Le catholicisme, l'éducation et les luttes des femmes
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Cours: | Histoire du Québec et du Canada • 4e secondaire • 2022-2023 - Douance |
Livre: | Le catholicisme, l'éducation et les luttes des femmes |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | mercredi 4 décembre 2024, 17:44 |
1. Introduction
Dans ce chapitre, qui prend la forme d’un jeu, tu te pencheras sur l’influence morale et culturelle de l’Église dans la société québécoise de 1896 à 1945. Tu verras l’importance que prennent les effectifs religieux dans la société, particulièrement en éducation. Tu constateras les efforts faits par des religieuses et des laïcs afin de contribuer à l’amélioration de l’accès de l’éducation pour les femmes. Tu étudieras aussi le clérico-nationalisme, une idéologie qui soutient que la religion catholique est la base de la nation canadienne-française et que l’affirmation de cette nation dépend de la défense de ses valeurs traditionnelles, de son autonomie politique et de ses intérêts économiques.
Au cours du déroulement du jeu, prends le temps de bien analyser les documents et les informations disponibles. Tu devras répondre à des questions synthèses qui te permettront de consigner les éléments importants dans ton cahier de traces.
- Préciser des éléments du contexte en considérant principalement les aspects culturel, social et politique.
- Discerner des intentions, des valeurs de différents acteurs et de différentes institutions.
- Décrire leurs caractéristiques et les personnages historiques qui y sont associés.
- Comparer différentes perspectives sur la place des femmes en éducation et sur l’importance de la religion dans la pensée sociopolitique.
Avant de commencer, visionne la vidéo suivante afin de te remémorer le rôle de l’Église dans l’éducation au 19e siècle.
L'Église et l'éducation au 19e siècle
Au 20e siècle, l’augmentation des effectifs religieux se poursuit. Les choix faits dans le domaine de l’éducation dépendent grandement de l’Église qui exerce une influence à tous les niveaux d’enseignement.
À cette époque, l’école secondaire telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existe pas. Après avoir complété le cours primaire, qui durait alors 8 ans, les jeunes Canadiens français ont la possibilité de choisir parmi diverses institutions qui leur offrent un enseignement spécialisé, comme les écoles techniques, agricoles ou commerciales. Or, ces écoles n’accueillent qu’une minorité des jeunes francophones de la province, car plus de 90% d’entre eux ne poursuivent pas leurs études après le primaire.
Chez la plupart des garçons qui proviennent de milieux aisés, soit environ 5% des adolescents, l’institution de prédilection après le primaire est le collège classique. Ces établissements, administrés par des religieux, sont surtout fréquentés par l’élite. En effet, il s’agit de collèges privés dont la formation est avant tout théorique. Ce cours, d’une durée de 8 années, enseigne le latin, le grec, le français, l’anglais, la philosophie, la science et la religion. Il est le seul programme menant à un diplôme permettant aux jeunes francophones d’entrer à l’université.
Mis à part quelques rares exceptions, les collèges classiques du Québec sont réservés aux garçons.
2. La quête de Sœur Kirouac
La quête de Sœur Kirouac
Ce chapitre prend la forme d’un jeu dans lequel tu incarneras la sœur Adelcie Kirouac de la Congrégation des religieuses de Jésus-Marie.
Prends bien soin de lire attentivement les textes et de compléter les activités. Il s’agit de contenus importants qui feront aussi l’objet d’une évaluation. Assure-toi de faire les trois parties du jeu et n’oublie pas de t’amuser!
Première partie
Deuxième partie
Troisième partie
Les personnages historiques mentionnés dans le jeu
- Carrie Derick
- Irma Levasseur
- Marie Lacoste Gérin-Lajoie
- Maude Abbott
- Thérèse Casgrain
3. Conclusion
Tout comme les sœurs Adelcie Kirouac et Léa Drolet, plusieurs religieuses ont mené de brillantes carrières dans le milieu de l’éducation. Elles ont contribué au développement des programmes et des pratiques pédagogiques, mais aussi à l’administration des établissements scolaires. Dans la première moitié du 20e siècle, plusieurs femmes entrent d’ailleurs en communauté afin de pouvoir exercer une profession et d’occuper des postes de responsabilité, ce qui est alors impossible pour la grande majorité des femmes laïques.
