La population québécoise après la Seconde Guerre mondiale
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Cours: | Lavigne - Histoire du Québec et du Canada • 4e secondaire • 2022-2023 - Adapté |
Livre: | La population québécoise après la Seconde Guerre mondiale |
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Date: | dimanche 24 novembre 2024, 10:57 |
1. Introduction
Dans le contexte de la guerre froide et de la reconstruction de l’Europe, plusieurs pays occidentaux entrent dans une période de prospérité économique sans précédent. Pendant près de 30 ans, le taux de chômage en Amérique du Nord reste au plus bas, ce qui permet à de vastes pans des populations américaines et canadiennes d’améliorer leurs conditions de vie. Le revenu des travailleurs connait une croissance fulgurante, favorisant l’émergence d’une nouvelle classe sociale : la classe moyenne.
Après s’être serrée la ceinture pendant le conflit mondial, la population dépense comme jamais auparavant. Les usines de guerre, qui ont été reconverties, produisent une grande variété de produits de consommation auparavant réservés aux plus riches, et qui sont maintenant accessibles à une partie plus importante de la population. La croissance effrénée de cette période prospère, parfois nommée « Trente glorieuses », ralentit dans les années 1970 en raison des crises du pétrole de 1973 et de 1979.
En plus de la prospérité économique des « Trente glorieuses », plusieurs phénomènes démographiques, sociaux et économiques influencent la population québécoise entre 1945 et 1980. À quoi ressemble la population de 1945 sur les plans de l’immigration, de la démographie et de la consommation? À quoi ressemble celle de 1980? Comment la société se transforme-t-elle entre 1945 et 1980?
- Élaborer les portraits de la société québécoise en 1945 et en 1980 en établissant les faits historiques reliés à des thèmes et à une période précise.
- Déterminer les changements et les continuités entre le portrait de la société de 1945 et le portrait de la société de 1980.
Un projet technologique te sera proposé à la fin du chapitre. Il te permettra de valider tes connaissances et ta maitrise des compétences 1 et 2.
2. La population québécoise de 1945 à 1980
Relever les changements et les continuités dans la population québécoise de 1945 à 1980.
En plus de la prospérité économique des « Trente glorieuses », plusieurs phénomènes sociaux modifient le profil démographique du Québec entre 1945 et 1980. Pour bien comprendre les changements qui marquent la population québécoise, jette d’abord un coup d’œil sur le portrait de cette société au début de la période historique. Quel est son profil démographique?
Question 1 - Établir des faits
À l’aide des documents 1 à 12, résume dans tes mots les principales caractéristiques de la population québécoise vers 1945, afin de compléter le tableau. Inscris le numéro du ou des documents que tu as utilisés pour caractériser la population québécoise vers 1945 selon les thèmes proposés.
Pour les documents 1 à 6, remplis la partie grise du tableau.
Pour les documents 7 à 12, remplis la partie blanche du tableau.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiens
« Le baby boom tient aussi à un autre facteur décisif : la chute de la mortalité infantile, c’est-à-dire de la proportion de nouveau-nés décédant avant l’âge de un an […] Si les différences existant autrefois à cet égard entre les villes et les campagnes se résorbent, certains groupes continuent d’être nettement défavorisés : chez les Amérindiens, par exemple, encore pendant les années 1950, plus de 110 nouveau-nés sur 1000 meurent avant l’âge d’un an. »
Source : Linteau, Paul-André, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du Québec contemporain, tome II : Le Québec depuis 1930, Montréal, Boréal, 1989, p. 215-216.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiens
« Les pays d’origine de ces nouveaux Québécois sont beaucoup plus variés qu’avant la guerre, alors que 40 % de tous les immigrants venaient des Îles britanniques; cette proportion n’est plus que de 18 % dans l’après-guerre. Ce sont maintenant les Européens du Sud qui forment les contingents les plus importants […] ».
Source : Linteau, Paul-André, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du Québec contemporain, tome II : Le Québec depuis 1930, Montréal, Boréal, 1989, p. 221.
