La population et la vie sociale de 1840 à 1896
3. Les conditions de vie et de travail
3.1. Les conditions de travail et le mouvement ouvrier
Identifier les conditions de travail des ouvriers et les moyens qu'ils utilisent pour revendiquer leur amélioration dans la seconde moitié du 19e siècle?
Question 2 - Établir des faits
Que t’apprennent les documents ci-dessous sur les conditions de travail des ouvriers pendant la première phase d’industrialisation? Résume d’abord les faits pour chacun des documents dans ton cahier de traces. Formule ensuite une réponse qui rassemble l’information recueillie.
Témoignage d’Adèle Lavoie, 19 ans, employée de la manufacture de coton Ste-Anne, en février 1888
« Q. Combien étiez-vous payé par pièce [de vêtement]?
R. Seulement $0.25 par pièce. [...]
Q. Y a-t-il des enfants qui travaillent dans l’atelier où vous travaillez?
R. Oui monsieur, il y a des enfants pour charroyer les fils et les boîtes.
[...]
Q. Est-il permis à ces enfants de jouer pendant la journée?
R. Non, monsieur. [...]
Q. À quelle heure alliez-vous à la fabrique?
R. La journée devait commencer à six heures et demie. [...]
Q. À quelle heure le travail finissait-il?
R. Quand on ne travaillait pas le soir,
on finissait à six heures et quart et quand on travaillait le soir, à sept heures et quart.
Q. Quand vous travailliez jusqu’à sept heures et quart,
aviez-vous un temps de repos pour prendre votre thé ou pour vous reposer?
R. Non, monsieur, et si on ne travaillait pas jusqu’à sept heures et quart, on
était clairé [renvoyé]. [...] »
Source : James Armstrong et Augustus Toplady Freed, Enquête sur les rapports qui existent entre le capital et le travail au Canada, Ottawa, A. Senécal,1889, p. 311-313, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000599736.
Extrait d’un rapport publié par le docteur Samson en 1893
« Je viens d’inspecter une manufacture où sont employés un nombre considérable d’hommes, de femmes et d’enfants. Dans la salle où travaillent les femmes, des ordures entassées sous les tables croupissent mêlées à une matière poisseuse formée par l’huile des rouages. De ces ordures s’échappe une odeur qui est loin d’être salubre. Le lavage paraît inconnu. Il n’y a pas de balayage régulier; seulement, aux heures de travail, chaque ouvrière est libre d’épousseter son coin.
L’hiver, tout ce qu’il y a de ventilation s’exerce aux heures de travail. Tout se ferme après la journée, par économie [de chaleur], et les ouvriers à leur retour retrouvent l’air vicié de la veille. »
Source : « Rapport du docteur Samson (1893) » cité dans Jean de Bonville, Jean-Baptiste Gagnepetit. Les travailleurs montréalais à la fin du XIXe siècle, Montréal, Éd. de l’Aurore, 1975, p. 71-72
Témoignage d’un ouvrier anonyme en 1888
« Un témoin qui ne veut pas que le public sache son nom dépose : Les apprentis [enfants] sont traités comme des esclaves [par les contremaîtres] [...]. Il y a un cachot où l’on enferme les enfants, c’est une chambre où il n’y a pas de fenêtre. En hiver il y fait froid. [...] J'ai vu battre des enfants [...]. Ils se sont mis trois contre un et l’ont déshabillé pour le battre mieux. »
Source : Auteur inconnu, « La Commission du travail », L’Étendard, 7 février 1888, p.1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082443.
Extrait d’un article de journal publié en 1887 qui porte sur l’hôpital Notre-Dame à Montréal
« Au troisième étage est la salle des malades traités par les chirurgiens. Seize patients y sont installés, au nombre desquels le jeune Lépine, qui a dû subir l’amputation des deux bras près de l’épaule, à la suite d’un accident d’où il fut victime à la fabrique de coton d’Hochelaga. Le pauvre jeune homme est en pleine convalescence. »
Source : Auteur inconnu, « Hôpital Notre-Dame », La Presse, 28 décembre 1887, p. 1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082812.
Cahier de traces