Les communautés religieuses ont joué un rôle essentiel dans l’éducation des filles au Québec. En plus d’avoir contribué au développement des collèges classiques féminins, elles ont dispensé l’enseignement primaire et secondaire à de nombreux enfants. Elles ont également assuré la formation des enseignantes dans les écoles normales et celle des jeunes filles dans les écoles ménagères. Enfin, les efforts qu’elles ont déployés ont notamment permis d’instruire la génération de femmes qui ont porté les revendications féministes des années 1960.
4. Questions courtes : utilisation appropriée des connaissances
Question 1 - Dégager des différences et des similitudes
À partir des documents ci-dessous, indiquez la différence entre l’accès aux études universitaires entre les femmes francophones et les femmes anglophones.
À l’université anglophone McGill, les femmes sont autorisées à assister à des cours à partir de 1884, quoique dans des salles séparées de celles des hommes. Ainsi, Maude Abbott obtient son baccalauréat en 1890 et termine première de sa promotion. Par contre, elle doit s’inscrire à l’université Bishop de Lennoxville afin de poursuivre ensuite ses études en médecine, les femmes n’étant admises dans cette faculté à McGill qu’à partir de 1911.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social
Du côté des francophones, Marie Sirois devient la première à recevoir un certificat en études littéraires de l’Université Laval en 1904. Par ailleurs, les universités francophones n’admettent des femmes en médecine qu’à compter de 1925.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social
Cahier de traces
Question 2 - Mettre en relation des faits
Inscrivez les numéros des documents qui présentent des faits relatifs au nationalisme canadien-français et au clérico-nationalisme.
« L’habitant canadien aime beaucoup sa famille. Il aime aussi beaucoup sa terre qu’il a faite, en tout ou en partie, pouce par pouce, pied par pied, qui lui permet de mettre du pain sur la table, qui chaque jour réunit en corvée joyeuse la bande de ses enfants et sa femme elle-même, dure aux travaux des champs comme à ceux de la maison. »
Source : Abbé Lionel Groulx, Chez nos ancêtres, Montréal, Bibliothèque de l’Action française, 1920, p. 23 et 27, en ligne.
Cette idéologie défend l’autonomie du Canada par rapport à l’Empire britannique et l’autonomie des provinces vis-à-vis du gouvernement fédéral.
Cette idéologie prône des valeurs traditionnelles. Elle place la religion catholique au centre de ses valeurs auxquelles s’ajoutent l’agriculture et la langue française.
« Il s’agit de décider si le peuple canadien sera appelé à prendre part à toutes les guerres de l’Empire sans que les portes du cabinet et du parlement impériaux lui soient ouvertes, sans même que ses représentants et son gouvernement soient consultés sur l’opportunité de ces luttes sanglantes. Je ne consentirai jamais à appuyer cette politique rétrograde. »
Source : Henri Bourassa, « Lettre de démission à Sir Wilfrid Laurier », 20 octobre 1899, citée dans Yvan Lamonde et Claude Corbo, Le rouge et le bleu. Une anthologie de la pensée politique au Québec de la Conquête à la Révolution tranquille, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1999, p. 302-303.
Cahier de traces
Question 3 - Établir des liens de causalité
Explique comment les revendications des militantes féministes amènent le gouvernement provincial à adopter une loi qui accorde davantage de droits aux femmes. Dans ta réponse, tu dois préciser les éléments suivants et les lier entre eux :
- une revendication des militantes féministes;
- la tenue d’une enquête publique;
- une législation adoptée par le gouvernement provincial.
La Commission Dorion avait pour objectif d’étudier le statut juridique des femmes au Québec. En février 1930, les commissaires déposent leur rapport à l’Assemblée nationale
« Les commissaires, tous d’ardents nationalistes, rejettent un bon nombre de demandes [des associations féministes] sous prétexte que le Code civil, hérité de la France, représente l’un des principaux fondements de la nation et que la plupart de ses dispositions, surtout celles qui consacrent l’incapacité juridique des femmes mariées et la puissance maritale du père, émanent de la loi divine. Malgré tout, ils acceptent de recommander l’adoption de certains changements, dont l’un des plus importants est sans aucun doute la reconnaissance aux femmes mariées du droit à la propriété de leur salaire de manière à empêcher le mari de s’en emparer alors même qu’il refuse d’assumer ses responsabilités de pourvoyeur. »
Source : Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec, Montréal, Boréal, 2012, p. 161-162.