Quelques composantes du profil démographique du Québec, 1941
Population totale | Fécondité | Mortalité infantile | Espérance de vie |
---|---|---|---|
3 331 882 | Environ 4 enfants par femmes | 75,9 décès sur 1000 naissances | Hommes : 60,2 ans Femmes : 63,1 ans |
Source : Statistique Canada, « Séries A2-14. Population du Canada, par province, dates de recensement, 1851 à 1976 », Statistiques historiques du Canada, Section A : Population et migration, Statistique Canada; Shirley Joe, « La fécondité au Québec (1926-1981) » dans Démographie québécoise : passé, présent, perspectives, Québec, Bureau de la statistique du Québec, 1983, p. 93-96; Desmond Dufour et Joseph-Pierre Toviessi, « Évolution de la mortalité au Québec de 1931 à 1981 » dans Démographie québécoise : passé, présent, perspectives, Québec, Bureau de la statistique du Québec, 1983, p. 44.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par une historienne
« Le mariage devient d’ailleurs le lot d’une proportion grandissante de femmes dans l’après-guerre. […] Une part croissante de la population féminine fait donc l’expérience de la maternité sans que l’on assiste pour autant à une remontée spectaculaire de la fécondité, les femmes donnant naissance à près de quatre enfants en moyenne entre 1946 et le début des années 1960. Le baby-boom associé à cette période n’est donc pas tant attribuable à une augmentation du nombre d’enfants par femme qu’à la proportion plus élevée de femmes qui fondent une famille. »
Source : Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec, Montréal, Boréal, 2012, p. 174.
Cahier de traces
Extrait d’une thèse de doctorat écrite par une historienne
« Au Québec, il faut attendre la fin des années 1950 pour que le gouvernement développe ce type d’infrastructure routière. La création de l’Office de l’autoroute Montréal-Laurentides en 1957 (devenu l’Office des Autoroutes en 1961) marque certainement une étape, mais c'est la signature d'une entente entre les différents paliers de gouvernement (fédéral, provincial et municipal) en 1962 qui accélère la construction de voies rapides au Québec. Cet accord assure non seulement le financement de l'autoroute Décarie et d'une voie rapide est-ouest (demeurée incomplète), mais permet aussi d'intégrer Montréal dans le réseau de la Transcanadienne ».
Source : Maude-Emmanuelle Lambert, À travers le pare-brise : la création des territoires touristiques à l’ère de l’automobile (Québec et Ontario, 1920-1967), Ph.D. (histoire), Université de Montréal, 2013, p. 254.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiens
« Après la Seconde Guerre mondiale, l’économie québécoise entreprend une nouvelle phase d’expansion et l’agriculture amorce une profonde mutation. Jusque vers 1950, le monde agricole put se reproduire sur une base toujours plus large, augmentant à la fois son effectif et le domaine agraire. Après la guerre, cette tendance historique s’inverse et le monde agricole [diminue] son effectif et son emprise spatiale sur le territoire. »
Source : Claude Boudreau, Serge Courville et Normand Séguin, Le territoire, Québec, Presses de l’Université Laval, 1997, p. 61.
Extrait d’un texte d’analyse écrit par des historiens
« Le Deuxième Guerre mondiale est [...] un point tournant, car elle fait en quelque sorte la transition entre une période de crise profonde et une ère de forte croissance et de relative prospérité [...]. [Il] survient après la guerre une véritable explosion de l’offre de biens durables, spécifiquement de biens destinés au travail ménager et à l’entretien du foyer et de ses occupants. »
Source : Luc Côté et Jean-Guy Daigle, Publicité de masse et masse publicitaire : Le marché québécois des années 1920 aux années 1960, Ottawa, Les Presses de l'Université d'Ottawa, 1999, p. 349.
Cahier de traces
2.1. Des vagues d’immigrants internationaux
Décrire le fonctionnement du processus d’immigration et situer dans le temps les principales vagues de nouveaux arrivants au Québec et au Canada.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reprise de l’immigration amène plusieurs vagues de nouveaux arrivants au Canada. Plus de cinq millions de personnes s’installent au pays entre 1946 et 1982. Parmi ces nouveaux arrivants, plusieurs choisissent de s’établir à Montréal, ce qui grossit d’abord les rangs des communautés culturelles d’origine européenne. Au sein des communautés française, britannique, italienne et juive, ce sont surtout les familles et la parenté déjà établies qui reçoivent les nouveaux arrivants par l’entremise du système de parrainage.
