Les revendications sociales après 1980
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Cours: | Cap-Jeunesse - Histoire du Québec et du Canada • 4e secondaire • 2022-2023 - Adapté |
Livre: | Les revendications sociales après 1980 |
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Date: | mercredi 9 avril 2025, 10:24 |
1. Introduction
Depuis les années 1980, de vastes pans de la population québécoise continuent de lutter pour améliorer leurs conditions de vie et pour mettre en lumière des enjeux qui les touchent au quotidien. Les mouvements sociaux poursuivent donc leurs revendications politiques, économiques, culturelles et territoriales, auxquelles s’ajoutent les préoccupations de plus en plus de citoyens pour l’environnement.

En suscitant des réflexions et des débats sur une multitude d’enjeux, les revendications sociales façonnent les choix de la population québécoise. Ces revendications soulèvent toutefois des problèmes complexes nécessitant des solutions qui font rarement l’unanimité. Par exemple, la grève étudiante de 2012 en opposition à la hausse des frais de scolarité prévue par le gouvernement provincial témoigne de la divergence des points de vue en ce qui concerne le financement de l’éducation par l'État.
Quelles sont les revendications sociales qui ont marqué la société et quelle est leur portée sur les choix de société des années 1980 à nos jours?
En route vers la réussite
Dans ce chapitre, tu mettras en pratique les opérations intellectuelles à travers l’étude des revendications sociales portées par différents groupes de la population québécoise au tournant du 21e siècle.
Tu étudieras des ouvements sociaux qui se sont manifestés au Québec depuis les années 1980 et le rôle que les citoyens y ont joué pour faire avancer leurs positions.
Tu devras utiliser tes connaissances sur ces mouvements sociaux de façon appropriée pour décrire, analyser et expliquer leurs revendications.
Ce chapitre t’aidera à confirmer ta maitrise des opérations intellectuelles en histoire. Dans l’introduction et la conclusion du chapitre, tu auras accès à un guide conçu pour t’aider à utiliser tes connaissances de façon appropriée dans ta réponse aux questions qui ciblent les opérations intellectuelles.
2. La société civile et les mouvements sociaux
Les documents 1 à 3 présentent la position de trois acteurs sur les revendications étudiantes. Nomme l’acteur qui présente une position différente et compare sa position à celle des deux autres acteurs.
Extrait d’un article de journal publié en 2012 qui présente la position de l'économiste Jean-Martin Aussant
« ”J’ai toujours trouvé que mettre une barrière économique aux études n’était pas une bonne idée.” [Jean-Martin Aussant] croit non seulement au principe, mais aussi à la rentabilité de la gratuité sur tous les plans, notamment au niveau économique. “Les cerveaux, ce sont des ressources renouvelables, explique-t-il. Il faut investir massivement dans l’éducation. L’éducation stimule l’innovation et la productivité.” »
Source : Christophe Perron-Martel, « La gratuité scolaire, un choix rentable », Quartier libre, 28 novembre 2012, en ligne sur Quartier libre.
Extrait d’un article de revue publié en 2014
« Le principal argument qui est avancé en faveur de l’abolition des droits de scolarité est que ce serait un moyen de renforcer l’accès aux études universitaires au Québec. Nul doute que cette idée est généreuse. Mais si on analyse ses conséquences de plus près, il est difficile de conclure que ce soit une bonne idée. La gratuité scolaire à l’université serait inéquitable, coûteuse, inefficace et déresponsabilisante. »
Source : Pierre Fortin, « Contre la gratuité scolaire à l’université », L’actualité, 9 septembre 2014, en ligne sur L’actualité.
