La population et la vie sociale de 1840 à 1896
4. Les migrations
4.3. L'émigration vers les États-Unis
Décrire un mouvement migratoire marquant vers les États-Unis au 19e siècle.
À partir des années 1840, de plus en plus de familles canadiennes-françaises émigrent vers les États-Unis, notamment vers les villes de la Nouvelle-Angleterre. La ville de Lowell dans le Massachusetts en est l’exemple le plus emblématique. Les Canadiens français y forment des communautés nombreuses qui se dotent de leurs propres écoles, églises et organisations communautaires. Certains quartiers où résident les Canadiens français sont même surnommés des « petits Canadas ».
Entre 1840 et 1890, plus de 300 000 personnes quittent le Québec, une émigration qui continuera jusqu’à la fin des années 1920. Plus de gens quittent la province que d’immigrants n’y entrent. Le développement du réseau de chemins de fer facilite le déplacement des personnes vers les villes industrielles du Nord des États-Unis. Au départ, les mouvements migratoires sont souvent temporaires. Plusieurs personnes vont et viennent entre le Canada et les États-Unis. Néanmoins, la plupart de celles qui quittent ne reviendront jamais au pays et le Québec perd environ 10 % de sa population durant cette période. C’est pourquoi on désigne souvent cette vague de départs du nom de « Grande hémorragie ».
À l’aide des documents suivants, explique ce qui incite des milliers de Canadiens-français à émigrer aux États-Unis.
Consulte attentivement les documents 10 et 11 avant d'écouter la vidéo.
Extrait d’un rapport sur l’émigration au Bas-Canada publié en 1849 par 7 membres de l’Assemblée législative de la Province du Canada
« Les dettes forcent ces familles à émigrer après avoir vendu elles-mêmes, ou vu vendre par autorité de justice, leurs terres et leur mobilier. Les mauvaises récoltes dues à la mouche à blé et à l’état arriéré de l’agriculture, [...] la distance du marché, le manque de voies de communication, l’absence de la navigation à la vapeur qui, en rapprochant le cultivateur du marché lui donnerait les moyens de tirer parti de ses travaux, et l’encourageraient à améliorer son système de culture, - le taux de rentes élevées imposé par quelques seigneurs dans leurs nouvelles concessions , qui accable le censitaire ; ces diverses causes réunies occasionnent la misère de ces familles et par là leur émigration. »
Source : Pierre J.O. Chauveau et al., Rapport du comité spécial de l'Assemblée législative, nommé pour s'enquérir des causes et de l'importance de l'émigration qui a lieu tous les ans du Bas-Canada vers les États-Unis, Montréal, Louis Perreault, 1849, p.13-14, en ligne sur Canadiana.
Propos de l’historien Yves Roby publiés en 1996
« Les centres urbains du Québec se révèlent non seulement incapables d’absorber l’excédent de la population des campagnes, mais elles contribuent même à grossir le flot des migrants vers les États-Unis. [...] Lorsque surviennent, pour une période prolongée, le chômage, la réduction des salaires ou encore la diminution des heures de travail, c’est la misère. Comme il n’existe alors aucune mesure d’aide sociale, c’est la ronde infernale de l’endettement qui s’installe. Parce que les salaires y sont plus élevés qu’au Québec, plusieurs décident alors de s’exiler temporairement en Nouvelle-Angleterre dans l’espoir d’accumuler rapidement l’argent pour payer leurs dettes et recommencer à neuf. »
Source : Yves Roby, « Partir pour les “États” », dans Serge Courville (dir), Atlas historique du Québec : population et territoire, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 1996, p. 124.
Cahier de traces
Résume l’information pertinente de la section 4.3 dans la partie rouge du tableau.