La Grande dépression et la Seconde Guerre mondiale

2. La Grande dépression des années 1930

2.4. Les caractéristiques des mesures adoptées par les gouvernements

Décrire les mesures adoptées par le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et les gouvernements municipaux afin de limiter les effets négatifs de la Grande dépression.

Dans les mois qui suivent le krach boursier, le gouvernement fédéral dirigé par William Lyon Mackenzie King reste convaincu que la sécurité sociale est la responsabilité des provinces. Ce dernier n’entend d’ailleurs pas intervenir pour aider les chômeurs, une décision qui contribue à sa défaite aux élections fédérales de 1930, remportées par le Parti conservateur de Richard Bedford Bennett.

Ayant fait de la lutte au chômage une de ses principales promesses électorales, Bennett alloue des fonds à divers programmes à partir de 1931. Au Québec, le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau tente de redresser l’économie à la fin de l’année 1930 en adoptant la Loi relative à l’aide aux chômeurs qui permet, en travaillant de concert avec les municipalités, la mise en place de travaux publics ainsi que de secours directs.

Les travaux publics et les camps de travail

La mesure privilégiée par les pouvoirs publics afin de venir en aide aux chômeurs est de leur fournir du travail. C’est donc pour cette raison qu’on lance, à partir de 1931, de grands travaux publics financés à parts égales par les trois paliers de gouvernement (fédéral, provincial et les municipalités).

À Montréal, on procède au pavage et à l’élargissement des rues, on construit des équipements importants tels des égouts et des aqueducs, ou encore le jardin botanique. À Québec, on construit le réservoir d’eau potable sous les plaines d’Abraham, le quai de la traverse Québec-Lévis, le Colisée et le Palais Montcalm. À la base militaire de Valcartier près de Québec, le gouvernement fédéral crée un camp de travail dans lequel 1700 hommes célibataires travaillent à des tâches de foresterie.

Description
Source : Auteur inconnu, Conduite d'eau principale sous l'avenue des Pins - calfeutrage des joints (1931), Archives de la Ville de Montréal, CA M001 VM117-Y-1-P2699. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Les secours directs
Description
Source : Corporation Rivière-du-Moulin,  2 dollars (1934),  Banque du Canada, 1963.0007.00006.000. Licence : image utilisée avec la permission de la Banque du Canada, tous droits réservés.

Face au chômage qui s’aggrave au début des années 1930, les gouvernements se voient dans l’obligation d’étendre leur aide en octroyant des secours directs, c'est-à-dire de verser de l’argent directement aux chefs de famille sans emploi. La distribution des secours directs se fait par les municipalités, mais les trois paliers de gouvernement s’en partagent les couts également. L’aide n’est cependant pas accessible à tous et son montant est calculé en fonction de plusieurs critères, comme le nombre de personnes à charge pour le chef de famille.

Limité initialement aux frais de nourriture et de chauffage, le secours direct se bonifie graduellement pour couvrir également une partie du loyer, des achats de vêtements, etc. 

Les rations mensuelles allouées pour une famille de cinq personnes par la Commission du chômage, vers 1935
Description
Source des données : Commission du chômage de Montréal,  Renseignements à l’usage des chômeurs nécessiteux et des propriétaire, vers 1935, p. 10-11, cité par Denyse Baillargeon,  Ménagères au temps de la Crise, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 1993, p. 304.
La colonisation

Afin de permettre aux chômeurs de subvenir à leurs besoins sans dépendre des secours directs, les gouvernements encouragent aussi les familles vivant dans la pauvreté à se tourner vers l’agriculture. En vertu du plan Gordon adopté par le gouvernement fédéral en 1932, les trois paliers de gouvernement financent à parts égales le transport et l’installation de chaque famille désireuse de s’installer sur une terre de colonisation.

Description
Source : Chemin de fer national du Canada, Une famille de colons devant la maison (vers 1930), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P428,S3,SS1,D18,P39. Licence : domaine public. 

La colonisation contribue à peupler et développer certaines régions, notamment l’Abitibi, le Témiscamingue, la Gaspésie et le Bas Saint-Laurent. Ceci dit, les conditions de vie qu’elle engendre sont souvent décevantes pour les colons. Ces derniers se trouvent notamment confrontés à des sols difficiles à cultiver. En conséquence, un grand nombre d’entre eux se détournent de l’agriculture, préférant travailler dans les mines ou la foresterie. D’autres encore retournent en ville chercher du travail.

Le New Deal canadien

En janvier 1935, Richard Bedford Bennett, le premier ministre du Canada, propose une série de réformes inspirées du programme américain de redressement économique qu’on a appelé le New Deal. Dans le but d’apporter un soutien plus durable à l’économie que ce que permettaient les mesures d’aide ponctuelles comme les secours directs, Bennett suggère entre autres de réglementer plus étroitement les conditions de travail et d’instaurer un régime d’assurance-chômage.

Il ne lui sera cependant pas possible de mettre ces idées en application puisque son parti est battu aux élections à l’automne 1935 par le Parti libéral de William Lyon Mackenzie King. De plus, la majorité des propositions de Bennett sont inapplicables parce qu’elles empiètent sur les champs de compétence des provinces. Durant ses derniers mois au pouvoir, il parvient malgré tout à créer la Banque du Canada qui permettra de réglementer la monnaie et le crédit.

À partir des années 1940, la théorie économique du keynésianisme exerce une influence croissante sur le gouvernement fédéral, ce qui mène à l’application de diverses réformes s’inspirant de celles formulées par Bennett.

Cahier de traces