Extrait d’une publication par l’Institut économique de Montréal publiée en 2018
« L’éducation n’est pas gratuite. L’État y consacre des milliards chaque année, à même les taxes et impôts payés par l’ensemble des contribuables. L’abolition des différents droits et frais que les étudiants doivent payer serait coûteuse, inefficace et inéquitable. Elle enverrait aussi un mauvais signal quant au coût et à la valeur de l’éducation supérieure dans une province qui accuse déjà un retard en la matière. »
Source : Alexandre Moreau et Miguel Ouellette, « Éducation supérieure : le vrai coût de la “gratuité” », Institut économique de Montréal, dernière mise à jour le 16 août 2018, page consultée le 16 mars 2021.
3. Les revendications autochtones
Aux 19e et 20e siècles, le gouvernement canadien élabore et entretient une politique d'assimilation des Autochtones qui s’appuie notamment sur la Loi sur les Indiens et le régime des pensionnats. Après la Seconde Guerre mondiale, les populations autochtones exercent de plus en plus de pression sur le gouvernement fédéral pour dénoncer les conséquences de cette politique sur leurs communautés et pour demander des changements politiques, socioéconomiques et territoriaux.
À la fin du 20e siècle, les mouvements autochtones poursuivent leurs revendications pour assurer une reconnaissance de leurs droits, de leurs cultures et de leurs territoires ainsi que pour mettre au jour les violences perpétrées par les pensionnats indiens. En effet, les Autochtones multiplient les témoignages sur les violences infligées par certains religieux et ils se regroupent pour demander au gouvernement fédéral de faire la lumière sur les pensionnats.

La Commission de vérité et réconciliation du Canada
Afin de cerner l’envergure des répercussions du régime des pensionnats sur les peuples autochtones, le gouvernement canadien crée la Commission de vérité et réconciliation en 2008. Après avoir recueilli des milliers de témoignages durant plusieurs années, cette commission établit que les pensionnats ont perpétré un génocide culturel et qu’au moins 150 000 enfants autochtones ont souffert d’abus physiques, sexuels et psychologiques au sein des pensionnats.
La Commission de vérité et réconciliation identifie 94 appels à l’action qui visent notamment à documenter la disparition et le décès des enfants qui fréquentaient les pensionnats, à protéger les langues autochtones en favorisant leur enseignement et à sensibiliser la population non-autochtone à l’histoire des pensionnats.
Extrait du témoignage de Kim Quinney devant la Commission de vérité et réconciliation (CVR) :
« Je suis une Survivante intergénérationnelle. Ma mère est à côté de moi. J’ai vécu tous les abus émotionnels, mentaux, physiques et sexuels. Je vais vous parler des étapes de mon esprit de victime à survivante. Je le fais pour moi et ma famille. Ces quatre journées avant la CVR, je n’ai pas pu manger. Je pensais aux réactions… En discutant avec une amie, elle m’a dit que c’est pour guérir [Applaudissement de la salle]. Je le fais pour les autres qui ne peuvent pas le faire. J’ai été victime de sévices sexuels de la part d’un membre de ma famille. Je ne comprenais pas. Je ne savais pas ce que cette personne avait vécu. Il était allé au pensionnat […] Je ne savais pas, je vivais donc avec de la colère, de la honte et de la douleur. »
Source : Brieg Capitaine, « Sortir de la violence : La Commission de vérité et de réconciliation du Canada sur les pensionnats indiens », Revue Canadienne Droit Et Société, vol. 32, no. 3, 2017, p. 358
Malgré les appels à l'action, les excuses officielles du gouvernement canadien et le dédommagement des victimes, plusieurs communautés autochtones vivent avec des traumatismes intergénérationnels. Autrement dit, les survivants des pensionnats portent des séquelles qui affectent leur bien-être individuel et qui se transmettent fréquemment aux générations suivantes. Pour certaines nations, la distance prise entre les jeunes et les ainés freine la transmission de la culture et de la langue.
À l’aide du document 4, indique deux conséquences de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Extrait d’un rapport de l’Assemblée des Premières Nations publié en 2020
« Vous trouverez ci dessous l’évaluation générale de l’Assemblée des Premières Nations concernant les progrès réalisés par le gouvernement du Canada [...] dans la réalisation des objectifs fixés par [...] la Commission de vérité et réconciliation [...].
