement alors que certains villages ruraux deviennent des villes industrielles. Par exemple, la population de Shawinigan passe de 1600 à 15 000 habitants entre 1901 et 1930 à la suite de l'implantation de l’aluminerie Pittsburgh Reduction et de l’usine de la Belgo-Canadian Pulp & Paper Company

Afin d'attirer de nouveaux capitaux étrangers et de soutenir le développement des nouvelles régions industrielles, le gouvernement québécois développe des infrastructures comme les routes et les chemins de fer. Le gouvernement provincial finance ces infrastructures en partie grâce aux revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles. En plus de compter sur les revenus des concessions forestières comme au 19e siècle, l’État québécois accorde de plus en plus de terres publiques aux entreprises minières. Jusqu’à la crise économique des années 1930, les concessions forestières et minières représentent une des principales sources de revenus de la province du Québec.

Description
Source : William Notman & Son, Partie sèche de la salle des machines, usine de pâte Laurentide (vers 1908), Musée McCord, VIEW-4517. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Un capitalisme de monopole

La deuxième phase d’industrialisation prend également forme avec l’émergence d’un capitalisme de monopole. De grandes compagnies deviennent ainsi l’unique producteur d’un bien ou fournisseur d’un service en fusionnant avec d’autres entreprises ou en achetant leurs plus petits compétiteurs. Cette concentration des entreprises élimine la concurrence, ce qui permet aux compagnies en situation de monopole de fixer les prix à leur avantage afin de maximiser leurs profits.

Description
Source : Auteur inconnu, La centrale de Lachine de la Montreal Light, Heat & Power, inaugurée le 25 septembre 1897 (1929), Archives d'Hydro-Québec, F9/700771. Licence : domaine public.

Les monopoles se multiplient notamment dans les secteurs de la finance, de l’industrie lourde et de l’énergie. Par exemple, la fusion de plusieurs petites compagnies de gaz et d’électricité mène à la création de la Montreal Light Heat & Power Consolidated en 1901. Dans la région de Montréal, cette compagnie détient le monopole de la production et de la distribution d’électricité, une entreprise que le gouvernement québécois nationalise sous le nom d’Hydro-Québec en 1944.

Cahier de traces