La vie économique au début du 20e siècle
2. La deuxième phase d’industrialisation
Déterminer les changements qui surviennent entre la première phase et la deuxième phase d’industrialisation et cerner les valeurs du libéralisme économique.
Au début du 20e siècle, divers pays à travers le monde entrent dans ce que les historiens ont appelé la deuxième phase d’industrialisation. Dans ce contexte économique, le Canada intensifie sa production industrielle et fournit de plus en plus de ressources naturelles et de main-d'œuvre aux grandes entreprises américaines.
La deuxième phase d’industrialisation prend notamment forme avec des transformations touchant la production manufacturière et le capitalisme industriel. D’une part, les usines augmentent leur capacité de production en poursuivant la mécanisation et la division du travail ainsi qu’en adoptant de nouvelles technologies comme la chaine de montage. Lors des deux guerres mondiales, la capacité de production des manufactures canadiennes se montrera utile pour l’industrie de guerre, c’est-à-dire la fabrication de matériel destiné aux militaires. D’autre part, les plus grandes entreprises consolident leur emprise sur le secteur économique qu'elles exploitent en achetant leurs plus petits concurrents.
Au Québec, la deuxième phase d’industrialisation se manifeste
Vérifie tes connaissances - Retour sur la première phase d’industrialisation
De la première à la deuxième phase d’industrialisation
En ce qui concerne l’histoire du Québec, la plupart des historiens situent la première phase d’industrialisation dans la deuxième moitié du 19e siècle et la deuxième phase dans la première moitié du 20e siècle. Qu’est-ce qui caractérise chacune de ces deux phases d’industrialisation? Qu’est-ce qui les distingue? Pour découvrir la réponse à ces questions, nous te proposons de travailler à partir d’un dossier documentaire à propos des deux phases d’industrialisation.
Lis et analyse les documents 5 à 12. Détermine quels documents décrivent la première phase d’industrialisation et quels sont ceux qui décrivent la deuxième phase .
Pour classer les documents, tu peux utiliser les connaissances que tu possèdes déjà sur la première phase d’industrialisation afin de reconnaitre les documents qui lui sont liés. En les discriminant, tu devrais être en mesure de trouver les documents illustrant la seconde phase d’industrialisation.
Extrait d’un texte de synthèse qui explique que de nouvelles industries s’ajoutent au secteur manufacturier développé au siècle précédent, notamment à Montréal
« Or, voici qu’à la toute fin du 19e siècle se développent plusieurs secteurs nouveaux, basés sur l’exploitation des richesses naturelles, qui, en quelques années, modifient profondément la structure industrielle québécoise. Ces nouveaux secteurs sont l’hydroélectricité, les pâtes et papiers, l’électrométallurgie, l’électrochimie et les mines. [...]
Les établissements [de ces nouvelles industries] s’installent soit près des matières premières, pour en réduire le coût de transport, soit près des sources d’énergie [hydro]électrique. »
Source : Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain, tome 1 : De la Confédération à la crise (1867-1929), Montréal, Boréal, 1989, p. 409.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiens
« La croissance de la population et la multiplication des nouvelles activités économiques amènent graduellement un grand nombre de nouveaux entrepreneurs [et d’investisseurs] à se lancer en affaires, à mettre sur pied des commerces, des manufactures, des entreprises de services dans un nombre plus étendu de secteurs [...].
Mais depuis [1850], [...] [u]n grand nombre d’entre eux ne sont pas originaires de Montréal. Chez les anglophones, ils viennent surtout d’Angleterre et d’Écosse, parfois des États-Unis, alors que chez les francophones, nombreux sont les individus originaires du milieu rural québécois. »
Source : Paul-André Linteau, Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 2000, p. 56.
Témoignage de Pierre Pleau, machiniste, en 1889
« Q. Quel est l’âge du plus jeune enfant qui était employé dans votre département?