Une formation de sensibilisation à l’intention des fonctionnaires
Des progrès considérables ont été réalisés dans ce domaine. Les progrès réalisés par l’École de la fonction publique du Canada par la création de sa série d’apprentissages sur les Autochtones pour tous les fonctionnaires fédéraux augmentent les possibilités d’apprentissage, les compétences culturelles et la sensibilisation aux connaissances sur les Premières Nations, ce qui complète cet appel à l’action. [...]
Justice
Peu de progrès ont été réalisés dans ce domaine. Un rapport annuel indiquera et suivra les progrès réalisés dans l’élimination de la surreprésentation des
Autochtones en détention. »
Source : Assemblée des Premières Nations, Progrès réalisés dans le cadre des Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, 2020, p. 2-3, en ligne sur Assemblée des Premières Nations.
3.1. Des enjeux qui touchent les peuples autochtones

En plus d’affronter les traumatismes découlant de la fréquentation des pensionnats, les peuples autochtones font face à une multitude d’enjeux démographiques, socioéconomiques et culturels. Ces enjeux façonnent la vie quotidienne des Autochtones et se manifestent par des conditions de vie peu favorables au sein de nombreuses communautés.
Sur le plan démographique, les populations autochtones augmentent plus rapidement que le reste de la population canadienne. Cette croissance découle du taux de natalité élevé au sein des communautés autochtones, mais aussi du plus grand nombre d’individus qui déclarent leur identité autochtone au gouvernement fédéral. Depuis les années 1980, ces phénomènes contribuent à la hausse du poids démographique des peuples autochtones, qui forment environ 5% de la population canadienne à la fin des années 2010.

Au Canada et au Québec, de nombreuses communautés autochtones continuent d’être tenues en marge de la vie socioéconomique et d’éprouver des conditions de vie peu favorables. En effet, les peuples autochtones demeurent plus vulnérables que la population non-autochtone aux problèmes économiques et sociaux comme le décrochage scolaire, le chômage, l’itinérance, le suicide, la violence conjugale, l’alcoolisme et la toxicomanie. Dans les collectivités autochtones plus éloignées, des problèmes d’accès aux soins de santé, aux services d’urgences et même à l’eau potable aggravent ces conditions de vie. Par exemple, au tournant des années 2020, les Premières Nations de nombreuses réserves doivent toujours faire bouillir l’eau pour la rendre propre à la consommation.

Aux enjeux démographiques et socioéconomiques s’ajoutent les difficultés de transmission des quelque 90 langues autochtones parlées au Canada. Pour faire face à ces enjeux, de nombreuses communautés autochtones prennent en charge l'administration des écoles sur leurs territoires afin d’assurer l’enseignement de leurs histoires, de leurs langues et de leurs cultures. Plusieurs associations autochtones participent également à l’élaboration de la Loi sur les langues autochtones, une loi fédérale adoptée en 2019 pour soutenir les Premières Nations, les Métis et les Inuits dans la réappropriation, la transmission et la protection de leurs langues. Enfin, la défense des langues autochtones s’appuie sur la vitalité culturelle et artistique de plusieurs nations, comme en témoignent les nombreuses chansons en inuktitut de la musicienne Elisapie Isaac.
Indique le document qui correspond à un enjeu social des nations autochtones et celui qui correspond à un enjeu culturel des nations autochtones. Justifie tes réponses avec un fait.