Vérifie tes connaissances - Immigration internationale
Question 3 - Situer dans le temps
Les documents 13 à 16 font référence à des évènements, des vagues d’immigration et des vagues de réfugiés de la période de 1945 à 1980. Pour chacun des documents, indique si les faits présentés se déroulent avant ou après le fait du document 14. Inscris les numéros des documents aux endroits appropriés.
Article sur l'adoption du règlement sur l'immigration de 1962
« Ellen Fairclough, alors ministre de la citoyenneté et de l’immigration, a présenté le nouveau règlement sur l’immigration, lequel a éliminé les discriminations raciales évidentes de la politique d’immigration canadienne. La compétence est devenue le principal critère permettant de déterminer l’admissibilité, au lieu de la race ou de l’origine nationale. »
Source : Lindsay Van Dyk, « Règlement sur l’immigration, Décret du Conseil CP 1962-86, 1962», Musée canadien de l’immigration, page consultée le 28 juillet 2020.
Cahier de traces
2.2. L’évolution démographique du Québec
Comprendre la hausse de l’accroissement naturel et l’évolution de la natalité au Québec entre 1945 à 1980.
L'accroissement naturel et le bébé-boum
Après la Seconde Guerre mondiale, le retour des soldats au pays et la prospérité économique en Amérique du Nord encouragent les couples à se marier et à fonder une famille. L’effervescence de la vie conjugale engendre une hausse de l’accroissement naturel, c’est-à-dire qu’il y a de plus en plus de naissances par rapport au nombre de décès.
Au Canada, la hausse de l’accroissement naturel découle principalement de l’augmentation du nombre de naissances, mais aussi d’une diminution de la mortalité infantile et d’une augmentation de l’espérance de vie. Le déclin des maladies infectieuses, le perfectionnement des pratiques médicales et la démocratisation de l’accès aux soins de santé participent à la consolidation de ces tendances démographiques.
La hausse de l’accroissement naturel s’accompagne d’une forte natalité. Au Québec, le taux de natalité dépasse 30 naissances pour 1000 personnes durant les dix années qui suivent la fin du conflit mondial. Une natalité élevée perdure jusqu’au début des années 1960, ce qui conduit les démographes à qualifier le phénomène de « bébé-boum », une expression utilisée pour désigner la génération de personnes nées entre 1946 et 1965.
Plusieurs facteurs expliquent le bébé-boum : les hommes et les femmes se marient davantage, se marient plus jeunes et donnent naissance à leur premier enfant plus rapidement.
La génération d’enfants issue du bébé-boum contribue au rajeunissement de la population québécoise, accélérant ainsi l’évolution des mœurs au sein de cette population. Dans l’ensemble, le bébé-boum correspond à un rattrapage démographique par rapport à la période antérieure, perturbée par deux conflits militaires mondiaux et une crise économique de grande envergure.
La natalité au sein des populations autochtones
Jusqu’à la fin des années 1960, une natalité très élevée caractérise le profil démographique des populations autochtones. En effet, la natalité oscille entre 40 et 50 naissances pour 1000 personnes au sein de cette population, alors qu’elle oscille autour de 30 naissances pour 1000 personnes au sein de la population canadienne.
Cette très forte natalité stimule la croissance des populations autochtones, ce qui freine le déclin de cette population et qui renverse ainsi une tendance démographique tirant son origine de la période coloniale. Malgré ce changement, une mortalité infantile élevée continue de toucher les populations autochtones entre 1945 et 1980.
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Question 5 - Déterminer des causes et des conséquences
Le début des années 1960 marque la fin du bébé-boum, et la natalité chute progressivement. Qu’est-ce qui cause cette chute? Utilise les documents 17 à 19 pour répondre à cette question.
Extrait d’un article de journal publié en 1968
« La “pilule” se vend bien au Canada, si bien même qu’elle rapporte plus de 30 000 000 $ par année et que, devant la demande croissante au Québec, les compagnies de produits pharmaceutiques jugent nécessaire de faire imprimer le mode d’emploi en français aussi bien qu’en anglais. [...] La vente de “la pilule” est toujours illégale au Canada, mais cinq compagnies de Toronto estiment que sa légalisation ne changera rien à leur chiffre d’affaires. Plus d’un million de Canadiennes prennent déjà la “pilule” régulièrement. »
Source : PC, « La ‘pilule’ connaît une vague croissante au Québec », La Presse, 2 janvier 1968, p. 37, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082812.
