L’immigration et l’urbanisation au début du 20e siècle
3. L’immigration au Canada
3.2. Les immigrants et l’État canadien
Décrire les politiques d’immigration du gouvernement fédéral et les structures d’accueil des immigrants dans la société canadienne au début du 20e siècle.
L’essor de l’immigration s’accompagne de politiques gouvernementales discriminatoires, dont certaines sont fondées sur l’idéologie raciste. Autrement dit, l’État canadien tente de contrôler les flux migratoires en déterminant la provenance des immigrants selon leurs origines ethniques. Dès leur entrée au pays, le gouvernement fédéral recense et surveille les nouveaux arrivants, sans pour autant les aider à trouver un logement ou un emploi.
Le contrôle de l’immigration
À la fin du 19e siècle, le gouvernement fédéral établit des conditions financières qui limitent l’entrée des immigrants chinois au Canada. En effet, le gouvernement fédéral leur impose une taxe d’entrée de 50 dollars en 1885, augmentée à 500 dollars en 1903, ce qui représente une somme importante pour l’époque. Les Chinois, nombreux à être entrés sur le territoire pour travailler à la construction du réseau ferroviaire, sont initialement le seul groupe ethnique ciblé par des restrictions.
Au début du 20e siècle, de plus en plus de restrictions sont imposées à certaines catégories d’immigrants pour limiter ou empêcher leur entrée au Canada sur la base de leur origine ethnique, de leur statut économique ou de leur condition physique. Par exemple, le gouvernement fédéral adopte une loi pour se donner le pouvoir de refuser l’entrée aux immigrants qu’il juge indésirables et pour faciliter leur déportation. Parmi ces « indésirables », on retrouve les communistes et certaines minorités religieuses et ethniques d’Europe, ainsi que les Asiatiques et les Africains.
Le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 freine brutalement l’arrivée des immigrants au Canada. Une certaine reprise s’observe après la guerre, mais la crise économique de 1929 entraîne un ralentissement substantiel de l’immigration. En 1931, afin d’éviter que de nouveaux arrivants sans emploi ne viennent aggraver le chômage, le gouvernement fédéral applique le décret le plus restrictif de l’histoire du Canada en matière d’immigration. Celui-ci sera en vigueur jusqu’en 1947.
Le document 5 présente l'extrait d'un décret adopté le 21 mars 1931 par le Ministère de l’Immigration et de la Colonisation du Canada. Quel était l'objectif de cette loi?
« L'agent d'immigration peut permettre l’entrée au Canada à [...] :
- Un sujet britannique entrant au Canada directement ou indirectement [...] et disposant de moyens suffisants pour se maintenir jusqu'à ce qu’il parvienne à trouver un emploi [...].
- Un citoyen américain entrant au Canada en provenance des États-Unis et disposant de moyens suffisants pour se maintenir jusqu'à ce qu’il parvienne à trouver un emploi. [...]
- Un agriculteur ayant les moyens suffisants pour cultiver au Canada. [...]
Les dispositions de ce Décret du conseil ne s’appliquent pas aux immigrants de race asiatique. »
Source : « Décret du Conseil PC 1931-695, 21 mars 1931 », Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 1446825.
Cahier de traces
L’accueil des immigrants
De nombreux immigrants arrivent au Canada par train ou par bateau, dans les gares ou les ports de Vancouver, Toronto, Montréal et Halifax. Dans ces villes, le gouvernement fédéral administre des bureaux qui recensent les nouveaux arrivants et qui les soumettent à un examen médical ou à une quarantaine si nécessaire. Le gouvernement canadien fournit ensuite peu d’aide aux immigrants qui entrent au pays.
Dans les groupes déjà établis au Québec, les nouveaux arrivants se tournent vers des membres de leur famille ou de leur communauté pour se trouver un logement et un emploi. Par exemple, les Juifs qui arrivent au pays au début du 20e siècle viennent grossir les rangs des communautés juives bien implantées dans les villes canadiennes depuis au moins la seconde moitié du 19e siècle. Si plusieurs choisissent de demeurer chez un parent ou un ami, d’autres profitent des services offerts par les associations d’aide comme la Jewish Immigrant Aid Services (Services d’assistance aux immigrants juifs), créée à Montréal en 1920 par et pour la communauté juive.
Les immigrants ne peuvent pas tous compter sur une communauté déjà établie puisque plusieurs d’entres eux arrivent seuls, dans l’espoir de faire venir leur femme et leurs enfants. Par exemple, au début du 20e siècle, la première vague d’immigration italienne se constitue principalement d’hommes issus de familles paysannes qui cherchent du travail. Cela dit, les immigrants italiens arrivent en grand nombre, ce qui leur permet de former une communauté dotée d’églises, de commerces et de restaurants à l’image de leur culture. En quelques décennies, Montréal assiste ainsi à la création d’un quartier que l’on nomme la Petite-Italie, qui devient un lieu d'accueil et d’intégration pour de nombreuses familles italiennes.
Selon les informations fournies par l’historien Paul-André Linteau, associe les communautés culturelles et la majorité linguistique aux espaces appropriés sur la carte.