Extrait d’un rapport de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques publié en 2018
« Selon un rapport préparé pour la Fondation autochtone de guérison, le taux de suicide [était] deux fois plus élevé que le taux général canadien. Statistique Canada a aussi calculé qu’entre 2005 et 2007, le taux de suicide des jeunes âgés de 1 à 19 ans habitant dans les régions à forte concentration de membres des Premières Nations [dépasse] largement le taux national de 11 pour 100 000. [...] En clair, bien que ces données indiquent que les taux de suicide varient beaucoup, selon la communauté, le groupe d’âge et le sexe notamment, on constate que, de manière générale, ce taux est toujours plus élevé que celui des non-Autochtones, indiquant une détresse plus grande au sein des nations autochtones et plus particulièrement chez les jeunes. »
Source : Julia Posca, « Portrait des inégalités socioéconomiques touchant les Autochtones au Québec », Note socioéconomique, janvier 2018, p. 11, en ligne sur Institut de recherche et d'informations socio-économiques.
Extrait d’un reportage de Radio-Canada diffusé en 2020
« Neqotkuk [au Nouveau-Brunswick] est la plus grande communauté malécite au monde avec plus de 1500 habitants. [...] En 2016, 140 personnes ont déclaré le malécite comme langue maternelle à Neqotkuk. En fait, dans les huit communautés malécites (six au Nouveau-Brunswick, une au Québec et une au Maine), moins d’une centaine de personnes et peut-être aussi peu qu’une quarantaine parlent encore couramment le wolastoqey [la langue du peuple malécite]. »
Source : Janique Leblanc, « Cri du cœur pour une langue qui se meurt », Radio-Canada, 4 novembre 2020, en ligne sur Société Radio-Canada.
3.2. Les droits des Autochtones et les revendications territoriales
Dans les années 1980, les Autochtones continuent de revendiquer leurs droits afin de défendre leurs modes de vie, leurs cultures et leurs territoires. Lors des négociations sur le rapatriement de la Constitution du Canada, de nombreuses associations autochtones demandent au gouvernement fédéral que ces droits soient reconnus dans la nouvelle constitution.
Ces pressions conduisent à la reconnaissance des droits ancestraux des Premières Nations, des Métis et des Inuits par la Loi constitutionnelle de 1982. Cette loi reconnait également les droits issus de traités entre les peuples autochtones et le gouvernement, ce qui inclut les ententes conclues avant la création de la fédération canadienne en 1867. Dorénavant, les mouvements autochtones peuvent fonder leurs revendications politiques, culturelles et territoriales sur la Constitution, ce qui les dotent d’une plus grande capacité d’action face à l’État et aux grandes entreprises privées.
Depuis les années 1980, les peuples autochtones comptent de plus en plus sur leurs droits ancestraux pour légitimer la pratique de la chasse, de la pêche ou du piégeage sur des territoires qu’ils occupaient avant l’arrivée des Européens. Les Autochtones comptent aussi sur leurs droits ancestraux pour revendiquer la possession des terres qu’ils n’ont pas cédées au gouvernement fédéral, voire pour s’opposer aux projets de développement économique qui empiètent sur ces terres.
La reconnaissance des droits ancestraux soutient ainsi les Autochtones dans leurs négociations avec les différents paliers de gouvernement, ce qui conduit entre autres à des ententes avec les Inuits du Nunavut au Canada et du Nunavik au Québec. En plus de susciter la création du Nunavut en 1999, ces ententes répondent aux revendications des Inuits concernant la possession et le contrôle de leurs territoires, la représentation politique de leurs peuples ainsi que la participation au développement économique du Nord canadien.
La signature d’une entente entre le gouvernement et les Autochtones ne signifie pas pour autant la fin de leurs revendications territoriales. Dans les années 1980 et 1990, les Cris soutiennent que l’État québécois ne respecte pas la Convention de la Baie-James et du Nord Québécois de 1975. Devant les tribunaux, les Cris affirment que le gouvernement provincial et les entreprises privées ne les consultent pas suffisamment en ce qui concerne l’exploitation des ressources hydroélectriques, minières et forestières.