R. Le plus jeune enfant qui a travaillé sous moi avait à
peu près treize ans. [...]
Q. À quelle heure commençait l’ouvrage?
R. Dans mon temps on commençait à six heures et vingt-cinq minutes. [...]
Q. À quelle heure finissait-on l’ouvrage, en temps ordinaire?
R. Le plus jeune enfant qui a travaillé sous moi avait à peu près treize ans.
[...]
Q. À quelle heure était le diner?
R. On avait trois quarts d’heure pour diner, mais généralement on forçait les travaillants à se remettre à
l’ouvrage après une demi-heure ; l’engin était mis en mouvement après une demi-heure [...]. »
Source : Rapport de la Commission royale sur les relations du travail avec le capital au Canada, Ottawa, A. Sécénal, 1889, p. 351-352, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000599736.
Extrait d’un texte de synthèse
« Dans la seconde moitié du 19e siècle, les usines recourent à de nouvelles formes d’énergie. D’une part, le charbon est utilisé dans le fonctionnement des machines à vapeur, ainsi que pour l’éclairage et le chauffage. Il alimente également les locomotives à vapeur.
D’autre part, les usines et les scieries situées aux abords des rivières et des canaux tirent leur énergie de l’eau. Par exemple, à Montréal, après l’agrandissement du canal de Lachine dans les années 1840, l’augmentation du débit de l’eau créée par le dénivellement permet d’activer des turbines et des roues hydrauliques qui fournissent de l’énergie aux usines situées le long de certaines sections du canal. »
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par des historiens
« Au cours de la première moitié du 20e siècle, les améliorations aux conditions de travail n’apparurent que lentement. Dès 1909, de nombreux travailleurs spécialisés obtenaient la semaine de travail de 54 heures, mais les femmes et les enfants travaillaient encore 60 heures par semaine. [...]
Au cours du premier quart du siècle, le travail des enfants garda toute son importance dans le secteur manufacturier, où des amendes et des châtiments corporels permirent de contrôler cette main-d’œuvre juvénile. »
Source : John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Septentrion, 2003. p. 253.
Extrait d’un texte de synthèse écrit par un historien
« L'industrialisation du Québec pendant [les dernières décennies du 19e siècle] [...] permet de renforcer la structure industrielle montréalaise, mais elle est aussi témoin de l'implantation de l'industrie dans plusieurs autres villes, petites et moyennes [...].
Au Québec, l'industrialisation s'appuie surtout sur l'industrie légère, qui emploie une main-d’œuvre abondante et faiblement rémunérée et qui produit des biens de consommation, tels la chaussure, le textile, le vêtement et les aliments. Il y a aussi de l'industrie lourde, liée au secteur des transports et à la transformation des métaux et centralisée à Montréal. »
Source : Paul-André Linteau, « Le Québec depuis la Confédération », L’Encyclopédie canadienne, en ligne, page publiée le 7 février 2006, dernière mise à jour le 4 mars 2015.
Glisse le curseur noir de droite à gauche pour voir la carte sur l’exploitation des ressources naturelles en 1930 ou la carte sur l’exploitation de l’hydroélectricité en 1930.
Cahier de traces
Question 2 - Déterminer des changements et des continuités
Analyse les éléments que tu as inscris dans ton tableau en comparant les deux phases d’industrialisation pour chacun des thèmes. Détermine au moins trois changements et au moins deux continuités qui surviennent entre les deux phases.
Cahier de traces
Le libéralisme économique
Au Québec, la deuxième phase d’industrialisation est fortement marquée par les valeurs du libéralisme économique. Cette idéologie prône une grande liberté d’action en matière de circulation des capitaux, d’entrepreneuriat, ainsi qu’une intervention limitée de l’État dans les questions économiques. La classe politique québécoise, dominée par le Parti libéral, est favorable à l’exploitation des ressources naturelles et met tout en œuvre pour faciliter l’implantation d’industries sur le territoire.