4. La vie en ville au Québec

4.1. La santé publique et l’hygiène en ville

 Comprendre l’impact de la croissance urbaine sur les conditions de vie et de santé de la population et sur le développement des infrastructures municipales.

Au tournant du 20e siècle, plusieurs enjeux de santé publique font surface dans les villes du Québec. Des infrastructures de base avaient été installées au milieu du 19e siècle, comme des aqueducs ou des égouts. Or, un nombre sans cesse croissant de personnes vivent en ville et bien vite ces installations ne suffisent plus. D’ailleurs, tous n’ont pas accès aux mêmes services, qui sont offerts par des compagnies privées. Les plus riches peuvent se permettre de faire installer chez eux l’eau courante, l’électricité et des toilettes ou des baignoires modernes.

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Source : Auteur inconnu, Aqueduc de Montréal : pose de canalisations sous la rue des Commissaires (1926), Archives de la Ville de Montréal, VM117-Y-1P1723. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
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Source : Wm. Notman & Son, Maisons photographiées pour M. Meredith, Montréal, QC (1903), Musée McCord, II-146716. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Cependant, les classes sociales moins bien nanties doivent souvent se contenter d’installations beaucoup plus modestes et moins hygiéniques, comme des latrines extérieures au lieu de toilettes intérieures. Les infrastructures les plus urgentes à moderniser sont donc les égouts et les canalisations d’aqueducs. Dans les quartiers populaires, certaines maisons vétustes sont démolies et on bâtit des habitations plus modernes, avec l’électricité, l’accès à l’égout et l’eau courante. Les services disponibles dans les villes commencent aussi à évoluer alors que des bains publics sont construits dès 1908. Ceux-ci ont pour objectif de permettre aux habitants des quartiers ouvriers dont le logis n’est pas doté d’une baignoire ou d’un accès à l’eau chaude d’avoir une meilleure hygiène personnelle.

La qualité de l’air dans les quartiers ouvriers est aussi une préoccupation. On cherche à aménager des parcs pour les familles et pour les enfants, eux qui n’ont souvent que les rues et les ruelles pour terrains de jeux. Des épidémies de tuberculose et de variole font des ravages. Quant à la qualité du lait qu’on donne aux nourrissons, elle est souvent assez mauvaise. Il n’est pas toujours pasteurisé, il peut être mal conservé et certains producteurs y mêlent même de la craie pour améliorer sa blancheur. Si bien qu’au début du 20e siècle, Montréal détient l’un des pires taux de mortalité infantile en Occident, soit près de 300 enfants sur 1 000. La situation se sera à peine améliorée en 1930 : la métropole perd 135 enfants sur 1 000.

Les municipalités et le gouvernement provincial mettent en place à cette époque certains services, notamment des commissions d’hygiène et des bureaux de santé publics, pour tenter de répondre aux besoins des citoyens. De plus en plus de cliniques spécialisées ouvrent également leur portes.

À cette époque, le système de santé n’est pas universel. Les hôpitaux sont à la charge des communautés religieuses, chez les francophones, ou dirigés par des groupes de philanthropes et de médecins, chez les anglophones. Le domaine des soins aux enfants se distingue : les cliniques « Gouttes de lait » sont des centres de collecte de lait pur et frais qui offrent aussi des soins aux nourrissons et des conseils aux mères.

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Source : Auteur inconnu, Distribution de lait pasteurisé au dispensaire de la Goutte de lait (vers 1912), Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Licence : image utilisée avec la permission du CHU Sainte-Justine, tous droits réservés.
 Question 9 - Déterminer des causes et des conséquences

Les documents 6, 7 et 8 présentent des conséquences de l'augmentation de la population urbaine. Pour chacun des documents, nomme la conséquence et indique si elle améliore ou non les conditions de vie de la classe ouvrière.

Les documents

Extrait du rapport publié en 1910 par la Commission royale d’enquête qui avait comme mandat de proposer des solutions pour enrayer la propagation de la tuberculose

« Nos villes ne présentent pas toutes le même degré d'insalubrité ni les mêmes éléments.  Entre toutes, Montréal est la plus insalubre, à cause de son atmosphère pleine de poussière soulevée par les automobiles et les tramways; de la fumée fournie par les cheminées de ses nombreuses usines; de ses nombreuses habitations insalubres; de sa population considérable d'immigrants qui se tassent dans des logements malpropres, infectés et humides et dans des quartiers insalubres par leur vétusté; enfin, à cause du tassement des maisons et de l'étroitesse des rues. »

Source : Emmanuel Persillier Lachapelle et al., Rapport de la Commission royale de la tuberculose, Province de Québec, 1909-1910, p. 86, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0006204728.

Extrait d’un article de journal paru en 1921

« [I]l n’en est pas ainsi dans des campagnes où il n’y a pas d’égouts, pas d’aqueduc, pas de chauffage central! [...] Combien d’agriculteurs, chez nous, furent attirés à la ville par l’attrait des commodités matérielles qu’offre, en comparaison de l’habitation rurale la plus opulente [luxueuse], le logement urbain le plus modeste? »

Source : Ol. Asselin, « L’hygiène à la ferme », L’Avenir du Nord, 1er avril 1921, p. 2, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000164429.

Extrait d’un article de journal publié en 1917

« La désertion des campagnes, en congestionnant les faubourgs des villes, en a augmenté la densité, qui a eu pour effet de raréfier les logements convenables, qui étaient déjà assez rares auparavant. »

Source : Louis-Marie Royer, « Le problème des habitations », Le Progrès de l’Est, 26 janvier 1917, p. 4, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000053364.

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 Cahier de traces