La période duplessiste
3. L’économie sous Duplessis
3.1. Les investissements étrangers et la continentalisation de l’économie
Comprendre comment se traduit le libéralisme économique dans le gouvernement de Duplessis.
À l’instar de ses prédécesseurs, le gouvernement de Duplessis s’appuie sur le libéralisme économique pour attirer les entreprises étrangères. Pour ce faire, il accorde à ces entreprises des concessions forestières et minières à bas prix, leur assure des niveaux de taxation faibles et leur laisse une grande liberté d’action. De plus, il prend en charge le coût de certaines infrastructures pour faciliter l’exploitation des ressources, par exemple en construisant des routes. Enfin, il maintient le salaire minimum et les charges sociales à des niveaux peu élevés, tout en réglementant peu les normes du travail.
En créant des conditions favorables pour les entreprises étrangères, le gouvernement de Duplessis stimule leurs investissements dans l’économie québécoise. Entre 1946 et 1960, ces investissements triplent, passant de 7 128 millions de dollars par année à 22 214 millions par année.
Au cours de la période duplessiste, la majorité des investissements étrangers au Québec proviennent des États-Unis. Les politiques libérales du gouvernement unioniste expliquent en partie cette domination des capitaux américains, mais le contexte mondial permet aussi de comprendre leur prépondérance dans l’économie québécoise.
D’une part, pendant la Seconde Guerre mondiale, l’économie nord-américaine est devenue de plus en plus autonome et autosuffisante. Cette continentalisation de l’économie renforce la dépendance des économies canadiennes et québécoises envers l’économie américaine. Après la guerre, ce phénomène s’accentue puisque les pays alliés européens, bien qu’ils soient sortis victorieux du conflit, doivent consacrer leurs ressources financières à la reconstruction de l’Europe. Affaiblis financièrement, ces pays ne sont pas en mesure d’investir à l’étranger, ce qui stimule les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis et qui encourage l’intégration économique des marchés nord-américains.
D’autre part, la guerre froide stimule la demande pour les ressources naturelles du Canada et du Québec. En effet, dans la perspective d’un conflit armé avec la Russie, les États-Unis veulent s’assurer de posséder des réserves de matières premières suffisantes. Ces derniers importent ainsi de plus en plus de ressources pétrolières canadiennes et de ressources minières québécoises, ce qui incite de nombreuses entreprises américaines à s’établir en sol québécois pour exploiter les ressources convoitées.
Vérifie tes connaissances - Libéralisme et investissements étrangers
Cahier de traces
L'exploitation des ressources naturelles
Plusieurs des secteurs d’exploitation qui s’étaient développés lors de la deuxième phase d’industrialisation demeurent des pôles économiques importants au Québec. C’est le cas par exemple des pâtes et papiers, de l’hydroélectricité, de l’aluminium, de l’amiante, de l’acier et d’autres métaux tels que le cuivre, l’or, l’argent ou le zinc. D’autres secteurs émergent sous l’impulsion des demandes américaines, dont le fer et le titane.
Question 5
Étape 1 - Situer dans l'espace
Consulte les documents 5 à 10 et situe chacun des documents sur la carte illustrant l’exploitation des ressources naturelles à la fin de la période duplessiste.
Les documents
Entre 1948 et 1950, la première compagnie d’extraction de minerais québécoise commence l’exploitation du titane et du fer des lacs Tio et Allard, près de Havre-Saint-Pierre. C’est le premier port minier de la Côte-Nord. Dans les années 1950 et 1960, la compagnie exporte entre 1 et 1,5 million de tonnes de minerais chaque année, alors que cette production était inexistante auparavant.
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Dans les années 1950, la compagnie Iron Ore, financée par des capitaux américains, se donne les moyens d’exploiter les gisements de fer du Nouveau-Québec. Pour cela, elle fait construire une ligne de chemin de fer de 574 km qui relie Sept-Îles à Schefferville. En 1954, les tout premiers chargements de fer sont expédiés. En cinq ans, la valeur de la production explose et atteint 92 millions de dollars. Sept-Îles devient un des ports maritimes les plus fréquentés, surtout après l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent.
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
En plus du fer, l’exploitation des autres métaux connait aussi une hausse importante, particulièrement en Abitibi et dans le Nord-du-Québec. La production du cuivre fait plus que tripler alors que celle d’amiante double. L’or, l’argent, le zinc, le nickel et le molybdène sont également en croissance.
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Le secteur des pâtes et papiers connait un âge d’or après la Seconde Guerre mondiale. Le Canada demeure le chef de file mondial de la production de papier journal. Au Québec, c’est l’industrie qui emploie le plus grand nombre de travailleurs, avec plus de 25 000 travailleurs, notamment dans les régions de la Mauricie, de l’Outaouais et de l’Abitibi. Une première école nationale de papeterie ouvre ses portes à Trois-Rivières.
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Dans le but de répondre aux besoins des nouvelles exploitations minières et à la demande industrielle, de nouvelles centrales hydro-électriques sont mises en chantier. Sur la côte nord, le gouvernement québécois confie à Hydro-Québec le soin de construire deux centrales à l’ouest de Baie-Comeau : les centrales électriques Bersimis 1 (ouverte en 1956) et Bersimis 2 (ouverte en 1959). En Abitibi et en Outaouais, de nouvelles centrales sont également mises en service.
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Pour faciliter l’acheminement des ressources naturelles vers l’intérieur du continent, les États-Unis et le Canada lancent ensemble un vaste projet de construction d’écluses et de canaux. Ouverte en 1959, la voie maritime du Saint-Laurent permet à des navires de 225 mètres de long et de 23 mètres de large de naviguer de l’océan Atlantique jusqu’aux Grands Lacs. Cet axe de navigation contourne des obstacles tels que les rapides de Lachine ou les chutes du Niagara. Il accentue le mouvement de continentalisation de l’économie.
Source du texte : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Étape 2 - Déterminer des changements et des continuités
À partir des documents 11 et 12, quel changement peux-tu constater dans les régions d’exploitation des ressources naturelles entre le début du 20e siècle et l’époque du gouvernement de Duplessis?