Pour répondre à ces revendications, le gouvernement péquiste de Bernard Landry amorce de nouvelles négociations avec la nation crie au début des années 2000. Avec la signature de la Paix des Braves en 2002, les Cris s’assurent de collaborer au développement économique du Nord-du-Québec, de recevoir une part des retombées financières et d’administrer leurs finances avec une plus grande autonomie. Cette entente de nation à nation met ainsi un terme aux contestations juridiques des Cris et elle permet à l’État québécois de lancer la construction d’un complexe hydroélectrique sur la rivière Eastmain.
La crise d'Oka
Malgré la reconnaissance des droits ancestraux et les ententes gouvernementales, les peuples autochtones doivent fréquemment mener de longues luttes pour défendre leurs territoires. Par exemple, aux 18e et 19e siècles, les Mohawks de Kanesatake, notamment par l'entremise Joseph Onasakenrat, exercent des pressions sur la couronne britannique et le gouvernement canadien afin de revendiquer les terres occupées par les Sulpiciens depuis l’époque de la Nouvelle-France. Dans la deuxième moitié du 20e siècle, les Mohawks intensifient leurs revendications territoriales face à l’expansion du village d’Oka, mais le gouvernement fédéral rejette ces revendications à deux reprises, avant et après l’adoption de la Loi constitutionnelle de 1982.

En 1990, la municipalité d’Oka approuve la construction de condominiums et l’agrandissement d’un terrain de golf, un projet qui empiète sur les terres revendiquées par les Mohawks.
Appuyés par les Warriors de Kahnawake, les Mohawks de Kanesatake érigent des barricades pour s’opposer au projet de développement et pour défendre le territoire au sein duquel se trouve un cimetière autochtone. Au cours de l’été, les tensions entre les Mohawks et les différents paliers de gouvernement débouchent sur de multiples affrontements avec la police provinciale et l’armée canadienne. La crise d’Oka prend fin en septembre 1990 avec le démantèlement des barricades, l’arrestation de certains Warriors et l’achat des terres à l’origine du conflit par le gouvernement fédéral. Trente ans après la crise d’Oka, les Mohawks de Kanesatake attendent toujours le transfert officiel de ces terres et la satisfaction de leurs revendications territoriales.

À partir de l’exemple de la nation Wet’suwet’en dans les documents 7 et 8, indique une différence entre la gouvernance des conseils de bande et des chefs héréditaires. Puis, indique une différence entre la position de chacun sur le projet Coastal GasLink.
Extrait d’un article de journal publié en 2020
« Les opposants du projet clament que Coastal GasLink [Transcanada] n’a pas le pouvoir de construire son gazoduc sans le consentement des chefs héréditaires de la nation wet’suwet’en. L’entreprise [Transcanada] disait avoir signé des accords avec les conseils élus des 20 Premières nations situées le long du tracé du gazoduc, y compris avec certains membres du conseil des élus de Wet’suwet’en. Ces membres élus disent être indépendants de l’autorité du chef héréditaire et ont signé des accords visant à améliorer les services d’éducation, les soins aux aînés et les services à la communauté. Les chefs héréditaires affirment détenir l’autorité sur 22 000 kilomètres carrés du territoire traditionnel des Wet’suwet’en, tandis que les membres élus du conseil administrent les réserves. »
Source : La Presse canadienne, « Les chefs héréditaires wet’suwet’en s’entendent avec les gouvernements », La Presse, 30 avril 2020, en ligne sur La Presse.
Extrait d’un article de Radio-Canada publié en 2020
« La nation Wet’suwet’en compte 13 maisons traditionnelles représentées par des chefs dits traditionnels. [...] Ces chefs héréditaires tirent leur autorité des formes traditionnelles de gouvernance qui ont historiquement été écrasées par l’État canadien. [...] Avec la Loi sur les Indiens, adoptée en 1876, des conseils de bande élus deviennent les figures reconnues par l’État canadien pour administrer les réserves. Les chefs héréditaires, dont les structures ont survécu jusqu’à aujourd’hui, revendiquent pour leur part l’autorité sur les territoires non cédés qui peuvent ou non inclure les terres des réserves. »
Source : Jean-Philippe Guilbault, « La difficile négociation des titres ancestraux au cœur du conflit Wet’suwet’en », Radio-Canada, 4 mars 2020, en ligne sur Société Radio-Canada.