« La Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste adressait à l'Honorable Alexandre Taschereau, le 21 janvier 1928, une délégation importante chargée d'attirer son attention sur la nécessité d'amender certains articles du Code civil de la Province de Québec [...] Le Premier Ministre daigna recevoir cette demande avec sympathie et nous conseilla de formuler nous-mêmes notre programme, disant qu'il le soumettrait à des autorités compétentes pour être étudié et discuté. [...] La Loi du salaire de la femme mariée semble nécessaire dans la Communauté légale, pour conserver l'intégrité du foyer quand une femme mariée est dans la dure nécessité, pour se protéger et protéger ses enfants, de gagner sa vie. »
Source : Auteur inconnu, « Requêtes de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste à la législature », La Bonne parole, vol. 18, no. 3, mars 1929, p. 5-6, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000158574.
Le 11 mars 1931, l’article suivant est ajouté au Code civil du Bas-Canada
« 1425 a) Les produits du travail personnel de la femme, les économies en provenant et les meubles ou immeubles qu’elle aura acquis en en faisant emploi [...] sont réservés à l'entière administration de la femme. »
Source : Loi modifiant le Code civil et le Code de procédure civile, relativement aux droits civils de la femme, SQ 1930-31 (21 GeoV), c. 101, art. 1425, en ligne sur Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec.
Cahier de traces
Question 4 - Déterminer des changements et des continuités
À partir des documents ci-À partir des documents 10 et 11, indique un élément de continuité dans le rôle de l’Église entre 1896 et 1950., indiquez la différence entre l’accès aux études universitaires entre les femmes francophones et celles anglophones.
Cahier de traces
Question 5 - Situer dans le temps
Les documents 12 à 15 présentent des évènements en lien avec les luttes des femmes au début du 20e siècle. Place-les en ordre chronologique.
« [...] la Chambre [des communes] a décidé d’accorder le droit de vote aux femmes canadiennes. »
Source : Auteur inconnu, « Les femmes voteront », L’Étoile du Nord, p. 1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000169256.
Le 11 mars 19[...], l’article suivant est ajouté au Code civil du Bas-Canada
« 1425 a) [...] les produits du travail personnel de la femme, les économies en provenant et les meubles ou immeubles qu’elle aura acquis en en faisant emploi [...] sont réservés à l'entière administration de la femme. »
Source : Loi modifiant le Code civil et le Code de procédure civile, relativement aux droits civils de la femme, SQ 1930-31 (21 GeoV), c. 101, art. 1425, en ligne sur Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec.
« Grâce au dévouement des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, Montréal sera bientôt doté d'une École supérieure pour les jeunes filles [collège classique]. C’est au mois d'octobre prochain, dans leur nouvelle maison-mère de la rue Sherbrooke, que les Filles de l’illustre Marguerite Bourgeois ouvriront [...] [la première] École d’Enseignement supérieur. »
Source : Auteur inconnu, « Une école d’enseignement supérieur », L’Enseignement primaire, vol. 30, no. 1, p. 63, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0004885831.
Cahier de traces
Question 6 - Déterminer des causes et des conséquences
Pourquoi le gouvernement met-il en place la loi sur la fréquentation de l’école obligatoire?
