L’immigration et l’urbanisation au début du 20e siècle
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Livre: | L’immigration et l’urbanisation au début du 20e siècle |
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Date: | samedi 23 novembre 2024, 18:47 |
1. Introduction
Dans un contexte où se poursuivent les phénomènes d’immigration et d’urbanisation, le Canada cherche à consolider son autonomie sur les plans économique et socioculturel. Pour encourager le développement économique du pays, le gouvernement favorise entre autres l’immigration de personnes susceptibles de constituer une main-d'œuvre répondant aux besoins des industriels. Les mouvements migratoires continuent d’ailleurs de transformer les sociétés canadiennes et québécoises ainsi que d’amplifier le phénomène d’urbanisation.
Au sein des grandes villes, les populations font l’expérience de modes de vie qui diffèrent largement de ceux connus en milieu rural. Ces populations de plus en plus denses composent avec des problèmes d’hygiène et de santé auxquels les gouvernements provinciaux et municipaux tentent de trouver des solutions. La densité de la population urbaine permet aussi le développement d’une culture de masse qui prend forme dans des nouveaux médias comme la radio et le cinéma.
Entre 1896 et 1945, comment se manifestent les phénomènes de l’immigration, de l’urbanisation et de la culture de masse au Canada et au Québec? Quelles sont les conséquences de ces phénomènes sur la population?
- Situer dans le temps et dans l’espace les caractéristiques de l’immigration, de l’urbanisation et de la culture de masse au début du 20e siècle.
- Identifier différents acteurs historiques.
- Préciser le contexte en considérant les aspects de société.
- Analyser les conséquences qu’entrainent chacun des concepts travaillés sur la société québécoise.
Un projet technologique te sera proposé à la fin du chapitre. Il te permettra de valider tes connaissances et ta maitrise des compétences 1 et 2.
2. La politique intérieure du Canada au début du 20e siècle
En 1896, une nouvelle ère politique s’installe au niveau fédéral lorsque les libéraux de Wilfrid Laurier gagnent les élections et défont les conservateurs qui étaient au pouvoir depuis 1878. Pour renforcer la fédération canadienne et pour soutenir son expansion vers l’Ouest, le gouvernement de Wilfrid Laurier met en œuvre une politique intérieure qui lui permet de soutenir le développement économique du pays.
Durant l’ère libérale, la politique intérieure canadienne est caractérisée par des ententes avec les provinces et des compromis entre les populations anglophones et francophones. En continuité avec le 19e siècle, cette politique compte également sur le maintien des mesures d'assimilation des peuples autochtones pour faciliter l’expansion territoriale et la création de nouvelles provinces. Entre 1896 et 1949, trois provinces et un territoire se joignent d’ailleurs à la fédération canadienne, tandis que les provinces déjà établies continuent de modifier leurs frontières.
Le développement du territoire canadien
Sur la carte ci-dessous, quels sont les provinces et les territoires à être entrés dans la fédération canadienne entre 1896 et 1949?
2.1. Une ère libérale entre 1896 et 1911
Caractériser l’ère libérale de 1896 à 1911
Wilfrid Laurier, chef du Parti libéral du Canada depuis 1887, devient premier ministre du Canada en 1896. Sa victoire sur les conservateurs est notamment attribuable à l’appui que lui ont réservé de nombreux Canadiens français. Ceux-ci croient voir en Laurier le héros de la minorité francophone du Canada. Laurier gouverne le Canada jusqu’en 1911, et ses quinze années au pouvoir sont marquées par une volonté de consolider la fédération et d’unifier la nation canadienne. Pour y arriver, Wilfrid Laurier propose des compromis entre les positions divergentes des Canadiens anglais et des Canadiens français.
Le développement économique
Au plan du développement économique, les libéraux poursuivent essentiellement les mêmes politiques que les conservateurs. Le gouvernement de Laurier continue notamment d’encourager le développement ferroviaire. En 1910, trois chemins de fer transcontinentaux se partagent ainsi l’immense marché du transport d’est en ouest : le Canadien Pacifique, le Canadien Nord et le Grand Tronc. Ces trois tracés contribuent à relier l’immense territoire canadien.
