L’Église catholique et les idéologies
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Cours: | Le Tremplin - Histoire du Québec et du Canada • 4e secondaire • 2022-2023 - Adapté |
Livre: | L’Église catholique et les idéologies |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | samedi 23 novembre 2024, 15:51 |
1. Introduction
Dans ce chapitre, tu seras amené à travailler la compétence 1 : Caractériser une période de l’histoire du Québec et du Canada. Plus particulièrement, tu établiras des faits historiques sur l’Église catholique en identifiant des acteurs historiques et en relevant des paroles.
Question d'enquête
Comment l’Église exerce-t-elle son influence et dans quelles sphères de la société? Cette influence fait-elle l’unanimité dans la société? Donne un exemple concret.
La production finale que tu devras réaliser dans ce chapitre prendra la forme d’un tableau dans lequel tu caractériseras l'influence de l'Église catholique et d'un tableau dans lequel tu détermineras si cette influence fait l'unanimité au sein de la population québécoise.
D’abord, tu devras comprendre quelle place joue l’Église catholique dans la société.
Ensuite, tu découvriras les trois idéologies dominantes de l’époque, c’est-à-dire les grandes idées défendues par des groupes de la société. À l’aide de documents historiques puis de vidéos, tu devras dégager les principales caractéristiques de ces idéologies.
Pour terminer, tu devras répondre à la question d’enquête en complétant les deux tableaux. Dans ta réponse, tu devras considérer les aspects de société.
2. La place de l'Église catholique dans la société québécoise
Après les Rébellions de 1837-1838, les autorités britanniques appuient l’Église catholique, qui lui était demeurée loyale. Ces autorités autorisent la création de nouveaux diocèses et l’établissement de communautés religieuses en provenance d’Europe et lui confient l’organisation d’une partie du système d’éducation. L’Église catholique prend dès lors une place de plus en plus importante dans la société. Un acteur incarne cette montée en puissance de l’Église québécoise : Monseigneur (Mgr) Ignace Bourget. Devenu évêque de Montréal en 1840, il est à la tête du diocèse le plus populeux du Canada et jouit d’une forte influence au sein du clergé. Partisan de l’ultramontanisme, il prône une Église moralement supérieure à l’État, dont le pouvoir s'exerce dans toutes les sphères de la société.
2.1. L'Église catholique et l'éducation
Caractériser l’implication de l’Église catholique dans le système d’éducation en s’appuyant sur des faits.
Cahier de traces
Question 3 - Dégager des similitudes et des différences
Quelle différence peux-tu relever entre le système scolaire anglo-protestant et le système scolaire franco-catholique dans les documents 4 et 5?
Extrait du programme scolaire des écoles catholiques de la province de Québec en 1888
« L’enseignement de la religion doit tenir le premier rang parmi les matières du programme d’études et se donnera dans toutes les écoles. Les élèves doivent se conformer aux instructions du curé en ce qui regarde leur conduite morale et religieuse. »
Le programme comprend les matières suivantes : instruction morale et religieuse, langue française ou anglaise, écriture, mathématiques, géographie, histoire, dessin et connaissances usuelles.
Source : « Règlements du Comité catholique du Conseil de l’instruction publique », 1888 dans Paul de Cazes (ed.), Code de l'instruction publique de la province de Québec, Québec, J.O. Filtreau et Frère, 1888, p. 29-34, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000065738.
Extrait du rapport de la commission des écoles protestantes de Montréal concernant les années 1847 à 1885
« Lors de l’adaptation d’un programme d’études pour les élèves jusqu’à l’âge mentionné, certaines matières de première importance ont retenu l’attention. Ceux-ci sont l'usage correct de la langue dans ses formes parlées et écrites - l'anglais d'abord, mais le français autant que possible - et la correcte tenue de comptes [...]. La géographie, l’histoire et les leçons d’objets, incluant également des éléments de sciences naturelles, occupent une place de second rang par rapport aux sujets déjà énumérés. De plus, la morale devrait être cultivée [...] par l'enseignement des Écritures [la Bible], des éléments de la moralité et des principes de la constitution et de la loi du Canada, de sorte que les enfants intelligents comprennent leurs relations avec l'État et qu’ils agissent en tant que bons citoyens. »
Source : Rapport de la commission des écoles protestantes de la ville de Montréal, 1847-1885, Montréal, McQueen & Corneil, 1886, p. 9, en ligne sur Archive.org. Traduction libre du Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Cahier de traces
2.2. L'Église catholique dans les institutions de santé et de charité
Caractériser l’implication de l’Église catholique dans l’aide aux personnes les plus démunies de la société en l’appuyant par des faits.
Au 19e siècle, les services sociaux et de santé sont sous la responsabilité d’organisations charitables privées ou religieuses. L’État intervient peu et souvent indirectement en se contentant de participer sous forme de subventions. L’État assure un secours direct à la population seulement en cas de catastrophe comme des épidémies (qui sont nombreuses au 19e siècle). Chez les anglophones, les institutions charitables sont plutôt le fait d’organismes et de groupes de citoyens ainsi que de la générosité financière de la bourgeoisie. Chez les francophones, hôpitaux et hospices sont depuis longtemps gérées par des communautés religieuses féminines.
Cahier de traces
3. Les idéologies au Québec au 19e siècle
L’Église prend beaucoup de place dans la société québécoise du 19e siècle. Plusieurs encouragent le clergé à s’impliquer dans toutes les sphères de la société alors que d’autres remettent en question la portée de son influence. Trois idéologies se positionnent sur le rôle de l’Église catholique dans la société canadienne-française. Malgré les débats sur le rôle qu’occupe l’Église catholique, la religion catholique représente une des valeurs traditionnelles des Canadiens français.
