La vie économique au début du 20e siècle
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Cours: | Lavigne - Histoire du Québec et du Canada • 4e secondaire • 2022-2023 - Adapté |
Livre: | La vie économique au début du 20e siècle |
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Date: | dimanche 24 novembre 2024, 08:33 |
1. La deuxième phase d’industrialisation
Déterminer les changements qui surviennent entre la première phase et la deuxième phase d’industrialisation et cerner les valeurs du libéralisme économique.
Au début du 20e siècle, divers pays à travers le monde entrent dans ce que les historiens ont appelé la deuxième phase d’industrialisation. Dans ce contexte économique, le Canada intensifie sa production industrielle et fournit de plus en plus de ressources naturelles et de main-d'œuvre aux grandes entreprises américaines.
La deuxième phase d’industrialisation prend notamment forme avec des transformations touchant la production manufacturière et le capitalisme industriel. D’une part, les usines augmentent leur capacité de production en poursuivant la mécanisation et la division du travail ainsi qu’en adoptant de nouvelles technologies comme la chaine de montage. Lors des deux guerres mondiales, la capacité de production des manufactures canadiennes se montrera utile pour l’industrie de guerre, c’est-à-dire la fabrication de matériel destiné aux militaires. D’autre part, les plus grandes entreprises consolident leur emprise sur le secteur économique qu'elles exploitent en achetant leurs plus petits concurrents.
Au Québec, la deuxième phase d’industrialisation se manifeste
Vérifie tes connaissances - Retour sur la première phase d’industrialisation
De la première à la deuxième phase d’industrialisation
En ce qui concerne l’histoire du Québec, la plupart des historiens situent la première phase d’industrialisation dans la deuxième moitié du 19e siècle et la deuxième phase dans la première moitié du 20e siècle. Qu’est-ce qui caractérise chacune de ces deux phases d’industrialisation? Qu’est-ce qui les distingue? Pour découvrir la réponse à ces questions, nous te proposons de travailler à partir d’un dossier documentaire à propos des deux phases d’industrialisation.
Lis et analyse les documents 5 à 12. Détermine quels documents décrivent la première phase d’industrialisation et quels sont ceux qui décrivent la deuxième phase .
Pour classer les documents, tu peux utiliser les connaissances que tu possèdes déjà sur la première phase d’industrialisation afin de reconnaitre les documents qui lui sont liés. En les discriminant, tu devrais être en mesure de trouver les documents illustrant la seconde phase d’industrialisation.
Extrait d’un texte de synthèse qui explique que de nouvelles industries s’ajoutent au secteur manufacturier développé au siècle précédent, notamment à Montréal
« Or, voici qu’à la toute fin du 19e siècle se développent plusieurs secteurs nouveaux, basés sur l’exploitation des richesses naturelles, qui, en quelques années, modifient profondément la structure industrielle québécoise. Ces nouveaux secteurs sont l’hydroélectricité, les pâtes et papiers, l’électrométallurgie, l’électrochimie et les mines. [...]
Les établissements [de ces nouvelles industries] s’installent soit près des matières premières, pour en réduire le coût de transport, soit près des sources d’énergie [hydro]électrique. »
Source : Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain, tome 1 : De la Confédération à la crise (1867-1929), Montréal, Boréal, 1989, p. 409.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiens
« La croissance de la population et la multiplication des nouvelles activités économiques amènent graduellement un grand nombre de nouveaux entrepreneurs [et d’investisseurs] à se lancer en affaires, à mettre sur pied des commerces, des manufactures, des entreprises de services dans un nombre plus étendu de secteurs [...].
Mais depuis [1850], [...] [u]n grand nombre d’entre eux ne sont pas originaires de Montréal. Chez les anglophones, ils viennent surtout d’Angleterre et d’Écosse, parfois des États-Unis, alors que chez les francophones, nombreux sont les individus originaires du milieu rural québécois. »
Source : Paul-André Linteau, Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 2000, p. 56.
Témoignage de Pierre Pleau, machiniste, en 1889
« Q. Quel est l’âge du plus jeune enfant qui était employé dans votre département?
R. Le plus jeune enfant qui a travaillé sous moi avait à
peu près treize ans. [...]
Q. À quelle heure commençait l’ouvrage?
R. Dans mon temps on commençait à six heures et vingt-cinq minutes. [...]
Q. À quelle heure finissait-on l’ouvrage, en temps ordinaire?
R. Le plus jeune enfant qui a travaillé sous moi avait à peu près treize ans.
[...]