Néanmoins, les libéraux divergent légèrement de la politique tarifaire des conservateurs. Sans pour autant abolir les tarifs douaniers, ils les diminuent légèrement pour les importations qui proviennent de pays alliés de l’Empire britannique. L’objectif de cette décision est de faire un compromis entre la position des défenseurs du libre-échange et celle des adeptes du protectionnisme.
Associe les énoncés à la bonne photographie.
Les sources :
- William James Topley, Le très honorable sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada de 1896 à 1911 (1906), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3622966. Licence : domaine public.
- William James Topley, Sir John A. Macdonald (vers 1883), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3218735. Licence : domaine public.
Les pouvoirs fiscaux
En vertu de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (AANB), le gouvernement fédéral a des pouvoirs fiscaux plus étendus que ceux des provinces puisqu’il a des dépenses plus importantes que celles-ci. En effet, le gouvernement canadien a des pouvoirs de taxation qui lui permettent de percevoir des taxes et des impôts sur les activités commerciales ainsi que les revenus des personnes. Durant la Première Guerre mondiale, ce sont ces pouvoirs de taxation qui lui permettent d’établir un impôt sur le revenu pour financer l’effort militaire.
Au début du 20e siècle, les dépenses des provinces augmentent rapidement, ce qui les pousse à se tourner vers le gouvernement fédéral afin d’obtenir plus de financement. Pour répondre à cette demande, Wilfrid Laurier convient d’augmenter le montant d’argent que le fédéral transfère chaque année aux provinces. En 1907, le gouvernement canadien modifie donc l’AANB pour que le montant auquel chaque province a droit soit établi en fonction de la taille de sa population. Au Québec, le montant octroyé annuellement passe de 1 086 000$ en 1906 à 1 686 000$ en 1907, ce qui représente une augmentation de 64 %.
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2.2. La minorité franco-catholique
Décrire les conditions d’accès à l’enseignement français et catholique pour la minorité franco-catholique hors-Québec.
Tout au long de l’ère libérale, les droits linguistiques et religieux de la minorité franco-catholique du Canada sont remis en question dans les provinces à majorité anglo-protestante. Des groupes anglo-protestants, comme la société de l’Ordre d’Orange, s’opposent notamment au système des écoles séparées selon la religion et cherchent à assimiler les franco-catholiques en privilégiant l’enseignement de l’anglais.
Le premier dossier qui occupe les libéraux à la suite de leur élection est d’ailleurs celui de la question des écoles du Manitoba. Au terme de quatre mois de négociations avec Thomas Greenway, le premier ministre du Manitoba, le compromis Laurier-Greenway est adopté. Cette entente ne rétablit pas le système des écoles séparées, mais prévoit des mesures pour l’enseignement catholique et français en dehors des heures de classe. Le tout a pour objectif de tenter de satisfaire à la fois les demandes des francophones et des anglophones.
En Ontario, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique garantit des écoles séparées aux catholiques de la province. En 1912, le gouvernement ontarien adopte néanmoins le règlement 17, une mesure qui interdit l’enseignement en français au-delà de la deuxième année du primaire. Plusieurs francophones de l'Ontario se rassemblent pour contester le règlement 17, qui n'est plus appliqué à partir de 1927. Pour assurer l'enseignement du français à la minorité franco-catholique, le gouvernement ontarien crée ensuite un réseau scolaire bilingue au niveau primaire.
Source des données : Bureau fédéral de la statistique, « Langue maternelle de la population âgée de 10 ans et plus (exceptés [Autochtones]) par provinces, 1921 », Sixième recensement du Canada, Volume II, Population, Ottawa, F. A. Acland, 1925, p. 581, en ligne sur Archive.org.