« À sa session de 1943, la Législature de Québec a adopté la loi de la fréquentation scolaire obligatoire [...]. Inspirée par les meilleurs intérêts de l’enfance, cette loi assure à tous les enfants de la Province un stage d’au moins huit ans à l’école et leur permet ainsi d’acquérir le minimum d’instruction nécessaire de nos jours. [...] Un des premiers effets de la loi sera de prolonger la vie scolaire d’un grand nombre d’enfants. Dans le passé, un bon nombre d’élèves quittaient l’école [...] vers 11, 12 ou 13 ans. [...] La loi vise aussi à assurer la présence de l’enfant à l’école durant tous les jours de classe. L’assiduité est un facteur essentiel du rendement scolaire. [...] Bien observée, la loi de fréquentation obligatoire contribuera à diminuer les absences injustifiables et à relever le rendement général de notre système scolaire. »
Source : Département de l’Instruction publique de la province de Québec, Instructions concernant la fréquentation scolaire obligatoire et la gratuité des livres, Québec, 1944, p. 3-4, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005212349.
Cahier de traces
Question 7 - Établir des faits
Comment se nomme le type de littérature des années 1920-1940 qui met en valeur la tradition et l’agriculture? Explique ta réponse à l’aide d’un fait tiré du document.
Extrait du roman Restons chez nous de Damase Potvin
« — Déjà à l’ouvrage, Jeanne, comme tu es matinale et vaillante !
— Il le faut bien : tiens, regarde : deux, quatre, six, huit… huit vaches à traire, seule ; et je n’ai qu’une toute petite demi-heure… la voiture de la fromagerie va passer dans un instant ; et, ce matin, c’est le grand Pierre qui passe, et, tu sais, le grand Pierre, il ne lambine pas, ah ! non… Et puis, en arrivant à la maison, le déjeuner à préparer au père et à Jules, que nous avons engagé pour l’automne, le ménage à faire, les poules à soigner, des confitures à faire cuire, des citrouilles à peler… ah ! c’est qu’il en coûte aux bras et aux jambes d’être maîtresse de maison [...] »
Source : Damase Potvin, Restons chez nous, Québec, J. Alf. Guay,1908, p. 9-10, en ligne sur Wikisource.
Cahier de traces
Question 8 - Établir des faits
Que recommande l’économiste Esdras Minville quant au rôle que devraient prendre les francophones dans l’économie?
« La plupart de nos industries, et les principales, s'alimentent à forte dose à la source du capital américain. [...] Or, grâce à notre politique de concession sans recours, Anglais et Américains, au cours des dernières années, se sont fait concéder [...] de larges tranches de nos réserves forestières, ont élevé des usines et des fabriques à la lisière de nos bois et s'y sont livrés à une exploitation telle, qu'ouvrant les yeux aujourd'hui, nous en redoutons l'épuisement prochain.
Il ne faut pas s'illusionner, les remèdes au mal que nous dénonçons aujourd'hui sont d'application difficile [...]. Il nous faut occuper nous-mêmes toutes les avenues du domaine économique, nous emparer des ressources que l'étranger vient exploiter ici [...]. »
Source : Esdras Minville, « L'ennemi dans la place : le capital étranger », L’Action française, Vol. XI, No 6, juin 1924, p. 323-349, en ligne sur L’Encyclopédie de l’histoire du Québec, Collège Marianopolis.
Cahier de traces
5. Questions courtes : maitrise des connaissances
Vérifie tes connaissances - Clérico-nationalisme et suffrage féminin
Vérifie tes connaissances - Revendication pour le suffrage féminin
Qui revendique l’obtention du droit de vote des femmes? Associe chaque nom à la bonne photographie pour connaitre les personnages clés de cette revendication.
Les sources :
- André Larose, Marie-Thérèse Casgrain (vers 1950), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 5011359. Licence : domaine public.
- Auteur inconnu, « Madame F.-L. Béique (Caroline Dessaulles) », dans Madeleine Gleason-Huguenin, Portraits de femmes, Montréal, Éditions la Patrie, 1938, p. 73, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005013313. Licence : domaine public.
- Auteur inconnu, « Madame Henri Gérin-Lajoie (Marie Lacoste) », dans Madeleine Gleason-Huguenin, Portraits de femmes, Montréal, Éditions la Patrie, 1938, p. 138, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005013313. Licence : domaine public.
- Wm. Notman & Son, Mlle Carrie M. Derrick, Montréal, QC (1890), Musée McCord, II-92010. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Vérifie tes connaissances - Fréquentation scolaire
6. Révision
Visionne les explications d'une enseignante sur les éléments les plus importants du chapitre.