Q. À quelle heure était le diner?
R. On avait trois quarts d’heure pour diner, mais généralement on forçait les travaillants à se remettre à
l’ouvrage après une demi-heure ; l’engin était mis en mouvement après une demi-heure [...]. »
Source : Rapport de la Commission royale sur les relations du travail avec le capital au Canada, Ottawa, A. Sécénal, 1889, p. 351-352, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000599736.
Extrait d’un texte de synthèse
« Dans la seconde moitié du 19e siècle, les usines recourent à de nouvelles formes d’énergie. D’une part, le charbon est utilisé dans le fonctionnement des machines à vapeur, ainsi que pour l’éclairage et le chauffage. Il alimente également les locomotives à vapeur.
D’autre part, les usines et les scieries situées aux abords des rivières et des canaux tirent leur énergie de l’eau. Par exemple, à Montréal, après l’agrandissement du canal de Lachine dans les années 1840, l’augmentation du débit de l’eau créée par le dénivellement permet d’activer des turbines et des roues hydrauliques qui fournissent de l’énergie aux usines situées le long de certaines sections du canal. »
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiens
« Au cours de la première moitié du 20e siècle, les améliorations aux conditions de travail n’apparurent que lentement. Dès 1909, de nombreux travailleurs spécialisés obtenaient la semaine de travail de 54 heures, mais les femmes et les enfants travaillaient encore 60 heures par semaine. [...]
Au cours du premier quart du siècle, le travail des enfants garda toute son importance dans le secteur manufacturier, où des amendes et des châtiments corporels permirent de contrôler cette main-d’œuvre juvénile. »
Source : John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Septentrion, 2003. p. 253.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par un historien
« L'industrialisation du Québec pendant [les dernières décennies du 19e siècle] [...] permet de renforcer la structure industrielle montréalaise, mais elle est aussi témoin de l'implantation de l'industrie dans plusieurs autres villes, petites et moyennes [...].
Au Québec, l'industrialisation s'appuie surtout sur l'industrie légère, qui emploie une main-d’œuvre abondante et faiblement rémunérée et qui produit des biens de consommation, tels la chaussure, le textile, le vêtement et les aliments. Il y a aussi de l'industrie lourde, liée au secteur des transports et à la transformation des métaux et centralisée à Montréal. »
Source : Paul-André Linteau, « Le Québec depuis la Confédération », L’Encyclopédie canadienne, en ligne, page publiée le 7 février 2006, dernière mise à jour le 4 mars 2015.
Glisse le curseur noir de droite à gauche pour voir la carte sur l’exploitation des ressources naturelles en 1930 ou la carte sur l’exploitation de l’hydroélectricité en 1930.
Cahier de traces
Question 2 - Déterminer des changements et des continuités
Analyse les éléments que tu as inscris dans ton tableau en comparant les deux phases d’industrialisation pour chacun des thèmes. Détermine au moins trois changements et au moins deux continuités qui surviennent entre les deux phases.
Cahier de traces
Le libéralisme économique
Au Québec, la deuxième phase d’industrialisation est fortement marquée par les valeurs du libéralisme économique. Cette idéologie prône une grande liberté d’action en matière de circulation des capitaux, d’entrepreneuriat, ainsi qu’une intervention limitée de l’État dans les questions économiques. La classe politique québécoise, dominée par le Parti libéral, est favorable à l’exploitation des ressources naturelles et met tout en œuvre pour faciliter l’implantation d’industries sur le territoire.
1.1. Les changements économiques de la deuxième phase d’industrialisation
Déterminer les changements économiques qui surviennent lors de la deuxième phase d’industrialisation.
De nouveaux secteurs de production et une nouvelle source d’énergie
Au tournant du 20e siècle, l’économie québécoise continue de fonder une partie de sa prospérité sur la production d’aliments et de boissons, de textiles et de vêtements ainsi que de produits du fer et de l’acier. À ce moment, la deuxième phase d’industrialisation suscite aussi l’essor des industries papetière et minière, des secteurs de production qui s’appuient sur l’exploitation des ressources naturelles du Québec. En effet, les forêts québécoises regorgent d’arbres prisés pour la production de pâtes et papiers alors que les sols de la province renferment différents minerais comme l’or, le fer, l’amiante, le cuivre et le zinc.