Extrait d’un article de revue publié en 1967
« On constate, dans le Québec, une baisse considérable de la pratique religieuse. On ne possède encore que des statistiques fragmentaires et locales, mais elles indiquent assez clairement un changement accéléré qui se produit non seulement chez la jeunesse étudiante et dans le monde universitaire, mais également dans la population ouvrière des villes, chez les jeunes et les moins jeunes.
Dans certaines paroisses ouvrières de Montréal, le taux de pratique est de l’ordre de 30 à 40 pour cent, taux qui continue à baisser avec la disparition des plus âgés. Dans le monde étudiant universitaire, les pratiquants se chiffreraient à peu près à 15 pour cent pour Québec, et un peu moins pour Montréal. »
Source : Vincent Harvey, « Le Dieu des sans-messe », Maintenant, juin-juillet 1967, p. 210, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005021251.
La répartition de la force de travail canadienneen fonction du sexe, 1941-1971
Année | Hommes | Femmes | Total | Force de travail féminine |
---|---|---|---|---|
1941 | 3 363 111 | 832 840 | 4 195 951 | 19,8 % |
1951 | 4 121 832 | 1 164 321 | 5 286 153 | 22,0 % |
1961 | 4 694 294 | 1 763 862 | 6 458 156 | 27,3 % |
1971 | 5 665 715 | 2 961 210 | 8 626 925 | 34,3 % |
Source : Statistique Canada, « Séries D8-85, Force de travail, par branche d'activité et sexe, années de recensement, 1911 à 1971 », Statistiques historiques du Canada, Section D : La population active, Statistique Canada.
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La dénatalité
Dès la fin des années 1950, une forte diminution de la natalité touche le Québec. On parle alors de dénatalité. Contrairement au bébé-boum, le nombre annuel de naissances diminue par rapport à la taille de la population québécoise. Entre 1960 et 1980, le taux de natalité chute presque de moitié, ce qui fait passer le nombre de naissances pour 1000 personnes de 27,5 à 15.
La croissance démographique ralentit notamment en raison d’un changement profond dans les mentalités. En effet, les Québécois pratiquent de moins en moins le catholicisme et le clergé perd grandement de son influence sur la reproduction des familles. L’Église catholique continue d’encourager les couples à se marier et à procréer, mais les Québécois se montrent beaucoup moins réceptifs aux valeurs catholiques et aux pratiques religieuses. De plus en plus répandus, les unions civiles et les divorces témoignent du déclin de l’influence morale de l’Église sur la population québécoise. Alors que le clergé avait célébré la quasi totalité des mariages depuis la période coloniale, les unions civiles décuplent entre 1969 et 1980. En 1968, le gouvernement fédéral adopte une loi qui facilite la dissolution du mariage, ce qui fait quadrupler le nombre de divorces au cours de cette même période.
La chute de la natalité dépend principalement de la mise en marché de la pilule contraceptive, qui donne aux femmes un véritable contrôle sur leur système reproducteur. Le contrôle des naissances représente un changement majeur pour les femmes, même si la prescription de la pilule contraceptive demeure interdite jusqu’à la fin des années 1960. Malgré cette interdiction, les femmes évoquent divers problèmes gynécologiques pour se procurer la pilule contraceptive auprès des médecins. Cette stratégie ne fonctionne pas toujours puisque plusieurs médecins ne prescrivent pas les anovulants en raison de leurs valeurs religieuses. En 1969, le gouvernement fédéral autorise finalement la prescription des anovulants. Dès lors, l’usage croissant de la pilule contraceptive accentue la dénatalité et contribue à la hausse du nombre de Québécoises sur le marché du travail.
Vérifie tes connaissances - Accroissement naturel de la population québécoise
Vérifie tes connaissances - Natalité au Québec de 1945 à 1980
2.3. Les femmes sur le marché du travail
Décrire la place des femmes sur le marché du travail entre 1945 et 1980 et comprendre comment elle reflète l’évolution des mentalités dans la société québécoise
Le retour des hommes de la guerre suscite un recul temporaire de la main-d'œuvre féminine dans le secteur manufacturier. Cela dit, les femmes intensifient de nouveau leur participation au marché du travail dès la fin des années 1940. L’évolution des mentalités qui accompagne la modernisation du Québec stimule ensuite l’entrée massive des femmes sur le marché du travail.
