La vie économique au début du 20e siècle

1. La deuxième phase d’industrialisation

1.3. La situation des travailleurs et des travailleuses au début du 20e siècle

Déterminer les changements et les continuités dans le mouvement syndical et la situation des travailleuses au début du 20e siècle.

La prospérité économique qui accompagne la deuxième phase d’industrialisation profite de manière inégale à la population. Tout comme aux débuts du capitalisme industriel, la bourgeoisie dispose de la quasi-totalité des bénéfices engendrés. Les ouvriers et les ouvrières, qui sont de plus en plus nombreux, doivent plutôt composer avec des conditions de vie et de travail difficiles. La plupart d’entre eux travaillent 60 heures par semaine pour de maigres salaires qui leur permettent rarement de se sortir de la pauvreté. Les ouvrières, quant à elles, continuent de faire face au quotidien à une foule d’inégalités qui découlent du rôle attendu des femmes dans la société industrielle.

Description
Source : Auteur inconnu, Intérieur de la Berliner Gramophone Company, Montréal, QC (1910), Musée McCord, MP-1982.69.1. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Description
Source : Black & Bennet, Femmes au travail, International Manufacturing Co., Montréal, QC (entre 1914 et 1918), Musée McCord, MP-0000.2082.6. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Vérifie tes connaissances - Retour sur les conditions de vie et de travail des ouvriers au 19e siècle

Le mouvement syndical
Le mouvement ouvrier au début du 20e siècle
Cahier de traces

Question 8 - Établir des liens de causalité

Comment la réaction de l’Église catholique face aux syndicats américains entraîne-t-elle la naissance d’une nouvelle organisation syndicale?

Dans ta réponse, tu dois préciser les éléments suivants et les lier entre eux :

  • la présence des syndicats américains au Québec;
  • la position de l’Église catholique face aux syndicats américains;
  • la naissance d’une nouvelle organisation syndicale.

Il y a deux documents qui ne sont pas liés à la réponse et qui doivent être écartés.

Les documents

Extrait d’une brochure publiée en 1913

« Un syndicat international est 1º celui dont le siège est aux États-Unis; [...]

À la fin de 1912, [...], notre province comptait 246 syndicats [...]. 194 de ces syndicats étaient internationaux, 36, nationaux et 16, indépendants. »

Source : Arthur Saint-Pierre, L’organisation ouvrière dans la province de Québec, Montréal, École sociale populaire, 1913, p. 4 et 12, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000116603.

Extrait d’une brochure qui fait un compte rendu de la réunion de deux cents délégués représentant 80 syndicats (ou unions) catholiques rassemblés en congrès à Hull afin de former une confédération à l’automne 1921

« Si la Confédération des Travailleurs catholiques du Canada se propose de travailler le plus possible à l’organisation professionnelle des travailleurs catholiques du Canada, ce n’est pas seulement parce que ceux-ci y ont droit et qu’elle leur est utile et avantageuse, c’est aussi que l’association ouvrière est une nécessité des temps présents. »

Source : Confédération des Travailleurs catholiques du Canada, La Confédération des Travailleurs catholiques du Canada, Montréal, École sociale populaire, sans date, p. 4-5, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0004920400.

Description
Source : Studio de luxe, « La Convention des unions nationales catholiques, à Hull », La Patrie, 28 septembre 1921, p. 1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Licence : domaine public.

Extrait d’un article de journal publié en 1908

« Lundi midi, trente-cinq hommes sur quarante, aux scieries de M. Arthur Demers, se sont mis en grève, se plaignant de la façon dont leur salaire est payé. [...] On s’inquiétait un peu d’apercevoir dans les rues de notre paisible village ce groupe important d’hommes désœuvrés, spectacle inusité chez nous. Heureusement, leur tenue fut excellente [...] quand ils firent, en procession, une parade toute pacifique [...]. »

Source : Auteur inconnu, « Notre région - Nominingue », Le Pionnier, 13 août 1908, p. 4, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005798965.