Question 2 - Dégager des différences et des similitudes
Les documents 1 à 3 présentent la position de trois acteurs sur le système des écoles confessionnelles bilingues. Nomme l’acteur qui présente une position différente et compare sa position à celle des deux autres.
Extrait d’une résolution adoptée en 1912 par la Grand Orange Lodge of Ontario West (organisation orangiste)
« L’usage du français dans les écoles publiques et séparées de l’Ontario constitue une grave menace à l’intégrité de la province en tant que communauté anglophone. [...] Nous protestons donc [...] contre les privilèges spéciaux qu’accorde aux Français le règlement du ministère de l’Éducation [...] et nous demandons respectueusement au gouvernement de [...] l’Ontario d’édicter une loi et d’effectuer les modifications voulues au règlement [...] qui rendront illégale et impossible l’utilisation du français dans les écoles publiques et privées de [...] l’Ontario. »
Source : Grand Orange Lodge of Ontario West, « Résolution », 1912, cité dans Robert Choquette, Langue et religion : Histoire des conflits anglo-français en Ontario, Ottawa, Les Éditions de l’Université d’Ottawa, 1977, p. 169.
Extrait d’une lettre écrite en 1910 par Monseigneur Michael Francis Fallon, évêque de London en Ontario
« Un système bilingue aurait nécessairement des conséquences préjudiciables sur l'éducation de nos enfants, empêcherait nos écoles d'obtenir des résultats satisfaisants aux examens publics et tendrait ainsi à les discréditer, et donnerait à la province et au pays un corps de citoyens catholiques instruits inférieurement. »
Source : Mgr Michael Francis Fallon, « Lettre à l’archevêque Gauthier », 1910, cité dans Jean-Philippe Croteau, « Pourquoi le Règlement 17 paraissait-il nécessaire aux Irlandais? », dans Michel Bock et François Charbonneau (ed.), Le siècle du Règlement 17, Sudbury, Prise de parole, 2015, p. 48, traduction libre du Service national du Récit de l’univers social.
Extrait d’un article de journal écrit en 1913 par Henri Bourassa, homme politique et journaliste
« Le régime que les autorités provinciales veulent imposer aux écoles bilingues d’Ontario est absolument injustifiable, à tous les points de vue. [...]
La charte constitutionnelle décrète la parité des droits des deux langues dans toutes les sphères de la vie nationale [...] Les gouvernements provinciaux, qui pourvoient à l’instruction publique, sont donc tenus, moralement, d’après la constitution, de fournir aux contribuables de chacune des provinces du Canada [...] tout ce qui est nécessaire pour donner à leurs enfants une connaissance égale des deux langues [...]. »
Source : Henri Bourassa, « La lutte pour le français », Le Devoir, 17 décembre 1913, p.1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005226335.
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2.3. La vie des Premières Nations et de la nation inuite sous les politiques canadiennes
Déterminer des changements dans la situation vécue par les Premières Nations et la nation inuite au début du 20e siècle.
L’expansion de la fédération canadienne et la colonisation de l’Ouest se produisent au détriment des populations autochtones, qui sont généralement écartées de leurs terres ancestrales par le gouvernement fédéral. Dans la première moitié du 20e siècle, ce gouvernement poursuit d’ailleurs ses visées d’assimilation à l’égard des Premières Nations en s'appuyant sur la Loi sur les Indiens de 1876. Aussi, le gouvernement canadien commence à intervenir auprès de la nation inuite, qui a de plus en plus de contacts avec les missionnaires et les marchands d’origine européenne.
Vérifie tes connaissances - Pensionnats autochtones
Question 3
Nomme un changement dans la situation des Premières Nations et un changement dans celle de la nation inuite.
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3. L’immigration au Canada
La politique intérieure du gouvernement fédéral cherche à soutenir le développement économique du Canada, qui demeure dépendant de la colonisation de l’Ouest et de l'industrialisation. En vue de répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les milieux ruraux et urbains, le gouvernement canadien intensifie donc le recrutement des immigrants, ce qui ne l’empêche pas de maintenir des mesures discriminatoires quant à leur provenance, leur statut économique et leur état de santé.