Lorsque les hommes et les femmes œuvrent dans le même domaine et occupent le même emploi, la dévalorisation du travail des femmes entretient les inégalités salariales. Au Canada, le secteur manufacturier témoigne de ces inégalités puisque l’écart entre les gains hebdomadaires des ouvriers et des ouvrières se maintient tout au long des Trente glorieuses. En 1980, le revenu annuel moyen des travailleuses canadiennes équivaut à environ ⅔ du revenu annuel moyen de leurs collègues masculins.
Vérifie tes connaissances - Femmes et marché du travail
2.4. Tableau de prise de notes
Prendre des notes sur les caractéristiques de la population québécoise en 1980.
Quelles sont les caractéristiques de la population québécoise en 1980? Résume-les dans tes mots en une ou deux phrases dans le tableau ci-dessous. Remplis les parties bleue, jaune et verte du tableau.
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3. L’essor de la société de consommation
Depuis la fin du 19e siècle, la deuxième phase d’industrialisation stimule une production manufacturière qui est freinée par la crise économique des années 1930 et les deux guerres mondiales. En Amérique du Nord, le bébé-boum et la prospérité économique de l’après-guerre propulsent la consommation de biens et de services ainsi que la pratique de loisirs, dont fait de plus en plus partie la télévision. À partir de 1952, Radio-Canada produit et diffuse d'ailleurs des émissions bilingues, ce qui encourage l’achat de télévisions au Québec.
En plus de fournir un marché pour écouler la production manufacturière, la population issue du bébé-boum associe dorénavant la consommation au bonheur puisqu’elle lui assure un confort matériel sans précédent. L’essor de la société de consommation prend appui sur l’augmentation du pouvoir d’achat et l’amélioration de l’accès au crédit, qui permettent à nombreuses familles d’accéder à la propriété et de s’établir en périphérie des villes.
De plus en plus influencée par la culture américaine et la publicité, la population québécoise participe ainsi à la société de consommation, une société qui se caractérise par la prolifération des biens et la multiplication des besoins superflues.
3.1. Le pouvoir d’achat, la consommation et les loisirs
Expliquer ce qu’est l’augmentation du pouvoir d’achat et comment elle contribue à l’essor d’une société de consommation.
Jusqu’au début des années 1960, la croissance des revenus personnels accélère plus rapidement que la croissance du prix des biens et services. Ainsi, de vastes pans de la population québécoise accèdent à la classe moyenne et bénéficient d’une augmentation de leur pouvoir d’achat. Avec l'augmentation de leur pouvoir d’achat, les Québécois peuvent désormais consacrer une part moins grande part de leurs revenus pour acheter la même quantité de biens et de services qu’auparavant.
Alors que les familles québécoises consacraient 59 % de leur budget à des besoins primaires en 1937, elles consacrent 42 % de leur budget à ces besoins en 1959. Ces familles peuvent ainsi allouer une plus grande part de leurs revenus pour acheter des biens et des services qui répondent à des besoins secondaires, un comportement encouragé par la publicité.
En effet, la publicité diffusée pour stimuler la vente de produits comme les automobiles, les électroménagers et les télévisions promet de faciliter la vie quotidienne des consommateurs et de leur fournir du divertissement dans le confort de leur domicile. L’augmentation du pouvoir d’achat n’est toutefois pas la même pour l’ensemble des Québécois, puisque la croissance des revenus personnels n’est pas répartie de manière uniforme entre les travailleurs.
Les Québécois consacrent aussi une plus grande part de leur budget au tourisme et pratiquent davantage de loisirs et de sports. En s’appuyant sur le mouvement syndical, les travailleurs québécois obtiennent une semaine de travail de 40 heures dans plusieurs secteurs à partir des années 1960. Entre 1945 et 1980, le gouvernement québécois instaure deux semaines de congés payés par les employeurs pour permettre aux Québécois de prendre des vacances. Dans l’ensemble, ces politiques permettent aux Québécois d’allouer encore plus de temps et d’argent aux activités touristiques et récréatives.
Comme pour l’achat des biens et des services, la pratique des loisirs et des sports ainsi que la popularité du tourisme témoignent de la participation de la population québécoise à la société de consommation.