Les nouveaux secteurs de production comptent également sur les ressources hydrauliques du Québec. Ces ressources d’eau alimentent les usines et les équipements industriels avec une nouvelle source d’énergie : l’hydroélectricité. Puisque le territoire québécois abonde en rivières et en lacs, l’hydroélectricité peut alimenter à faible cout des entreprises dans les centres urbains ou dans les régions éloignées. Dans le secteur minier, l’hydroélectricité permet l'utilisation de nouvelles techniques nécessaires à la production de l’aluminium comme l’électrochimie et l’électrométallurgie.
De nouveaux capitaux et de nouvelles régions industrielles
Dans les premières décennies du 20e siècle, de nombreuses entreprises s’implantent donc au Québec en quête de ressources naturelles abondantes et d’une source d’énergie peu couteuse. Cela dit, l’extraction et la transformation des matières premières nécessitent d’importants capitaux pour financer la construction des bâtiments et l’achat d’équipements qu’exigent les activités économiques.
Alors que la majorité des investissements étrangers proviennent du Royaume-Uni au 19e siècle, la part des capitaux en provenance des États-Unis augmente rapidement au début du 20e siècle. À partir des années 1920, les capitaux américains représentent la majeure partie des capitaux étrangers, ce qui se traduit par l’installation de grandes entreprises américaines au Québec. Jusqu’à la crise économique des années 1930, ces compagnies stimulent la croissance économique de la province, créent de nombreux emplois et entrent en compétition avec les entreprises canadiennes-françaises de plus petite taille.
Pour exploiter les ressources naturelles, les entreprises étrangères déploient leurs infrastructures dans des régions peu peuplées comme l'Abitibi, la Mauricie et le Saguenay. En quelques décennies, les populations de ces régions éloignées augmentent rapidement alors que certains villages ruraux deviennent des villes industrielles. Par exemple, la population de Shawinigan passe de 1600 à 15 000 habitants entre 1901 et 1930 à la suite de l'implantation de l’aluminerie Pittsburgh Reduction et de l’usine de la Belgo-Canadian Pulp & Paper Company.
Afin d'attirer de nouveaux capitaux étrangers et de soutenir le développement des nouvelles régions industrielles, le gouvernement québécois développe des infrastructures comme les routes et les chemins de fer. Le gouvernement provincial finance ces infrastructures en partie grâce aux revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles. En plus de compter sur les revenus des concessions forestières comme au 19e siècle, l’État québécois accorde de plus en plus de terres publiques aux entreprises minières. Jusqu’à la crise économique des années 1930, les concessions forestières et minières représentent une des principales sources de revenus de la province du Québec.
Un capitalisme de monopole
La deuxième phase d’industrialisation prend également forme avec l’émergence d’un capitalisme de monopole. De grandes compagnies deviennent ainsi l’unique producteur d’un bien ou fournisseur d’un service en fusionnant avec d’autres entreprises ou en achetant leurs plus petits compétiteurs. Cette concentration des entreprises élimine la concurrence, ce qui permet aux compagnies en situation de monopole de fixer les prix à leur avantage afin de maximiser leurs profits.
Les monopoles se multiplient notamment dans les secteurs de la finance, de l’industrie lourde et de l’énergie. Par exemple, la fusion de plusieurs petites compagnies de gaz et d’électricité mène à la création de la Montreal Light Heat & Power Consolidated en 1901. Dans la région de Montréal, cette compagnie détient le monopole de la production et de la distribution d’électricité, une entreprise que le gouvernement québécois nationalise sous le nom d’Hydro-Québec en 1944.
Cahier de traces
1.2. Des exemples de changements au sein de l’économie québécoise
Comprendre les conséquences de la deuxième phase d’industrialisation sur l’économie québécoise.
En utilisant les documents ci-dessous, explique comment les besoins des nouveaux secteurs industriels ont un impact sur l’économie québécoise.
Dans ta réponse, tu dois préciser les éléments suivants et les lier entre eux :
- les besoins des nouveaux secteurs industriels;
- la stratégie de certaines entreprises;
- un impact sur le modèle économique québécois.