Rappelle-toi que l’ultramontanisme, l’anticléricalisme et le nationalisme de survivance se développent dans un contexte où l’Église catholique étend son influence dans toutes les sphères de la société. Dans l’ensemble, les représentants des idéologies dominantes peuvent être en accord ou en désaccord sur le rôle de l’Église dans la société, mais ils ne remettent pas en question les fondements de la religion catholique ou l’existence des croyances religieuses.
Question 6 - Établir des faits
Pour chacune des idéologies, dégage une caractéristique par document. Quelle valeur ou quel principe est défendu par l’auteur?
Ultramontanisme
Extrait d’une lettre écrite par Monseigneur Ignace Bourget, évêque de Montréal, en 1875
« Non-seulement l’Église est indépendante [du politique], mais elle lui est même supérieure par son origine, par son étendue et par sa fin… [Le politique] se trouve indirectement mais véritablement subordonnée, car non-seulement elle doit s’abstenir de tout ce qui peut mettre obstacle à la fin dernière et suprême de l’homme, mais encore elle doit aider l’Église dans sa mission divine et au besoin la protéger et la défendre… »
Source : Ignace Bourget, « Lettre pastorale concernant la sépulture de Joseph Guibord, membre de l’Institut Canadien », 3 octobre 1875, p. 11, en ligne sur Archive.org.
Extrait d’un livre écrit en 1878 par le prêtre Louis-Philibert Paquin, professeur à l’Université d’Ottawa
« Il fallait assurément que le pontife romain [le pape], chef de toute l'Église, ne fût ni le sujet, ni même l'hôte d'aucun prince; mais qu'assis sur son trône, et maitre dans son domaine et son propre royaume, il ne reconnût de droit que le sien et pût, dans une noble, paisible et douce liberté, protéger la foi catholique, défendre, régir et gouverner toute la république chrétienne. »
Source : Louis-Philibert Paquin, De la souveraineté temporelle du pape par un soldat du pape, Montréal, J.B. Rolland & fils, libraires éditeurs,1878, p. 77, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000104427.
Anticléricalisme
Homme politique, écrivain et journaliste, Louis-Antoine Dessaulles a rédigé de nombreux articles dans le journal L’Avenir.
« [...] malgré le progrès universel des idées démocratiques, le clergé presque en masse, de tous les pays, est stationnaire par instinct, immobile par calcul, rétrograde par nécessité, monarchiste par entêtement ou par intérêt. [...] Il fait aujourd’hui, ici et ailleurs, de la propagande sacrée dans des questions purement humaines. Il n’y a donc plus à délibérer. [...] Il faut combattre toutes les influences indues quelles que soient les idées ou les doctrines qu’elles représentent. »
Source : « Louis-Antoine Dessaulles, « La lutte entre le libéralisme et le despotisme », L’Avenir, 20 septembre 1849 », cité dans Yvan Lamonde (éd.), Louis-Antoine Dessaulles, Écrits, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1994, p. 115-116.
Extrait d’un article publié par le journaliste et auteur Arthur Buies en 1884
« La liberté de l'instruction publique! Voilà ce que nous voulons, et ce que le clergé ne veut concéder à aucun prix, et voilà pourquoi nous considérons le clergé comme l'ennemi naturel, instinctif des institutions, de l'esprit et de la science modernes. Nous voulons que l'instruction publique ne soit plus contrôlée par le clergé [...]. Que dans les matières purement, essentiellement spirituelles, le clergé ait un pouvoir et une autorité discrétionnaires, nous le concédons ; mais hors de là, rien, rien, si ce n'est la coopération à l'enseignement si le clergé la désire, car nous voulons que tout le monde soit libre d'enseigner. »
Source : Arthur Buies, « Article posthume », La Lanterne, 20 octobre 1884, p. 335-336, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000192821.
Nationalisme de survivance
Extrait d’un article de journal publié en 1881 par le journaliste et auteur Jules-Paul Tardivel
« Et nous invitons nos lecteurs à nous [...] informer de toute atteinte portée aux droits de la langue française qui viendra à leur connaissance; [...]. Il faut affirmer nos droits partout et toujours, les affirmer avec courage et persévérance si nous voulons qu’ils soient respectés et conservés. [...] voilà ce que les Canadiens-français doivent faire en tout lieu et en toute circonstance. »
Source : Jules-Paul Tardivel, « La langue française », La Vérité, 14 juillet 1881, p. 4, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082819.
Extrait d’un article de journal publié en 1858
« Une chose forte et puissante nous a été léguée par nos pères; [...] cette grande chose, vous l’avez devinée, lecteur, c’est la Foi Catholique. [...] Au Catholicisme seul le peuple canadien est redevable de sa nationalité ; au Catholicisme seul le peuple canadien est redevable de tout ce qui lui est cher aujourd’hui, et pas à d’autres causes. »
Source : Auteur inconnu, « Demain », La Minerve, 23 juin 1858, p. 2, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000328677.
Extrait de la biographie du curé François Pilote publiée en 1885
« Tout jeune, il avait compris que l'agriculture était notre sauvegarde, notre ancre de salut, la source la plus pure de notre prospérité nationale. [...] "Emparons-nous du sol!" fut toujours pour cet ami du laboureur une devise sacrée qu'il aimait à répéter dans ses nombreux écrits sur l'agronomie. »
Source : A. Béchard, M. L’abbé François Pilote curé de Saint-Augustin (Portneuf), Sainte-Anne de La Pocatière, Imprimerie de la Gazette des campagnes, 1885, p. 42, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000180077.
Cahier de traces
Cahier de traces
4. Révision
Visionne les explications d'un enseignant sur les éléments les plus importants du chapitre.