Vérifie tes connaissances - Augmentation du pouvoir d’achat
Question 6 - Établir des faits
La période d’après-guerre marque le début de l’essor de la société de consommation en Amérique du Nord. Quelles sont les caractéristiques de cette société de consommation? Utilise les documents 20 à 23 pour répondre à la question.
Source : Consommateurs plus, 22 septembre 1978, Société Radio-Canada, 00:00 à 02:15. Licence : enregistrement utilisé avec la permission de la Société Radio-Canada, tous droits réservés.
Cahier de traces
3.2. L’étalement urbain et la protection du territoire agricole
Expliquer ce qu’est l’étalement urbain et déterminer les causes et les conséquences de ce phénomène.
L'étalement urbain après la Seconde Guerre mondiale
En utilisant les documents 24 et 25 ainsi que les informations de la capsule vidéo, explique le processus d’étalement urbain et son lien avec l’essor de la société de consommation.
Photos aériennes de la ville d'Anjou en 1958 et 1977
Source : Service d’urbanisme de la Ville de Montréal, Vues aériennes de Montréal (1958), Archives de la Ville de Montréal, VM97-3_02_13-045. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA); Service d’urbanisme de la Ville de Montréal, Vues aériennes de Montréal et de ses environs (1977), Archives de la Ville de Montréal, VM97-3_17_P15-237. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Cahier de traces
La Loi sur la protection du territoire agricole de 1978
L’étalement urbain étant un phénomène qui se fait nécessairement en empiétant sur l’espace rural, il entraine la perte des terres agricoles en périphérie de Montréal et de Québec.
En 1978, pour ralentir la perte des terres arables, le gouvernement québécois adopte la Loi sur la protection du territoire agricole et crée la Commission de protection du territoire agricole du Québec. Cette politique de protection du territoire agricole permet de délimiter des zones agricoles et d’interdire le développement immobilier au sein de ces zones.
Même si la politique protège les terres cultivables, ce n’est pas l’ensemble des agriculteurs qui l’appuient initialement, car ils ne peuvent plus disposer de leur propriété librement. Pour obtenir le soutien des agriculteurs, le gouvernement québécois accompagne cette politique de mesures qui stimulent le développement des activités agricoles, ce qui revitalise notamment le secteur de la production céréalière.
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4. Les Autochtones dans le Québec de l’après-guerre
Au moment où une grande partie de la population québécoise intègre la classe moyenne en profitant de la société de consommation, les Autochtones affrontent toujours des conditions de vie difficiles. D’une part, les Premières Nations continuent d’assister au départ de nombreux enfants vers les pensionnats indiens du gouvernement fédéral, des établissements qui compromettent la transmission de leurs langues et de leurs cultures.
D’autre part, le gouvernement canadien perpétue le bouleversement du mode de vie traditionnel des Inuits lorsqu’il incite des familles à se sédentariser ou qu’il les déplace de force pour affirmer sa souveraineté dans l’Extrême-Arctique. À partir des années 1960, les Premières Nations et les Inuits dénoncent ces politiques gouvernementales dans la foulée de l’affirmation des nations autochtones, une lutte que tu étudieras dans le chapitre qui porte sur les mouvements sociaux.
Vérifie tes connaissances - Situation des Premières Nations au Canada
4.1. Les pensionnats indiens au Canada et au Québec
Identifier les objectifs poursuivis par le régime des pensionnats indiens au Canada et leur fonctionnement. Comprendre les particularités des pensionnats au Québec et leurs impacts sur les populations autochtones.
Les pensionnats indiens au Canada et au Québec
Cahier de traces
Question 10 - Établir des liens de causalité
Explique comment une mesure mise en place par le gouvernement canadien pour atteindre ses objectifs affecte différentes communautés autochtones.
Réponds à la question en précisant les éléments ci-dessous et en les liant entre eux.
- Les objectifs poursuivis par le gouvernement canadien.
- La mesure mise en place pour atteindre ces objectifs.
- Une conséquence de cette mesure sur les Autochtones.
Témoignage de Lucie Basile, une ancienne élève du pensionnat de Pointe-Bleue
« La culpabilité qu’on nous faisait subir au pensionnat nous empêchait de développer une relation saine avec nos parents. On nous reprochait tellement de choses sans raison, on culpabilisait. Puis nos parents nous adulaient presque parce qu’on était « bien élevés », ils ne nous apprenaient rien de notre culture, de peur de défaire ce qu’on avait appris [dans les pensionnats]. On ne pouvait pas regarder nos parents dans les yeux. »
Source : Lucie Basile, « Témoignage », cité dans Henri Goulet, Histoire des pensionnats indiens catholiques au Québec, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2016.