Indique si les faits présentés dans les documents 9 à 12 sont antérieurs ou postérieurs à la crise d’Oka.

Extrait d’un article de Radio-Canada
« Quelques semaines plus tôt, le 15 février [...], le Nunavut tenait ses premières élections pour former un gouvernement. Le nouveau territoire opte pour un gouvernement de consensus, sans parti politique, qui aura un ressort sur la santé, l’éducation, la justice, les services sociaux et la culture. Le premier ministre et le Cabinet seront désignés après les élections parmi les députés indépendants. Ce n’est qu’à la suite de la formation de son premier gouvernement que le Nunavut peut faire officiellement son entrée dans la Confédération. »
Source : Radio-Canada, « Quand le Nunavut est devenu le troisième territoire du Canada », Radio-Canada, en ligne sur Société Radio-Canada.

Extrait d’une motion adoptée après la ratification de la Loi constitutionnelle de 1982
« [...] l’État québécois allait baliser le cadre général de son action future à l'égard des peuples autochtones par le biais d'une résolution adoptée le 20 mars par l'Assemblée nationale. Cette résolution [reconnait] l'existence de 11 nations autochtones distinctes sur le territoire du Québec ainsi que leurs droits ancestraux et ceux inscrits dans les Conventions de la Baie-James et du Nord québécois et du Nord-Est québécois. »
Source : Daniel Salée, « L’État québécois et la question autochtone », dans Alain-G. Gagnon, Québec : État et société, tome 2, Montréal, Québec/Amérique, 1994, p.
121, en ligne sur Les classiques des sciences sociales.
4. L’égalité hommes-femmes et les revendications féministes
À la fin du 20e siècle, les femmes poursuivent leur lutte pour l’égalité hommes-femmes et elles continuent d’accroitre leur présence sur le marché de travail. Les associations féministes intensifient leur contestation des inégalités socioéconomiques qui touchent les femmes, de même que leurs revendications en matière d’équité salariale, de conciliation travail-famille et de parité. En 1988, les femmes canadiennes réalisent un gain important avec la décriminalisation complète de l’avortement, ce qui leur permet d’interrompre une grossesse en fonction de leur propre décision.
En plus d’appuyer les travailleuses, le mouvement féministe se diversifie en portant des revendications sur une multitude d’enjeux sociaux, culturels et identitaires. En effet, des féministes de différents horizons luttent entre autres contre le sexisme, le racisme, le capacitisme, l'homophobie et la transphobie. La diversification des luttes témoigne du vaste prisme d’opinions qui peuvent s’entrechoquer dans les groupes féministes, un phénomène qui permet toutefois de montrer qu’une même personne peut être touchée par plusieurs enjeux.

La lutte contre la violence faite aux femmes représente un des enjeux communs aux divers courants du mouvement féministe. De nos jours, les femmes continuent d’être exposées à plusieurs formes de violences simplement à cause de leur sexe. En plus de dénoncer ces violences, les organisations féministes soutiennent les victimes des violences conjugales, des discours et des actes misogynes ainsi que des féminicides. Survenue le 6 décembre 1989, la tragédie du féminicide de l’École Polytechnique de Montréal, où 14 jeunes femmes périrent sous les balles d’un homme, est un exemple de ces violences qui imprègnent la mémoire collective.
Les femmes autochtones sont grandement affectées par la violence : elles risquent davantage d’être victimes de violence que les femmes non autochtones. À la suite de pressions exercées par les nations autochtones durant plusieurs années, le gouvernement canadien mène une enquête entre 2016 et 2019 sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Les femmes autochtones continuent de lutter contre la violence et de sensibiliser la population canadienne à leur réalité.