Extrait d’une brochure écrite par Louis-Nazaire Bégin, archevêque de Québec, et publiée en 1920

« Grâce à Dieu, nous avons, dans notre province de Québec, un système scolaire qui, sans être parfait, donne à l'Église et aux parents une place très appréciable, et constitue parmi nous l'un des remparts de l'ordre. Sachons défendre ce rempart contre tous les assauts, directs ou indirects, ouverts ou déguisés. »

Source : Louis-Nazaire Bégin, Les conditions religieuses de la société canadienne, Montréal, Oeuvre des tracts, 1920, p. 6-7, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000061164.

Extrait d’une brochure qui décrit une rencontre ayant eu lieu en 1909 à Québec et au cours de laquelle les évêques canadiens dénoncent les syndicats internationaux qui rassemblent des membres de diverses confessions religieuses. Ils parlent des syndicats en les nommant « sociétés ».

« [Certaines sociétés] doivent être tenues pour suspectes par des catholiques. Ce sont toutes les sociétés, d’ordre économique ou moral, qui font profession de neutralité religieuse, ouvrent leur rang aux hommes de toute croyance, mettent toutes les religions sur un pied de complète égalité [...].

Bien plus, et c’est un point très important pour la sauvegarde de la foi, les catholiques doivent de préférence s’associer à des catholiques, à moins que la nécessité ne les oblige à faire autrement. »

Source : Joseph-Papin Archambault, L’Église et les associations ouvrières [...], Montréal, École sociale populaire, 1913, p. 18, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000083050.

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La législation ouvrière

Au début du 20e siècle, les ouvriers et les ouvrières endurent toujours des conditions de travail très difficiles qu'ils remettent en question par l’entremise des syndicats. Pour améliorer ces conditions, les organisations ouvrières et féminines exercent des pressions sur les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral. Ces gouvernements mettent en place des lois qui visent notamment à limiter le travail des femmes et des enfants, éviter les accidents, améliorer les conditions d'hygiène, augmenter les salaires et régler les conflits de travail.

Description
Source : Auteur inconnu, Département de tournage du bois, aile Workman, Université McGill, Montréal, QC (vers 1901), Musée McCord, MP-0000.25.287. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

En 1900, le gouvernement canadien institue un ministère du Travail et adopte la Loi sur l’arbitrage lors des conflits de travail. Le Québec adopte des lois prévoyant une indemnisation en cas d’accident de travail en 1909 et en 1928. Souhaitant limiter le travail des enfants et encourager la persévérance scolaire, le Québec fixe l’âge minimum pour travailler à 14 ans en 1914. Afin d’assurer le respect de la législation relative aux conditions de travail, la province embauche aussi des inspecteurs et des inspectrices.

Les femmes sur le marché du travail

Les conditions de vie et de travail difficiles avec lesquelles les femmes doivent composer suscitent la mise sur pied d’organisations féminines telles que la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB). Fondée en 1907 par Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Caroline Dessaulles-Béique, cette organisation œuvre dans une variété de domaines qui touchent la condition féminine, comme l’hygiène, la santé, l’instruction et le travail. Son action est donc beaucoup plus large que celle d’un syndicat.

Description
Source : Auteur inconnu, « Premier conseil d’administration de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, Montréal, 1907 », Le Passe-Temps, vol. 13, no 319, 15 juin 1907, p. 1, en ligne sur Wikimedia Commons. Licence : domaine public.

La FNSJB compte notamment des associations professionnelles qui regroupent les travailleuses selon leur secteur d’emploi : bureaux, manufactures, magasins, écoles ou maisons privées. Ces associations ont pour objectif de défendre les intérêts des femmes, mais aussi de les éduquer en leur offrant entre autres des cours du soir. En 1914, la FNSJB fonde un Comité d’assistance pour le travail qui vise à aider les chômeuses à se trouver un emploi et à fournir une aide d’urgence aux travailleuses. Les militantes exigent aussi que le gouvernement établisse un salaire minimum et que le Code civil soit réformé de sorte à ce que les femmes mariées puissent gérer leur salaire.

Bien que la FNSJB milite pour améliorer les conditions des travailleuses, elle ne valorise cependant pas le travail des femmes mariées à l’extérieur de la maison, sauf en cas de grande nécessité. En fait, les militantes féministes de l’époque adhèrent à ce qu’on appelle le féminisme maternaliste, c’est-à-dire un féminisme faisant la promotion du rôle traditionnel des femmes en tant que mères.

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