La politique canadienne au début du 20e siècle
2. Les impérialistes et les nationalistes
2.2. La Loi sur le service naval (1910) et l’autonomie du Canada
Identifier la position des impérialistes et des nationalistes canadiens-français sur la Loi sur le service naval.
La Loi sur le service naval (1910)
Au début du 20e siècle, la défense des côtes canadiennes est assurée par la marine militaire britannique. Or, la suprématie de cette dernière décline puisque les forces armées allemandes lui livrent une compétition de plus en plus féroce. En 1910, le gouvernement fédéral de Wilfrid Laurier décide donc d’adopter la Loi sur le service naval qui donne naissance à une marine militaire canadienne composée à l’origine de deux croiseurs. Ce faisant, le Canada prend le relai de la protection de ses côtes, ce qui permet à la Royal Navy de se concentrer sur la défense du Royaume-Uni contre l’Allemagne.
La création d’une marine de guerre canadienne renforce l’autonomie du Canada en matière de politique extérieure. Or, la Loi sur le service naval est source de débat entre les impérialistes et les nationalistes canadien-français.
Selon les partisans de l’Empire britannique, la loi du gouvernement Laurier n’en fait pas assez. Ils auraient souhaité que le Canada se dote d’une flotte de plus grande envergure et qu’il vienne financièrement en aide à la Royal Navy. Pour leur part, les nationalistes canadiens-français croient qu’une marine de guerre n’est pas nécessaire pour défendre le Canada. Ils pensent plutôt que des navires d’une telle puissance ne serviront qu’à être mobilisés par le Royaume-Uni dans des conflits étrangers au Canada, ce qu’ils estiment ne pas être souhaitable.
Question 3
Quelles sont les différences entre les positions d’Henri Bourassa, de Wilfrid Laurier et de Robert Borden à propos de la création d’une marine militaire canadienne?
Propos énoncés en 1910 par Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada
« La Chambre approuvera cordialement toute dépense nécessaire destinée à favoriser l'organisation d'un service naval canadien [...]. [La] suprématie navale est essentielle à la protection effective du commerce, au salut de l'empire et au maintien de la paix universelle. [...]
Aujourd'hui, dans ma province, il y a un certain groupe de mes compatriotes — on les appelle nationalistes — qui se sont séparés de mon parti et de moi, parce que je me suis invariablement efforcé de garder cette attitude de modération et cette orientation vers la concorde et l'harmonie entre les races et les cultes. »
Source : Wilfrid Laurier, « Discours prononcé devant la Chambre des Communes », 29 novembre 1910, Compte-rendu officiel des débats de la Chambre des Communes du Canada, 11 e parlement, 3e session, Ottawa, C.E. Parmelee, 1910-1911, p. 461 et 480, en ligne sur Ressources parlementaires historiques canadiennes.
Extrait d’une résolution rédigée en 1910 par Henri Bourassa et Armand Lavergne, hommes politiques et co-fondateurs de la Ligue nationaliste canadienne
« Nous sommes opposés à toute politique nouvelle qui nous entrainerait dans des guerres lointaines, étrangères au Canada [...].
Citoyens libres d’un pays démocratique, nous réclamons le droit d’exprimer hautement notre opinion sur cette question comme sur toute autre qui affecte le sort et les intérêts du Canada. »
Source : Henri Bourassa et Armand Lavergne, « Résolution adoptée contre la loi de la Marine lors d’une assemblée tenue à St-Eustache », 17 juillet 1910, cité dans Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec, t. 4 : 1896-1960, Sillery, Septentrion, 1997, p. 73.
Propos énoncés en 1910 par Robert Borden, chef du Parti conservateur du Canada
« [ Wilfrid Laurier] demande que nous construisions un certain nombre de croiseurs [...] Que vaudraient ces croiseurs comme unités de combat en temps de guerre? Tout au plus peut-on prétendre qu’ils serviraient à protéger le commerce, et encore je n’en suis pas certain. [...] Il n’y a rien dans le projet du Gouvernement qui doterait le Canada d’une véritable flotte de combat. Je considère la situation de l’empire comme très grave. [...] Le devoir du Canada [...] est de prendre des mesures immédiates et effectives pour qu’à l’heure du danger, nous puissions au moins apporter un secours égal à celui des autres grandes possessions britanniques. »
Source : Robert Borden, « Discussion générale du Bill relatif à la marine », 3 février 1910, Compte-rendu officiel des débats de la Chambre des Communes du Canada, 11e parlement, 2e session, Ottawa, C.E. Parmelee, 1909-1910, p. 3153, en ligne sur Ressources parlementaires historiques canadiennes.
Résume l’information pertinente de la section 2 « Les impérialistes et les nationalistes » dans la partie bleue du tableau.