Entre 1896 et 1945, trois millions d'immigrants s'installent donc au Canada dans la foulée des tensions politiques en Europe et des guerres mondiales, en quête d’une vie meilleure que fait miroiter le gouvernement canadien. Dans les provinces, l’immigration contribue fortement à l’augmentation de la population, ce qui engendre son lot de défis en lien avec l’intégration d’individus aux origines ethniques variées.
3.1. L’intensification et la diversification de l’immigration
Décrire la politique de recrutement du gouvernement fédéral et déterminer ses conséquences sur la composition de la population canadienne au début du 20e siècle.
L’intensification de l’immigration
Comme les conservateurs de John A. Macdonald, le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier cherche à intensifier l’immigration en vue d’assurer la croissance démographique et le développement économique du Canada. Dès 1896, Laurier demande à Clifford Sifton, ministre responsable de l’immigration, de mettre sur pied une politique de recrutement afin de stimuler le peuplement des Prairies. Soutenue par une vaste campagne publicitaire, cette politique vise à recruter des personnes au sein de trois grands bassins d’immigration : les États-Unis, les îles britanniques et l’Europe.
Jusqu’à la fin du mandat de Laurier, la politique de recrutement entraine une augmentation rapide du nombre annuel d’immigrants, qui passe de 16 800 à 331 300 entre 1896 et 1911. Les nouveaux arrivants s’installent dans les grandes villes canadiennes pour trouver du travail dans les usines ou ils optent pour la colonisation de terres agricoles dans l’Ouest. Avec l’arrivée de personnes venues des pays du sud et de l’est de l’Europe, les origines ethniques des immigrants se diversifient, modifiant la composition d’une population canadienne qui devient de plus en plus cosmopolite.
Que nous apprend cette affiche publicitaire sur la manière dont était présentée l’immigration vers l’Ouest canadien?
Source : Gouvernement du Canada, L’Ouest canadien - le nouvel Eldorado (entre 1890 et 1920), Bibliothèque et Archives Canada , MIKAN 2945432. Licence : domaine public.
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3.2. Les immigrants et l’État canadien
Décrire les politiques d’immigration du gouvernement fédéral et les structures d’accueil des immigrants dans la société canadienne au début du 20e siècle.
L’essor de l’immigration s’accompagne de politiques gouvernementales discriminatoires, dont certaines sont fondées sur l’idéologie raciste. Autrement dit, l’État canadien tente de contrôler les flux migratoires en déterminant la provenance des immigrants selon leurs origines ethniques. Dès leur entrée au pays, le gouvernement fédéral recense et surveille les nouveaux arrivants, sans pour autant les aider à trouver un logement ou un emploi.
Le contrôle de l’immigration
À la fin du 19e siècle, le gouvernement fédéral établit des conditions financières qui limitent l’entrée des immigrants chinois au Canada. En effet, le gouvernement fédéral leur impose une taxe d’entrée de 50 dollars en 1885, augmentée à 500 dollars en 1903, ce qui représente une somme importante pour l’époque. Les Chinois, nombreux à être entrés sur le territoire pour travailler à la construction du réseau ferroviaire, sont initialement le seul groupe ethnique ciblé par des restrictions.
Au début du 20e siècle, de plus en plus de restrictions sont imposées à certaines catégories d’immigrants pour limiter ou empêcher leur entrée au Canada sur la base de leur origine ethnique, de leur statut économique ou de leur condition physique. Par exemple, le gouvernement fédéral adopte une loi pour se donner le pouvoir de refuser l’entrée aux immigrants qu’il juge indésirables et pour faciliter leur déportation. Parmi ces « indésirables », on retrouve les communistes et certaines minorités religieuses et ethniques d’Europe, ainsi que les Asiatiques et les Africains.
