L’Église catholique et les idéologies
3. Les idéologies au Québec au 19e siècle
L’Église prend beaucoup de place dans la société québécoise du 19e siècle. Plusieurs encouragent le clergé à s’impliquer dans toutes les sphères de la société alors que d’autres remettent en question la portée de son influence. Trois idéologies se positionnent sur le rôle de l’Église catholique dans la société canadienne-française. Malgré les débats sur le rôle qu’occupe l’Église catholique, la religion catholique représente une des valeurs traditionnelles des Canadiens français.
Rappelle-toi que l’ultramontanisme, l’anticléricalisme et le nationalisme de survivance se développent dans un contexte où l’Église catholique étend son influence dans toutes les sphères de la société. Dans l’ensemble, les représentants des idéologies dominantes peuvent être en accord ou en désaccord sur le rôle de l’Église dans la société, mais ils ne remettent pas en question les fondements de la religion catholique ou l’existence des croyances religieuses.
Question 6 - Établir des faits
Pour chacune des idéologies, dégage une caractéristique par document. Quelle valeur ou quel principe est défendu par l’auteur?
Ultramontanisme
Extrait d’une lettre écrite par Monseigneur Ignace Bourget, évêque de Montréal, en 1875
« Non-seulement l’Église est indépendante [du politique], mais elle lui est même supérieure par son origine, par son étendue et par sa fin… [Le politique] se trouve indirectement mais véritablement subordonnée, car non-seulement elle doit s’abstenir de tout ce qui peut mettre obstacle à la fin dernière et suprême de l’homme, mais encore elle doit aider l’Église dans sa mission divine et au besoin la protéger et la défendre… »
Source : Ignace Bourget, « Lettre pastorale concernant la sépulture de Joseph Guibord, membre de l’Institut Canadien », 3 octobre 1875, p. 11, en ligne sur Archive.org.
Extrait d’un livre écrit en 1878 par le prêtre Louis-Philibert Paquin, professeur à l’Université d’Ottawa
« Il fallait assurément que le pontife romain [le pape], chef de toute l'Église, ne fût ni le sujet, ni même l'hôte d'aucun prince; mais qu'assis sur son trône, et maitre dans son domaine et son propre royaume, il ne reconnût de droit que le sien et pût, dans une noble, paisible et douce liberté, protéger la foi catholique, défendre, régir et gouverner toute la république chrétienne. »
Source : Louis-Philibert Paquin, De la souveraineté temporelle du pape par un soldat du pape, Montréal, J.B. Rolland & fils, libraires éditeurs,1878, p. 77, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000104427.
Anticléricalisme
Homme politique, écrivain et journaliste, Louis-Antoine Dessaulles a rédigé de nombreux articles dans le journal L’Avenir.
« [...] malgré le progrès universel des idées démocratiques, le clergé presque en masse, de tous les pays, est stationnaire par instinct, immobile par calcul, rétrograde par nécessité, monarchiste par entêtement ou par intérêt. [...] Il fait aujourd’hui, ici et ailleurs, de la propagande sacrée dans des questions purement humaines. Il n’y a donc plus à délibérer. [...] Il faut combattre toutes les influences indues quelles que soient les idées ou les doctrines qu’elles représentent. »
Source : « Louis-Antoine Dessaulles, « La lutte entre le libéralisme et le despotisme », L’Avenir, 20 septembre 1849 », cité dans Yvan Lamonde (éd.), Louis-Antoine Dessaulles, Écrits, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1994, p. 115-116.
Extrait d’un article publié par le journaliste et auteur Arthur Buies en 1884
« La liberté de l'instruction publique! Voilà ce que nous voulons, et ce que le clergé ne veut concéder à aucun prix, et voilà pourquoi nous considérons le clergé comme l'ennemi naturel, instinctif des institutions, de l'esprit et de la science modernes. Nous voulons que l'instruction publique ne soit plus contrôlée par le clergé [...]. Que dans les matières purement, essentiellement spirituelles, le clergé ait un pouvoir et une autorité discrétionnaires, nous le concédons ; mais hors de là, rien, rien, si ce n'est la coopération à l'enseignement si le clergé la désire, car nous voulons que tout le monde soit libre d'enseigner. »
Source : Arthur Buies, « Article posthume », La Lanterne, 20 octobre 1884, p. 335-336, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000192821.
Nationalisme de survivance
Extrait d’un article de journal publié en 1881 par le journaliste et auteur Jules-Paul Tardivel
« Et nous invitons nos lecteurs à nous [...] informer de toute atteinte portée aux droits de la langue française qui viendra à leur connaissance; [...]. Il faut affirmer nos droits partout et toujours, les affirmer avec courage et persévérance si nous voulons qu’ils soient respectés et conservés. [...] voilà ce que les Canadiens-français doivent faire en tout lieu et en toute circonstance. »
Source : Jules-Paul Tardivel, « La langue française », La Vérité, 14 juillet 1881, p. 4, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082819.
Extrait d’un article de journal publié en 1858
« Une chose forte et puissante nous a été léguée par nos pères; [...] cette grande chose, vous l’avez devinée, lecteur, c’est la Foi Catholique. [...] Au Catholicisme seul le peuple canadien est redevable de sa nationalité ; au Catholicisme seul le peuple canadien est redevable de tout ce qui lui est cher aujourd’hui, et pas à d’autres causes. »
Source : Auteur inconnu, « Demain », La Minerve, 23 juin 1858, p. 2, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000328677.
Extrait de la biographie du curé François Pilote publiée en 1885
« Tout jeune, il avait compris que l'agriculture était notre sauvegarde, notre ancre de salut, la source la plus pure de notre prospérité nationale. [...] "Emparons-nous du sol!" fut toujours pour cet ami du laboureur une devise sacrée qu'il aimait à répéter dans ses nombreux écrits sur l'agronomie. »
Source : A. Béchard, M. L’abbé François Pilote curé de Saint-Augustin (Portneuf), Sainte-Anne de La Pocatière, Imprimerie de la Gazette des campagnes, 1885, p. 42, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000180077.
Cahier de traces
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