2. La politique intérieure du Canada au début du 20e siècle

2.2. La minorité franco-catholique

Décrire les conditions d’accès à l’enseignement français et catholique pour la minorité franco-catholique hors-Québec.

Tout au long de l’ère libérale, les droits linguistiques et religieux de la minorité franco-catholique du Canada sont remis en question dans les provinces à majorité anglo-protestante. Des groupes anglo-protestants, comme la société de l’Ordre d’Orange, s’opposent notamment au système des écoles séparées selon la religion et cherchent à assimiler les franco-catholiques en privilégiant l’enseignement de l’anglais.

Le premier dossier qui occupe les libéraux à la suite de leur élection est d’ailleurs celui de la question des écoles du Manitoba. Au terme de quatre mois de négociations avec Thomas Greenway, le premier ministre du Manitoba, le compromis Laurier-Greenway est adopté. Cette entente ne rétablit pas le système des écoles séparées, mais prévoit des mesures pour l’enseignement catholique et français en dehors des heures de classe. Le tout a pour objectif de tenter de satisfaire à la fois les demandes des francophones et des anglophones.

En Ontario, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique garantit des écoles séparées aux catholiques de la province. En 1912, le gouvernement ontarien adopte néanmoins le règlement 17, une mesure qui interdit l’enseignement en français au-delà de la deuxième année du primaire. Plusieurs francophones de l'Ontario se rassemblent pour contester le règlement 17, qui n'est plus appliqué à partir de 1927. Pour assurer l'enseignement du français à la minorité franco-catholique, le gouvernement ontarien crée ensuite un réseau scolaire bilingue au niveau primaire.

Description
Source : Auteur inconnu, Vue extérieure - École de la Nativité, Cornwall Est, Ontario (20e siècle), Archives Congrégation de Notre-Dame - Montréal. Licence : image utilisée avec la permission des Archives Congrégation de Notre-Dame - Montréal, tous droits réservés.
Portrait cartographique
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Source des données : Bureau fédéral de la statistique, « Langue maternelle de la population âgée de 10 ans et plus (exceptés [Autochtones]) par provinces, 1921 », Sixième recensement du Canada, Volume II, Population, Ottawa, F. A. Acland, 1925, p. 581, en ligne sur Archive.org.

 Question 2 - Dégager des différences et des similitudes

Les documents 1 à 3 présentent la position de trois acteurs sur le système des écoles confessionnelles bilingues. Nomme l’acteur qui présente une position différente et compare sa position à celle des deux autres.

Les documents

Extrait d’une résolution adoptée en 1912 par la Grand Orange Lodge of Ontario West (organisation orangiste)

« L’usage du français dans les écoles publiques et séparées de l’Ontario constitue une grave menace à l’intégrité de la province en tant que communauté anglophone. [...] Nous protestons donc [...] contre les privilèges spéciaux qu’accorde aux Français le règlement du ministère de l’Éducation [...] et nous demandons respectueusement au gouvernement de [...] l’Ontario d’édicter une loi et d’effectuer les modifications voulues au règlement [...] qui rendront illégale et impossible l’utilisation du français dans les écoles publiques et privées de [...] l’Ontario. »

Source : Grand Orange Lodge of Ontario West, « Résolution », 1912, cité dans Robert Choquette, Langue et religion : Histoire des conflits anglo-français en Ontario, Ottawa, Les Éditions de l’Université d’Ottawa, 1977, p. 169.

Extrait d’une lettre écrite en 1910 par Monseigneur Michael Francis Fallon, évêque de London en Ontario

« Un système bilingue aurait nécessairement des conséquences préjudiciables sur l'éducation de nos enfants, empêcherait nos écoles d'obtenir des résultats satisfaisants aux examens publics et tendrait ainsi à les discréditer, et donnerait à la province et au pays un corps de citoyens catholiques instruits inférieurement. »

Source : Mgr Michael Francis Fallon, « Lettre à l’archevêque Gauthier », 1910, cité dans Jean-Philippe Croteau, « Pourquoi le Règlement 17 paraissait-il nécessaire aux Irlandais? », dans Michel Bock et François Charbonneau (ed.), Le siècle du Règlement 17, Sudbury, Prise de parole, 2015, p. 48, traduction libre du Service national du Récit de l’univers social.

Extrait d’un article de journal écrit en 1913 par Henri Bourassa, homme politique et journaliste

« Le régime que les autorités provinciales veulent imposer aux écoles bilingues d’Ontario est absolument injustifiable, à tous les points de vue. [...]

La charte constitutionnelle décrète la parité des droits des deux langues dans toutes les sphères de la vie nationale [...] Les gouvernements provinciaux, qui pourvoient à l’instruction publique, sont donc tenus, moralement, d’après la constitution, de fournir aux contribuables de chacune des provinces du Canada [...] tout ce qui est nécessaire pour donner à leurs enfants une connaissance égale des deux langues [...]. »

Source : Henri Bourassa, « La lutte pour le français », Le Devoir, 17 décembre 1913, p.1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005226335.

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Cahier de traces