Le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 freine brutalement l’arrivée des immigrants au Canada. Une certaine reprise s’observe après la guerre, mais la crise économique de 1929 entraîne un ralentissement substantiel de l’immigration. En 1931, afin d’éviter que de nouveaux arrivants sans emploi ne viennent aggraver le chômage, le gouvernement fédéral applique le décret le plus restrictif de l’histoire du Canada en matière d’immigration. Celui-ci sera en vigueur jusqu’en 1947.
Le document 5 présente l'extrait d'un décret adopté le 21 mars 1931 par le Ministère de l’Immigration et de la Colonisation du Canada. Quel était l'objectif de cette loi?
« L'agent d'immigration peut permettre l’entrée au Canada à [...] :
- Un sujet britannique entrant au Canada directement ou indirectement [...] et disposant de moyens suffisants pour se maintenir jusqu'à ce qu’il parvienne à trouver un emploi [...].
- Un citoyen américain entrant au Canada en provenance des États-Unis et disposant de moyens suffisants pour se maintenir jusqu'à ce qu’il parvienne à trouver un emploi. [...]
- Un agriculteur ayant les moyens suffisants pour cultiver au Canada. [...]
Les dispositions de ce Décret du conseil ne s’appliquent pas aux immigrants de race asiatique. »
Source : « Décret du Conseil PC 1931-695, 21 mars 1931 », Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 1446825.
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L’accueil des immigrants
De nombreux immigrants arrivent au Canada par train ou par bateau, dans les gares ou les ports de Vancouver, Toronto, Montréal et Halifax. Dans ces villes, le gouvernement fédéral administre des bureaux qui recensent les nouveaux arrivants et qui les soumettent à un examen médical ou à une quarantaine si nécessaire. Le gouvernement canadien fournit ensuite peu d’aide aux immigrants qui entrent au pays.
Dans les groupes déjà établis au Québec, les nouveaux arrivants se tournent vers des membres de leur famille ou de leur communauté pour se trouver un logement et un emploi. Par exemple, les Juifs qui arrivent au pays au début du 20e siècle viennent grossir les rangs des communautés juives bien implantées dans les villes canadiennes depuis au moins la seconde moitié du 19e siècle. Si plusieurs choisissent de demeurer chez un parent ou un ami, d’autres profitent des services offerts par les associations d’aide comme la Jewish Immigrant Aid Services (Services d’assistance aux immigrants juifs), créée à Montréal en 1920 par et pour la communauté juive.
Les immigrants ne peuvent pas tous compter sur une communauté déjà établie puisque plusieurs d’entres eux arrivent seuls, dans l’espoir de faire venir leur femme et leurs enfants. Par exemple, au début du 20e siècle, la première vague d’immigration italienne se constitue principalement d’hommes issus de familles paysannes qui cherchent du travail. Cela dit, les immigrants italiens arrivent en grand nombre, ce qui leur permet de former une communauté dotée d’églises, de commerces et de restaurants à l’image de leur culture. En quelques décennies, Montréal assiste ainsi à la création d’un quartier que l’on nomme la Petite-Italie, qui devient un lieu d'accueil et d’intégration pour de nombreuses familles italiennes.
Selon les informations fournies par l’historien Paul-André Linteau, associe les communautés culturelles et la majorité linguistique aux espaces appropriés sur la carte.
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4. La vie en ville au Québec
Pendant la période de 1896 à 1945, en raison de l’industrialisation et de l’immigration, le phénomène de l’urbanisation se poursuit, ce qui a des impacts sur les infrastructures municipales, sur la santé publique et sur la culture. À la fin du 19e siècle, environ 36 % de la population du Québec vit dans des milieux urbains. Peu après la fin de la Première Guerre mondiale, cette proportion bascule et en 1921, la majorité (52 %) des gens vivent en ville.
La plupart des citadins travaillent dans des usines, des commerces, ou des services publics. Ils habitent dans des logements exigus et ils se déplacent dans des tramways électriques. De plus en plus de personnes qui vivent en ville ont l’occasion de se divertir en fréquentant des cinémas et des cabarets ou en écoutant les parties de lutte ou de hockey à la radio.