Extrait d’un article de journal publié en 1958
« Nous avons le devoir d’apporter les bienfaits de notre civilisation aux Indiens [Premières Nations] et aux Esquimaux [Inuits] du Nord canadien. Comme nous ils sont Canadiens et comme nous aussi ils font partie de notre grande famille nationale.
[Jean Lesage, ministre fédéral du Nord canadien et des Ressources naturelles] précisait que l’instruction des Indiens aussi bien que des Esquimaux est urgente, parce que des tâches importantes dans l’administration des territoires du nord devront être remplies avec avantage par des citoyens de ces régions. »
Source : Auteur inconnu, « Quelques aspects du problème éducatif et économique du Nord », L’Action catholique, 5 janvier 1956, p. 3 et 15, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000169215.
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4.2. L’État canadien dans l’Arctique et le déplacement des populations inuites
Comprendre les causes et les conséquences de la présence canadienne dans l’Arctique et du déplacement des populations inuites.
Dans le contexte de la guerre froide, les États-Unis et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) accentuent leur présence militaire dans l’Arctique, une région convoitée pour son positionnement stratégique ainsi que ses ressources énergétiques et minières. La présence militaire américaine dans le Nord canadien préoccupe le gouvernement fédéral, qui mobilise les forces armées canadiennes pour affirmer sa souveraineté dans l’Arctique.
Dans les années 1950, les armées américaines et canadiennes collaborent pour construire des stations météorologiques et des aéroports militaires ainsi qu’un système de détection des missiles intercontinentaux. Ces infrastructures militaires accroissent les contacts entre les populations inuites, les forces armées canadiennes et les fonctionnaires du gouvernement fédéral.
Pour affirmer sa souveraineté dans l’Extrême-Arctique, le gouvernement canadien déplace plusieurs familles d’Inukjuak (Port Harrison) et de Mittimatalik (Pond Inlet) vers les îles d’Ellesmere et de Cornwallis. Entre 1953 et 1955, ce gouvernement relocalise 87 Inuits à des milliers de kilomètres de leurs villages d’origine en leur promettant de meilleures conditions de vie et la possibilité de retrouver leur terre natale après deux années de participation au projet.
La délocalisation des Inuits engendre des conséquences psychologiques et physiques pour les familles déplacées, qui subissent les conditions de vie difficiles de l’Extrême-Arctique. En plus d’affronter l’obscurité en hiver et les sols gelés en été, les familles déplacées composent avec la rareté du gibier et les limites de chasse imposées par le gouvernement canadien. Lorsque les familles demandent aux fonctionnaires fédéraux de retrouver leurs communautés d’origine, ces derniers refusent de financer le voyage de retour, ce qui entretient l’isolement des Inuits pendant plusieurs années.
Les politiques fédérales bouleversent le mode de vie semi-nomade des populations inuites. Par conséquent, de plus en plus d’Inuits s’établissent dans des villages permanents où abondent désormais leurs chiens. Nommés qimmiit en Inuktitut, ces chiens s’adaptent difficilement à la vie sédentaire au sein des villages, ce qui suscite des tensions avec les autorités gouvernementales.
Dans les années 1950 et 1960, les policiers de la Gendarmerie royale du Canada et de la Sûreté du Québec abattent des milliers de chiens sous prétexte qu’ils menacent la sécurité et la santé des Inuits. L’abattage de ces chiens entrave le déplacement des populations inuites et limite la pratique de la chasse, ce qui provoque une insécurité alimentaire dans plusieurs villages du Nunavut et Nunavik.
Cahier de traces
4.3. Tableau de prise de notes
Prendre des notes sur les caractéristiques de la population québécoise en 1980.
Quelles sont les caractéristiques de la population québécoise en 1980? Résume-les dans tes mots en une ou deux phrases dans le tableau ci-dessous. Remplis les parties rouge et grise du tableau.
Cahier de traces
5. Révision
Visionne les explications d'un enseignant sur les éléments les plus importants du chapitre.