4.1. Les inégalités socioéconomiques et l’équité salariale

Dans les années 1990, les militantes féministes revendiquent une amélioration de la situation économique des femmes, qui demeurent généralement plus vulnérables à la pauvreté que les hommes. Pour dénoncer cette situation, la Fédération des femmes du Québec organise la marche « Du pain et des roses » en 1995, un évènement de plusieurs jours qui rassemble des milliers de femmes sur un parcours de 200 kilomètres.
Sous l’égide de Françoise David et de Manon Massé, la marche « Du pain et des roses » se rend à l'Assemblée nationale, où le gouvernement de Jacques Parizeau répond aux revendications des femmes devant une foule de milliers de personnes. Le gouvernement péquiste annonce notamment une hausse du salaire minimum, la perception automatique des pensions alimentaires, la création de 1 200 logements sociaux et l'instauration d’un programme pour améliorer l’accès des femmes au marché du travail.
À l’aide des documents 13 et 14, indique un changement relié à la Loi sur l’équité salariale de 1996 au Québec ainsi qu’un fait qui l’appuie. Indique ensuite une continuité reliée à la Loi sur l’équité salariale de 1996 au Québec ainsi qu’un fait qui l’appuie.
Extrait d’un article scientifique publié en 2008
« Fait appréciable : pour plus de 50 % des travailleuses non syndiquées ayant bénéficié des ajustements, l’augmentation du taux horaire se chiffre à plus de 50 sous [...]. C’est presque cinq fois la hausse annuelle moyenne du salaire minimum québécois. Ces travailleuses n’auraient jamais bénéficié d’une telle augmentation sans cette loi. »
Source : Rosette Côté, « Une politique originale de rattrapage salarial entre hommes et femmes : la loi québécoise sur l'équité salariale », Revue française d’administration publique, no. 127, 2008, p. 586, en ligne.
Interprétation des données d’une publication diffusée en 2019
Selon les données de Statistique Canada sur l’iniquité salariale entre les sexes, les femmes de 15 ans et plus ont gagné 0,87 $ pour chaque dollar gagné par les hommes en 2017. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à participer au marché du travail, avec des niveaux de qualification toujours plus élevés. Malgré le recul de 21 % de l’écart salarial avec les hommes par rapport à l’année 1998, le fossé persiste.
Source des données : Rachelle Pelletier, Martha Patterson et Melissa Moyser, « L’écart salarial entre les sexes au Canada : 1998 à 2018 », Statistiques sur le travail, 2019, en ligne sur Statistique Canada.
4.2. La conciliation travail-famille et la parité
Depuis les années 1960, le mouvement féministe remet en question les valeurs selon lesquelles les femmes se doivent d’assumer l’ensemble des responsabilités domestiques et familiales. Malgré la lutte contre les stéréotypes sexistes, les femmes continuent souvent de porter une plus grande charge que les hommes en ce qui concerne les travaux domestiques et l’organisation de la vie familiale.
De nombreuses femmes doivent ainsi choisir entre leurs ambitions professionnelles et personnelles, un enjeu qui préoccupe de plus en plus l’État québécois à la fin du 20e siècle. En effet, le gouvernement provincial réforme d’abord le droit de la famille en 1981 pour établir l’égalité juridique des époux, mutuellement responsables de l’éducation de leurs enfants. Grâce à cette loi, les femmes gardent dorénavant leur nom de famille lorsqu’elles se marient, ne pouvant plus prendre celui de leur époux. Dans les années 1990, l’élaboration de la politique familiale par le gouvernement québécois répond également à l’enjeu de la conciliation travail-famille, puisque les centres de la petite enfance soutiennent les femmes qui veulent réintégrer leur emploi après leur congé de maternité.