4.1. La santé publique et l’hygiène en ville
Comprendre l’impact de la croissance urbaine sur les conditions de vie et de santé de la population et sur le développement des infrastructures municipales.
Au tournant du 20e siècle, plusieurs enjeux de santé publique font surface dans les villes du Québec. Des infrastructures de base avaient été installées au milieu du 19e siècle, comme des aqueducs ou des égouts. Or, un nombre sans cesse croissant de personnes vivent en ville et bien vite ces installations ne suffisent plus. D’ailleurs, tous n’ont pas accès aux mêmes services, qui sont offerts par des compagnies privées. Les plus riches peuvent se permettre de faire installer chez eux l’eau courante, l’électricité et des toilettes ou des baignoires modernes.
Cependant, les classes sociales moins bien nanties doivent souvent se contenter d’installations beaucoup plus modestes et moins hygiéniques, comme des latrines extérieures au lieu de toilettes intérieures. Les infrastructures les plus urgentes à moderniser sont donc les égouts et les canalisations d’aqueducs. Dans les quartiers populaires, certaines maisons vétustes sont démolies et on bâtit des habitations plus modernes, avec l’électricité, l’accès à l’égout et l’eau courante. Les services disponibles dans les villes commencent aussi à évoluer alors que des bains publics sont construits dès 1908. Ceux-ci ont pour objectif de permettre aux habitants des quartiers ouvriers dont le logis n’est pas doté d’une baignoire ou d’un accès à l’eau chaude d’avoir une meilleure hygiène personnelle.
La qualité de l’air dans les quartiers ouvriers est aussi une préoccupation. On cherche à aménager des parcs pour les familles et pour les enfants, eux qui n’ont souvent que les rues et les ruelles pour terrains de jeux. Des épidémies de tuberculose et de variole font des ravages. Quant à la qualité du lait qu’on donne aux nourrissons, elle est souvent assez mauvaise. Il n’est pas toujours pasteurisé, il peut être mal conservé et certains producteurs y mêlent même de la craie pour améliorer sa blancheur. Si bien qu’au début du 20e siècle, Montréal détient l’un des pires taux de mortalité infantile en Occident, soit près de 300 enfants sur 1 000. La situation se sera à peine améliorée en 1930 : la métropole perd 135 enfants sur 1 000.
Les municipalités et le gouvernement provincial mettent en place à cette époque certains services, notamment des commissions d’hygiène et des bureaux de santé publics, pour tenter de répondre aux besoins des citoyens. De plus en plus de cliniques spécialisées ouvrent également leur portes.
À cette époque, le système de santé n’est pas universel. Les hôpitaux sont à la charge des communautés religieuses, chez les francophones, ou dirigés par des groupes de philanthropes et de médecins, chez les anglophones. Le domaine des soins aux enfants se distingue : les cliniques « Gouttes de lait » sont des centres de collecte de lait pur et frais qui offrent aussi des soins aux nourrissons et des conseils aux mères.
Question 9 - Déterminer des causes et des conséquences
Les documents 6, 7 et 8 présentent des conséquences de l'augmentation de la population urbaine. Pour chacun des documents, nomme la conséquence et indique si elle améliore ou non les conditions de vie de la classe ouvrière.
Extrait du rapport publié en 1910 par la Commission royale d’enquête qui avait comme mandat de proposer des solutions pour enrayer la propagation de la tuberculose
« Nos villes ne présentent pas toutes le même degré d'insalubrité ni les mêmes éléments. Entre toutes, Montréal est la plus insalubre, à cause de son atmosphère pleine de poussière soulevée par les automobiles et les tramways; de la fumée fournie par les cheminées de ses nombreuses usines; de ses nombreuses habitations insalubres; de sa population considérable d'immigrants qui se tassent dans des logements malpropres, infectés et humides et dans des quartiers insalubres par leur vétusté; enfin, à cause du tassement des maisons et de l'étroitesse des rues. »
Source : Emmanuel Persillier Lachapelle et al., Rapport de la Commission royale de la tuberculose, Province de Québec, 1909-1910, p. 86, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0006204728.