Extrait d’un texte de synthèse
En 1905, plusieurs filatures canadiennes, dont celles de la Dominion Cotton Mills, fusionnent pour former la Dominion Textile. Cette opération a pour but de rentabiliser plusieurs usines en coordonnant leurs activités. [...] En 1914, la compagnie investit à Magog 370 000 $ afin de construire des hangars à métiers à tisser à l'arrière de la filature. »
Source du texte : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, « Usine Dominion Textile : informations historiques », en ligne sur le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Licence : reproduction autorisée à des fins éducatives, tous droits réservés.
Extrait d’un texte de synthèse
« La concentration des entreprises constitue un des traits marquants de l’économie québécoise au début du 20e siècle. Elle affecte les secteurs des services publics, des transports, des banques, du textile, du fer et de l’acier et certaines industries alimentaires. Cette concentration permet aux plus importantes compagnies de limiter la concurrence grâce à l’obtention d’un quasi-monopole dans leur domaine de production. Toutefois, plusieurs petites entreprises canadiennes-françaises, incapables de soutenir une telle concurrence, disparaissent. »
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Extrait d’un texte de synthèse
« Au début du 20e siècle, les nouveaux secteurs industriels comme les pâtes et papiers, l’aluminium et l’hydroélectricité requièrent l’implantation de grandes usines, l’utilisation de nouvelles technologies et une main-d’oeuvre spécialisée. Le secteur manufacturier évolue également en renouvelant l’énergie utilisée par l’hydroélectricité et en réaménageant ses équipements et ses bâtiments. Toutes ces nouveautés nécessitent d’importantes sommes d’argent que peu d’entreprises canadiennes-françaises détiennent. Seules les plus grosses compagnies peuvent investir de tels capitaux. »
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Cahier de traces
Extrait d’un article de journal publié en 1913
« Il y a environ deux ans, le gouvernement, par un ordre en Conseil, prohibait l'exportation [de bois de pâte] [...]. [Désormais], non seulement nous exportons notre papier [...] aux Etats-Unis, mais de grandes compagnies américaines viennent ici avec leurs millions pour y créer de vastes usines à papier qui vont être pour notre province une de ses grandes sources de richesses. »
Source : Auteur inconnu, « Législature provinciale », Le Clairon, 21 novembre 1913, p. 2, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000165382.
Extrait d’un article scientifique écrit par un économiste
« La consommation du papier et du carton aux États-Unis faisait un bond remarquable à la fin du 19e siècle. [...] La demande croissante de papier, qui résultait [entre autres] de l’apparition des grands quotidiens et magazines, soulevait le problème de la rareté des matières brutes. [...] Déjà, au début du 20e siècle, la province de Québec exportait 200 000 cordes de bois de pâte aux États-Unis et ce volume devait augmenter de 25 pour cent par année jusqu’en 1910. »
Source du texte et des données du graphique : Albert Faucher, « Le caractère continental de l’industrialisation au Québec », Recherches sociographiques, vol. 6, n° 3 (1965), p. 229-230, en ligne sur erudit.org.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiennes
« On [les États-Unis] s’approvisionne en pulpe au Québec et la transformation finale (de loin l’opération la plus payante) se fait aux États-Unis. Conscient que les bénéfices émanant de l’exploitation de ses ressources lui échappent, l’État québécois adopte, en 1910, une première mesure visant à ramener le contrôle de ses forêts. Avec cette loi, le Premier ministre Lomer Gouin interdit l’exportation de la pulpe aux États-Unis. »
Source du texte : Valérie Bourgeois et Catherine Lampron-Desaulniers, « Industrie papetière au Canada français », Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, en ligne sur ameriquefrancaise.org, page consultée le 3 avril 2020.
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Extrait d’un article de journal publié en 1901
« Les directeurs de la Shawinigan Fall Water and Power Co. [...] sont allés à Shawinigan, samedi dernier, en tournée d’inspection. [...] Les capitalistes américains ont été émerveillés. Ce site sauvage, qui, il y a deux ou trois ans, était le rendez-vous des touristes et des chasseurs, est maintenant une ville prospère, avec une population toujours croissante de 4 000 âmes. »
Source : Auteur inconnu, « À Shawinigan », La Patrie, 21 octobre 1901, p. 5, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082779.