La présence accrue des femmes sur le marché du travail ne s’accompagne pas toujours d’un changement de mentalités dans les partis politiques, les organismes publics et les entreprises privées. Dans les années 1980, les femmes demeurent minoritaires dans les postes décisionnels importants, que ce soit en tant que ministre du gouvernement québécois, directrice dans une société d’État ou comme membre du conseil d'administration d’une compagnie privée. Au cours des décennies suivantes, la parité devient ainsi une revendication des organisations féministes, de même qu’un objectif à atteindre pour les gouvernements et les entreprises qui partagent cette préoccupation.
Entre 1920 et 2010, les données des recensements canadiens montre que le pourcentage de femmes dans la société canadienne oscille entre 48,5 % et 50,5 %. Pourtant, au début du 21e siècle, elles continuent de représenter moins de 20 % des membres des conseils d’administration des entreprises privées. Qu’en est-il de leur représentation politique comme ministres?
Explique comment l’application de la parité en politique permet aux femmes d’être plus présentes dans les prises de décisions politiques.
Dans ta réponse, tu devras préciser chacun des éléments ci-dessous et les lier entre eux.
- La représentation des femmes en tant que ministre
- L’application du principe de la parité
- Une conséquence sur la composition du Conseil des ministres
Extrait d’une publication du Conseil du statut de la femme publiée en 2015
« La zone de parité ou la zone paritaire est une conception qui réfère à un équilibre de 40/60 entre les femmes et les hommes au sein d’un groupe. »
Source : Conseil du statut de la femme, Les femmes en politique : en route vers la parité, Gouvernement du Québec, 2015, p. 3, en ligne sur Conseil du statut de la femme.


Extrait d’un article de revue publié en 2019
« Les femmes sont minoritaires tant à la Chambre des communes que dans les chambres législatives des provinces et territoires. Pour pallier ce problème, la nomination de conseils des ministres paritaires, c’est-à-dire composés d’autant d’hommes que de femmes, s’est répandue. Bien qu’elle ne soit pas un phénomène nouveau au Canada, cette parité n’est toujours pas la norme. C’est Jean Charest, alors premier ministre du Québec, qui a lancé le bal en 2007, en nommant le premier conseil des ministres paritaires du pays. Rachel Notley (Alberta, 2015), John Horgan (Colombie-Britannique, 2017) et François Legault (Québec, 2018) ont également répété l’exercice. »
Source : Carol-Ann Rouillard et Mireille Lalancette, « Les cabinets paritaires canadiens, d’hier à aujourd’hui », L’actualité, 21 novembre 2019, en ligne sur L’actualité.
5. Les préoccupations environnementales de la société québécoise
Le contrôle des normes environnementales influence le quotidien de la population canadienne. Indique un changement et une continuité dans les habitudes de gestion des déchets des Canadiens.
Extrait d’un rapport du gouvernement du Canada sur la gestion des déchets publié en 2020
« Entre 2002 et 2016, la quantité de déchets solides récupérés par recyclage et compostage a augmenté de 40 %. En 2016, les fibres de papier constituaient la plus grande partie de toutes les matières récupérées, soit 3,6 millions de tonnes, suivies des matières organiques (aliments et résidus de jardinage), à 2,6 millions de tonnes. Malgré cette augmentation de la quantité de déchets détournés des décharges, la quantité totale de [déchets solides municipaux] destinés à l’élimination a connu une hausse de 4 % de 2002 à 2016 [en passant de 24,08 millions de tonnes à 24,94 millions de tonnes]. »
Source du texte : Environnement et Changement climatique Canada, Rapport national sur la caractérisation des déchets : La composition des déchets solides municipaux au Canada, 2020, p. 1, en ligne sur Gouvernement du Canada.
Source des données : Statistique Canada, Matières récupérées, selon le type, Tableau 38-10-0034-01, en ligne sur Statistique Canada; Statistique Canada, Élimination de déchets, selon la source, Tableau 38-10-0032-01, en ligne sur Statistique Canada.
6. Révision
Visionne les explications d'un enseignant sur les éléments les plus importants du chapitre.