Extrait d’un article de journal paru en 1921
« [I]l n’en est pas ainsi dans des campagnes où il n’y a pas d’égouts, pas d’aqueduc, pas de chauffage central! [...] Combien d’agriculteurs, chez nous, furent attirés à la ville par l’attrait des commodités matérielles qu’offre, en comparaison de l’habitation rurale la plus opulente [luxueuse], le logement urbain le plus modeste? »
Source : Ol. Asselin, « L’hygiène à la ferme », L’Avenir du Nord, 1er avril 1921, p. 2, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000164429.
Extrait d’un article de journal publié en 1917
« La désertion des campagnes, en congestionnant les faubourgs des villes, en a augmenté la densité, qui a eu pour effet de raréfier les logements convenables, qui étaient déjà assez rares auparavant. »
Source : Louis-Marie Royer, « Le problème des habitations », Le Progrès de l’Est, 26 janvier 1917, p. 4, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000053364.
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4.2. La culture de masse
Définir la culture de masse, en faire ressortir les conséquences et explorer la perspectives de différents groupes sur son développement dans les villes.
Les personnages de la vidéo
- Mary Travers dite La Bolduc
Vérifie tes connaissances - Culture de masse
Les sources :
- Auteur inconnu, « Hockey, Canadiens vs. Montreal », Le Devoir, 7 mars 1935, p. 7, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005226335. Licence : image utilisée avec la permission du Devoir, tous droits réservés.
- Auteur inconnu, « Nous vendons des radios à termes faciles », L’Action française, décembre 1924, p. 14, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000164217. Licence : protégé par droit d’auteur.
- Auteur inconnu, « Ouverture du Théâtre Rustique », Programme du Théâtre populaire, 1er juin 1908, p. 6, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000163242. Licence : domaine public.
- Le Ouimetoscope, 23 mars 1908, no. 10, p. 10, en ligne sur Archives de la Ville de Montréal, CA M001 BM001-11-D13. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Question 10 - Dégager des différences et des similitudes
À partir des documents 9 et 10, sur quel point précis M. Joseph Morris et le Bureau de la censure sont-ils en désaccord?
Extrait d’un journal montréalais anglophone publié en 1923
« La censure est une menace pour la liberté [...] Les gens ne sont-ils pas en mesure de déterminer par eux mêmes ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas sans qu’on comité de censure ne décide pour eux ce qu'ils ont le droit de voir? [...] Si les films doivent être censurés par des hommes qui n’ont pas forcément la même opinion que le public, [...] alors les films ne deviendront qu'une masse de balivernes et de radotages. Il ne se produira plus de bons films, car à quoi bon produire un drame à des fins éducatives et basé sur les réalités de la vie si tout ce qui est réel en sera retiré par les censeurs? »
Source : Joseph Morris, « Censorship and Liberty », The Axe, 12 janvier 1923, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 000008295. Traduction libre par le Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Extrait d’un article de journal paru en 1916
« Le bureau de censure des vues animées de la province de Québec a raison d’être fier de son travail de l’année. Durant l’exercice écoulé, environ 16 000 films ont été examinés : de ce nombre 1 300 ont été prohibés [interdits] et près de 75 000 pieds [de film] ont été éliminés de sujets autorisés. C’est dire que sans la censure, les foules nombreuses qui assistent chaque jour aux représentations cinématographiques auraient vu dérouler sous leurs yeux des scènes disgracieuses et immorales, des meurtres, des crimes dégoûtants, etc. »
Source : Auteur inconnu, « La censure des cinémas », L'autorité, 8 janvier 1916, p. 2, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000081857.
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Question 11
La culture de masse apparait-elle d’abord en milieu urbain ou en milieu rural? Justifie ta réponse par un fait.
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Remplis la section verte du tableau.
5. Révision
Visionne les explications d'une enseignante sur les éléments les plus importants du chapitre.