Extrait d’un texte écrit par un historien
« La centrale de l'île Maligne [Saguenay-Lac Saint-Jean] promettait d'être le plus grand ouvrage du genre au monde. Le barrage principal, qui abriterait la centrale, faisait 220 mètres de long [...]. Huit turbines devaient être en marche au milieu de 1925. [...] [L’homme d’affaires américain] Duke et [le canadien] Price s'étaient donc commis à fond dans le développement hydroélectrique du Saguenay, sans s'être assurés de trouver preneur pour l'énergie qui y serait produite. [...] »
Source du texte : José Igartua, Arvida au Saguenay : Naissance d'une ville industrielle, Montréal, McGill-Queen's University Press, 1996, p. 29.
Extrait d’un texte de synthèse évoquant le contexte de la création de la ville d’Arvida au Saguenay-Lac Saint-Jean
« L'arrivée de l'usine [d’aluminium] contribue au développement de tout le secteur environnant. En effet, afin de loger ses cadres et ses ouvriers de l'usine, l'entreprise procède dès 1926 à la construction de la ville d'Arvida aménagée autour du complexe. [...] [L]a ville, entièrement planifiée par l'architecte américain Harry Beardslee Brainerd, est une véritable cité industrielle modèle, avec ses maisons, ses écoles, son hôpital, ses commerces, son église et sa banque. »
Source du texte : Ministère de la Culture et des Communications, « Complexe d'aluminium d'Arvida », en ligne sur le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Licence : reproduction autorisée à des fins éducatives, tous droits réservés.
Extrait d’un livre publié en 1923 par Honoré Mercier (fils), Ministre des Terres et Forêts du Québec
« Le barrage [hydroélectrique] Allard, situé sur la rivière Saint-François, a une capacité d’emmagasinement de 336,000,000 mètres cubes. Il contribue à augmenter la puissance des forces motrices de cette rivière au profit des établissements industriels variés situés à Drummondville, à Richmond, à Windsor-Mills, à Bromptonville, à Sherbrooke et à East-Angus. »
Source : Honoré Mercier, Les forêts et les forces hydrauliques de la province de Québec, Québec, 1923, p. 46, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005222670.
Extrait d’une brochure publiée en 1923 qui traite de l’industrie des pâtes et papiers
« Cette industrie a pris une telle extension dans la Province, au cours des dernières années, que l’on peut maintenant la considérer comme l’une des plus importantes par la valeur des essences forestières qu’elle absorbe, la main-d’œuvre qu’elle emploie et la quantité de produits fabriqués qu’elle met sur le marché. »
Source : Joseph-Alphonse Desjardins, Dans les chantiers, Montréal, L’École sociale populaire, 1923, p. 43, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0004920496.
Extrait d’un document d’information publié en 1927 par le Ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries du Québec
« Bien que la province de Québec ne produise pas de minerais d'aluminium tels que la bauxite et la cryolite, le développement de grandes puissances hydrauliques sur les rivières Saint-Maurice et Saguenay a attiré plusieurs industries électrométallurgiques, parmi lesquelles figurent notamment l'aluminium, qui nécessitent une énergie abondante et bon marché. [...] Dans la région du Saguenay-Lac Saint-Jean, à Arvida, l'Aluminum Company of Canada [...] vient d'achever la première unité d'une usine de réduction d'alumine en aluminium. L’énergie utilisée à l’usine d’Arvida provient présentement de la centrale Duke-Price de l'île Maligne [...]. »
Source : Service des mines du Québec, Ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries, Portrait géologique et économique des minéraux de la Province de Québec, Canada, Québec, 1927, p. 22-23, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005222548. Traduction libre par le RÉCIT de l’univers social.
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1.3. La situation des travailleurs et des travailleuses au début du 20e siècle
Déterminer les changements et les continuités dans le mouvement syndical et la situation des travailleuses au début du 20e siècle.
La prospérité économique qui accompagne la deuxième phase d’industrialisation profite de manière inégale à la population. Tout comme aux débuts du capitalisme industriel, la bourgeoisie dispose de la quasi-totalité des bénéfices engendrés. Les ouvriers et les ouvrières, qui sont de plus en plus nombreux, doivent plutôt composer avec des conditions de vie et de travail difficiles. La plupart d’entre eux travaillent 60 heures par semaine pour de maigres salaires qui leur permettent rarement de se sortir de la pauvreté. Les ouvrières, quant à elles, continuent de faire face au quotidien à une foule d’inégalités qui découlent du rôle attendu des femmes dans la société industrielle.
Vérifie tes connaissances - Retour sur les conditions de vie et de travail des ouvriers au 19e siècle
Le mouvement syndical
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Question 8 - Établir des liens de causalité
Comment la réaction de l’Église catholique face aux syndicats américains entraîne-t-elle la naissance d’une nouvelle organisation syndicale?
Dans ta réponse, tu dois préciser les éléments suivants et les lier entre eux :
- la présence des syndicats américains au Québec;
- la position de l’Église catholique face aux syndicats américains;
- la naissance d’une nouvelle organisation syndicale.
Il y a deux documents qui ne sont pas liés à la réponse et qui doivent être écartés.
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La législation ouvrière
Au début du 20e siècle, les ouvriers et les ouvrières endurent toujours des conditions de travail très difficiles qu'ils remettent en question par l’entremise des syndicats. Pour améliorer ces conditions, les organisations ouvrières et féminines exercent des pressions sur les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral. Ces gouvernements mettent en place des lois qui visent notamment à limiter le travail des femmes et des enfants, éviter les accidents, améliorer les conditions d'hygiène, augmenter les salaires et régler les conflits de travail.
En 1900, le gouvernement canadien institue un ministère du Travail et adopte la Loi sur l’arbitrage lors des conflits de travail. Le Québec adopte des lois prévoyant une indemnisation en cas d’accident de travail en 1909 et en 1928. Souhaitant limiter le travail des enfants et encourager la persévérance scolaire, le Québec fixe l’âge minimum pour travailler à 14 ans en 1914. Afin d’assurer le respect de la législation relative aux conditions de travail, la province embauche aussi des inspecteurs et des inspectrices.
Les femmes sur le marché du travail
Les conditions de vie et de travail difficiles avec lesquelles les femmes doivent composer suscitent la mise sur pied d’organisations féminines telles que la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB). Fondée en 1907 par Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Caroline Dessaulles-Béique, cette organisation œuvre dans une variété de domaines qui touchent la condition féminine, comme l’hygiène, la santé, l’instruction et le travail. Son action est donc beaucoup plus large que celle d’un syndicat.
La FNSJB compte notamment des associations professionnelles qui regroupent les travailleuses selon leur secteur d’emploi : bureaux, manufactures, magasins, écoles ou maisons privées. Ces associations ont pour objectif de défendre les intérêts des femmes, mais aussi de les éduquer en leur offrant entre autres des cours du soir. En 1914, la FNSJB fonde un Comité d’assistance pour le travail qui vise à aider les chômeuses à se trouver un emploi et à fournir une aide d’urgence aux travailleuses. Les militantes exigent aussi que le gouvernement établisse un salaire minimum et que le Code civil soit réformé de sorte à ce que les femmes mariées puissent gérer leur salaire.
Bien que la FNSJB milite pour améliorer les conditions des travailleuses, elle ne valorise cependant pas le travail des femmes mariées à l’extérieur de la maison, sauf en cas de grande nécessité. En fait, les militantes féministes de l’époque adhèrent à ce qu’on appelle le féminisme maternaliste, c’est-à-dire un féminisme faisant la promotion du rôle traditionnel des femmes en tant que mères.
Cahier de traces
2. L’agriculture et l’industrialisation
Au début du 20e siècle, l’agriculture n’est plus le seul moteur de l’économie québécoise. La part des exportations agricoles diminue et celle de la production industrielle, principalement concentrée dans les centres urbains, augmente. D’ailleurs, la proportion de la main-d’œuvre agricole par rapport à l’ensemble de la population active passe de 45 % en 1891 à 22 % en 1931. L’industrialisation affecte l’univers agricole et en transforme les pratiques, notamment en ce qui concerne la machinerie et les méthodes d’élevage.
2.1. La production agricole et l’État québécois
Déterminer les changements qui améliorent la productivité de l’agriculture.
Dans la foulée de la deuxième phase d’industrialisation, l’accès à plusieurs machines agricoles se démocratise, ce qui améliore la productivité de l’agriculture québécoise. Par exemple, les batteuses de céréales et les arracheuses de pommes de terre accélèrent le traitement des récoltes. De nouvelles technologies favorisent également l’apparition de l’aviculture dans plusieurs régions du Québec, c’est-à-dire l’élevage des volailles et la commercialisation des œufs. À partir des années 1930, des véhicules motorisés comme les tracteurs et les camions facilitent le travail sur les fermes et le transport des marchandises vers les consommateurs.
En s’appuyant sur la mécanisation, les agriculteurs du Québec continuent de diversifier leurs cultures de céréales, de fruits et de légumes ainsi que d’intensifier leur production laitière. En plus de fournir les marchés ruraux, les agriculteurs peuvent répondre aux besoins des villes dont il faut nourrir l’importante main-d'œuvre industrielle. À ce marché intérieur s’ajoutent des débouchés internationaux puisqu'une proportion grandissante de la production agricole est écoulée aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Au tournant du 20e siècle, l’État québécois multiplie ses interventions pour améliorer la productivité des exploitations agricoles de la province. Pour encourager l’adoption de pratiques plus efficaces auprès des agriculteurs, le ministère de l’Agriculture du Québec organise d’abord des concours agricoles. Pour déterminer les vainqueurs de ces concours, des juges du gouvernement provincial visitent les fermes québécoises, où ils évaluent la productivité et la diversité des cultures et de l’élevage. À partir de 1911, le concours du Mérite agricole récompense ses lauréats lors de l’Exposition provinciale de Québec afin de présenter les innovations agricoles au grand public.
En 1913, le ministère de l’Agriculture embauche ses premiers agronomes, des scientifiques responsables de parcourir le Québec pour soutenir les agriculteurs qui ne peuvent pas participer aux concours et aux expositions. Ces scientifiques tentent de donner des exemples concrets de méthodes et de technologies pouvant améliorer la productivité des récoltes ou de l’élevage. Par exemple, les agronomes montrent aux cultivateurs de pommes comment arroser leurs vergers de produits qui les protègent des champignons et des insectes.
Cahier de traces
2.2. Les coopératives agricoles
Définir ce qu’est une coopérative et déterminer les causes de leurs apparition au Québec.
Les personnages de la vidéo
- Alphonse Desjardins
Question 11 - Établir des liens de causalité
Comment la création d’un nouveau type d’entreprise en réaction à la situation du marché du fromage a-t-elle un impact sur celui-ci?
Dans ta réponse, tu dois préciser les éléments suivants et les lier entre eux.
- la situation du marché du fromage au tournant du 20e siècle;
- la création d’un nouveau type d’entreprise;
- l’impact sur le marché du fromage.
Dans cette question visant à établir des liens de causalité, il n’y a pas de document à discriminer. Il n’y a pas non plus de tableau pour t’aider à organiser ta réponse, comme c’est le cas dans les évaluations et dans l’épreuve de fin d’année.
Extrait d’un article de journal publié en 1892
« En consultant les journaux spéciaux des deux continents [Amérique du Nord et Europe] qui s’occupent des marchés au fromage, on constate que le French Cheese ou fromage français, c’est-à-dire fabriqué dans la Province de Québec, est toujours coté au-dessous des fromages [d’Ontario], [...] cette différence de prix ne correspondant nullement à des différences de qualité. »
Source : Auteur inconnu, « French Cheese », La Presse, 20 octobre 1892, p. 2, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082812.
Extrait d’un article publié dans le Bulletin de la Société coopérative agricole des fromagers de Québec en 1916
« La Société [...] a réussi à obtenir pour les produits vendus par son entremise de meilleurs prix, enfin à protéger les intérêts des cultivateurs. Pourquoi a-t-elle obtenu ce résultat? Parce que d'année en année elle a groupé un nombre plus grand de cultivateurs, que chacun, par sa modique contribution, lui a permis de progresser, de se développer [...]. »
Source : Auguste Trudel, « Ce que peuvent faire les cultivateurs qui s’organisent », Bulletin de la Société coopérative agricole des fromagers de Québec, 12 août 1916, p.3, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000164818.
Extrait d’un article scientifique écrit par un historien qui relate la formation de la Société coopérative agricole des fromagers de Québec le 5 mai 1910
« [O]n mit en place un système d’inspection des fabriques et de classification des produits. [...] La fonction principale de la Coopérative était [la vente] des produits agricoles qu’elle recevait de ses membres. [...] En matière d’approvisionnement, la Coopérative offrit [...] à ses membres certains biens nécessaires à la fabrication du beurre et du fromage. »
Source : Claude Beauchamp, « Les débuts de la coopération et du syndicalisme agricoles, 1900-1930 : quelques éléments de la pratique », Recherches sociographiques, vol. 20, no. 3, 1979, p. 350-351.
Cahier de traces
3. Révision
Visionne les explications d'un enseignant sur les éléments les plus importants du chapitre.